À l'heure où l'informatique s'agrandit de plus en plus, phagocytant nos vies et devenant aussi complexe qu'étendu à travers le monde, désormais indispensable mais également source de nombreux problèmes, WarGames fait figure de référence culturelle. Film émancipateur de la génération à laquelle nous sommes, nous, aujourd'hui liés, le long-métrage n'a que de très peu vieilli et reste encore bigrement surprenant, voire plus encore à l'heure actuelle. Il faut dire que cette histoire de débordement de l'intelligence informatique et des dangers que représente l'internet s'avère aussi trépidante dans la forme que glaçante dans le fond. Catégorisé comme un pur thriller de science-fiction à sa sortie, WarGames ne s'est pourtant jamais autant rapproché de la réalité qu'au cours de ces dix dernières années. À l'origine mis en scène par le méconnu Martin Brest (qui devra se désister au bout de quelques jours de tournage et s'en ira tourner Le flic de Beverly Hills), le réalisateur est immédiatement remplacé par l'excellent John Badham, celui-là même qui sait alterner entre drame (La fièvre du samedi soir) fantastique (Dracula, avec Frank Langella dans le rôle-titre) et film d'action (Tonnerre de feu). Nous sommes donc dans les années 80, en pleine crise de la Guerre Froide, et les ordinateurs commencent à parfaitement s'intégrer chez les foyers lambda, dont celui de David, adolescent précoce aussi débrouillard que passionné en informatique. Véritable MacGyver en herbe, il sait sans problème se connecter à n'importe quel réseau et pirater gentiment les bases de données, s'en donnant donc à cœur joie pour modifier ses notes d'école, infiltrer une société de jeux vidéo ou encore, malencontreusement, discuter avec la machine ultra-perfectionnée de l'Armée américaine. Pensant jouer à un simple jeu de guerre avec l'intelligent ordinateur, David ne se rend compte que trop tard qu'il vient de déclencher la Troisième Guerre Mondiale... Ce pitch, ingénieux et novateur pour l'époque, n'a rien perdu de son impact. Tout en mélangeant le suspense du thriller à la légèreté du teen-movie des 80s, WarGames nous entraîne dans sa seconde partie dans une folle aventure pleine de tension digne d'un des meilleurs thrillers du genre, Badham ne négligeant pas les moyens pour nous maintenir en haleine. Mené par le malicieux Matthew Broderick (alors âgé de 21 ans), qui apporte de bonnes touches d'humour bienvenues, WarGames mérite amplement son statut de film culte.