Une petite balade bucolique qui ne va rien avoir de paisible... parce que c'est Louis Malle qui est derrière la caméra et qu'avec on sent qu'il va y avoir quelques petits coups de canif par-ci par-là, et les coups de canif c'est qu'il y a un Mai 68 lointain... enfin peut-être pas si lointain que cela, et surtout il y a un décès et qui donc dit décès dit héritage dit façade de respectabilité qui va souvent en prendre un petit coup... de canif... (pas mal la farandole autour du corps de la défunte en chantant "La Fille du bédouin" !!!)... Lors des deux premiers tiers, Louis Malle trouve un bon équilibre, visant à ne jamais rendre outranciers les personnages, sauf si on excepte le portrait du jeune un peu lourd qui se voit déjà dans un monde communiste à cause des barricades parisiennes et des grèves, leur donnant un naturel et une crédibilité qui les rendent proches de nous. Bien servi en plus par une très bonne interprétation, mention spéciale à Bruno Carette qui montrait ici qu'il n'était pas qu'un "Nul" mais un véritable acteur de composition qui aurait certainement fait une très belle carrière si, malheureusement, la mort ne s'en était pas mêlée. Dommage que le dernier tiers avec la "fuite" vire dans le ridicule le plus total et laisse sur une impression plus mitigée en ruinant un peu un ensemble, qui jusque-là était vraiment pas mal. Vraiment dommage...
Comme Chabrol, Louis Malle a souvent dénoncé les travers de la bourgeoise petite ou grande, mais sans doute jamais de manière aussi acerbe et caustique que dans "Milou en mai" qu'il réalise au crépuscule de sa carrière. Avec l'aide de Jean-Claude Carrière, il concocte un scénario assez retors, propre à mettre à nu la petitesse d'une famille bourgeoise et provinciale réunie lors du deuil de la grand-mère (Paulette Dubosc) dans la belle bâtisse (le Château du Caloué dans le Gers) d'un domaine viticole en déshérence. Le contexte de mai 68 n'a pas été choisi au hasard, époque où les barricades étudiantes et la grève générale du monde ouvrier avaient fait croire à une bourgeoisie ratatinée sur elle-même que les chars soviétiques étaient aux portes de Paris. Milou, Michel Piccoli génial, est le grand frère qui n'a sans doute jamais travaillé et qui éternel adolescent est resté auprès de sa mère pour s'occuper d'un domaine qu'il a laissé dépérir, pensant davantage à lutiner la bonne, persistance tenace des amours ancillaires, ou sa nouvelle belle-sœur anglaise (Harriet Walter) qui débarque pour l'enterrement avec Georges (Michel Duchaussoy), son frère velléitaire et pleutre. Le Corot a été vendu et c'est une famille ayant gentiment vécu sur la bête qui se rassemble sous nos yeux amusés mais aussi un peu effrayés. Il ne reste peut-être plus grand chose du lustre d'antan et de la fortune durement gagnée, mais suffisamment pour que le partage des meubles et de l'argenterie s'organise sans plus de délai à côté du cadavre de la mamy que personne ne regarde. Une sarabande assez minable se met alors en branle, orchestrée par Camille (Miou-Miou) la fille très pragmatique de Milou et Claire (Dominique Blanc) la petite fille orpheline et lesbienne torturée. Carrière et Malle ont la dent très dure même si très habilement ils donnent un ton très guilleret (musique enjouée de Stéphane Grappelli) à cette comédie humaine plutôt désespérante. C'est toute la force du film que d'alterner au gré des évènements cocasses nés des circonstances qui se précipitent, les faces sympathiques et plus contestables de chacun des personnages. Le joli mois de mai est là avec son cortège de tabous qui sautent, donnant aux plus osés des envies de libertinage communicatives, mais il suffit qu'un livreur (Bruno Carette) débarque avec le fils de Georges étudiant gauchiste ou encore qu'un couple de petits patrons locaux dantesque (Valérie Lemercier et Etienne Draber) annonce le départ de de Gaulle à Baden Baden pour qu'aussitôt Malle saute sur l'occasion de nous ramener au plus beau temps de la collaboration où l'on écoutait fiévreusement et sourdine Radio-Londres en guise de seul acte de résistance. spoiler: S'en suit une fuite en troupeau de vaches affolées complètement ridicule dans les bois avoisinants qui s'achèvera au petit matin quand la bonne (Marie Gautier) restée vaillamment au château viendra rassurer tout ce petit monde qui s'est joué la guerre pour un soir. Louis Malle au sommet de sa forme démontre un goût pour la farce qu'on ne lui connaissait pas et qu'il n'aura malheureusement pas le temps de creuser. Mais que personne ne s'y trompe, le message est sans équivoque sur l'égoïsme d'une petite caste qui ne semble pas savoir faire grand chose d'autre que se regarder le nombril. Le vieux jardinier courbé par les rhumatismes qui travaille sous le soleil pendant que la joyeuse bande joue à Colin-maillard, nous rappelle que la lutte des classes n'en finira jamais. Malle et Carrière affirment ici haut et fort que la comédie à la française à son meilleur peut être aussi féroce que celle des Risi, Monicelli ou Pietri.
