En regardant ce film, on peut se prendre à penser que "Coach Carter" est encore un film de plus sur la façon d’enseigner toute une classe de jeunes issus de milieux défavorisés. Sauf qu’en premier lieu, c’est le basket qui a été mis sur le devant de la scène, avec ces élèves bien plus assidus au sport scolaire qu’à tous les autres cours réunis. Pas grand-chose de neuf alors à première vue. Sauf que ce film s’est largement inspiré d’une histoire vraie, celle de Ken Carter, un entraîneur qui entra dans la légende du basket-ball US non pas pour ses résultats, mais… pour quelque chose de singulier. Et c’est justement ce fait particulier qui a attiré l’attention d’abord de la presse puis ensuite des producteurs. Et apparemment, il n’y avait qu’un Carter qui pouvait traiter le cas Carter : le réalisateur Thomas Carter. Mais le pari de s’attaquer à l’un des sports phares du pays est un sacré numéro de funambule, car le public américain connait toutes les ficelles de ce sport. Autant dire que le cinéaste n’avait pas le droit à l’erreur. Aussi le casting s’est fait de façon plutôt exigeante quant à la pratique de ce sport, quelques heureux élus ayant décroché la timbale parmi les 85 jeunes qui se sont présentés au casting, dont Channing Tatum. Certes le niveau n’est pas celui de la N.B.A., car après tout nous ne sommes qu’au lycée, mais l’attachement du réalisateur à faire quelque chose de crédible est remarquable. En effet, il s’est employé à offrir plusieurs angles de vue (avec autant de caméras) pour filmer à la fois les phases de jeu et la réaction des spectateurs. Presque comme si nous assistions à un vrai match de basket à la télévision, à la différence près que nous le vivons de l’intérieur la plupart du temps. Alors bien sûr, quand on ne connaît pas l’histoire du véritable Ken Carter, on se dit que nous avons là un film à l’héroïsme bien marqué sur un homme comme c’est souvent le cas dans les productions américaines. Il est vrai que ça sent le film américain à plein nez, et il est vrai que le personnage le plus emblématique dans ce film est le coach en question. Mais ce n’est pas un entraîneur comme les autres, et pour incarner cet inébranlable entêtement sans cesse argumenté au prix de longs monologues aux tendances philosophiques et aux propos souvent cinglants, je crois qu’effectivement on ne pouvait pas trouver mieux que Samuel L. Jackson. Très à l’aise dans ce genre de rôle, on lui enlevé cette fois toute excentricité, si ce n’est celle qui caractérise sa façon de coacher ces jeunes
, que ce soit sur le terrain et en dehors du terrain
. Son personnage a beau être un tortionnaire de la pire espèce, Jackson réussit à le rendre tout de même sympathique
(et pas seulement auprès de nous les spectateurs, mais aussi auprès des joueurs dont il est question),
avec ses petites phases d’autosatisfaction, et on le sent même vibrer lors des matchs, jusqu’à nous offrir un beau final digne d’un grand coach. Il n’est pas courant de voir Samuel L. Jackson dans le rôle principal d'un film, mais le fait est qu’il s’en sort à chaque fois de façon très convaincante, ici dans un milieu que son personnage a connu, nullement dérangé par les changements que le lycée de Richmond a connu depuis qu'il en a fréquenté les bancs. Par ailleurs, qu’on aime ou pas la B.O. à caractère principalement hip-hop ou rap, il faut reconnaître qu’elle accompagne admirablement ce film où le message est clair
: ce n’est pas parce qu’on est issu d’un milieu défavorisé qu’on est condamné à y rester, à condition de le vouloir, quitte à nous montrer le chemin. La belle réussite réside aussi en le fait d’avoir fait le parallèle entre le basket et les études : c’est le même combat
.