Cela ressemble à du Sautet à la fois simple et réaliste mais si captivant. Les membres de cette famille sont à la fois droles et émouvants avec leurs failles, leurs excès et leurs mesquineries. Avec en fond mai 68 très bien utilisé.
film farfelu sur la réunion d'une famille autour du decès de la doyenne sur fond de mai 68. Très maitrisé, chaque personnage est bien déssiné (piccoli est truculent) et un vent de liberté et de fraicheur souffle sur le film.
Ce film me fait du bien comme un livre de chevet ou un "doudou" que l'on garde près de soi. Une oeuvre libertaire et hédoniste, Piccoli est jouissif, Lemercier en bourgeoise délurée et plein d'autres acteurs,formidables, mention spéciale au regretté Bruno Carette qui avait la fibre d'un très grand acteur.
Les vicissitudes d'une famille isolée dans une maison de campagne durant mai 68. On a le plaisir de retrouver Bruno Carette ou Michel Piccoli et les dialogues sont bons. Un héritage vient chambouler le semblant de paix et démontrer que malgré les belles idéologies dont chacun se targue, l'individualisme, le matérialisme et l'argent reprennent toujours le dessus.
c'est très cliché les prémices de la bobo-itude les bourges qui refont le monde mai 68 la France d'en bas qui crevaient la dalle pendant que les bobo manifestaient le ventre plein
Une comédie dramatique pleine de charme et de nostalgie, qui évoque de manière décalée mai 68, servie par une très grande distribution dirigée de main de maître par Louis Malle.
Mai 68 en France : le bien être remplace l'esprit révolutionnaire
Ce petit chef d'oeuvre est un des mes films préférés de Louis Malle. Milou : un bol d'air frais, un humour à fleur de peau, une sensualité de tous les instants. La galerie de personnages offerte est réjouissante ; les acteurs rivalisent de justesse et de sensibilité. Piccoli campe un personnage qui reste depuis longtemps dans mon esprit : bohème, libre, insouciant, heureux de tous les petits instants de la vie, jouisseur. Un brin immoral parfois, mais tellement touchant, ce Milou est un grand enfant dans un corps d'adulte ; à la différence du mythe de Peter pan, il ne refuse pas de grandir, il choisit, tout en faisant ses choix d'adulte, de garder cette fraicheur qui rend la vie plus belle! A voir et revoir ; Bruno Carette nous fait encore plus regretter sa disparition subite quand on le voit aussi bon dans ce film.
Un film qui se passe presque intégralement en huis-clos dans une grande demeure bourgeoise en Province, pendant les évènements de mai 1968, et qui nous montre les bassesses, la lâcheté, l'avarice, etc... d'une famille bourgeoise en attendant la fin des évènements. Les acteurs jouent bien mais on s'ennuie souvent.
Pas révolutionnaire dans la forme : Malle (et Carrière) utilise les recettes éprouvées de la comédie (le marivaudage entre autres), mais il le fait avec une finesse et une légèreté remarquables. C’est drôle et c’est émouvant. Le film n’a rien de vulgaire, ça va sans dire, et il n’est surtout pas gratuit, insignifiant : il s’en tient à son propos qui est de restituer l’esprit d’un moment historique. Il faut l’avoir vécu avec suffisamment de maturité pour pouvoir juger s’il l’a fait avec justesse.
pour l'Histoire, car Mai 68, bien que vécu de loin, est au coeur du film; pour l'histoire, émouvante mais aussi drôle et corrosive de cette famille bourgeoise réunie par la mort de la doyenne, et ses petites mesquineries testamentaires; pour les acteurs, tous épatants, et en particulier feu Bruno Carette... Petit regret: la dernière demi-heure est de trop.
UN grand film , léger, drôle, intense par le jeu des acteurs, une propriété pleine de charme, une campagne magnifique, la scène où Miou-Miou chante accompagnée par Dominique Blanc au piano, est exceptionnelle, ce film communique la joie de vivre, et les utopies de mai 68 qui nous parviennent à travers un vieux poste de radio de campagne,
Une merveille du genre dans laquelle les acteurs rendent à Louis Malle tout son amour du cinéma. L'interprétation de ce "Milou en mai" est magique. Michel Picolli fait ce qu'il sait le mieux faire : du Michel Piccoli. idem pour Miou-Miou et tous les autres. Plongez le tout dans un grand saladier, laisser le maître agiter le mélange, laisser reposer puis laisser couler l'histoire dans un écrin de scénario et vous obtenez un "Milou en mai" qui peut encore donner la leçon à bon nombre de jeunes oeuvres de réalisateurs français "revival". Louis Malle tisse sa toile patiemment comme une araignée sachant d'où va venir sa proie. Et comme elle, à coup sûr, nous tombons dans son piège... Avec délice !