S.W.A.T. - Unité d'élite a tout de ces films de propagande détestables qui nous plaisent finalement, pour lesquels on se surprend à éprouver quelque plaisir coupable bien que peu explicable. Tentons donc de mettre des mots sur une drôle d'impression, celle d'avoir aimer un film objectivement médiocre et particulièrement beauf.
Au premier abord, le casting surprend : Colin Farrell, Samuel Jackson, Michelle Rodriguez, Jeremy Renner, Josh Charles, LL Cool J, que des têtes connues qui n'ont pas forcément la même réputation ou n'ont pas joué dans des films de même qualité, mais resplendissent tout de même à la simple évocation de leur nom. De stars internationales à seconds couteaux qu'on voit dans à peu près tous les films d'action possibles, voilà des têtes d'affiche qui font envie.
Et s'il est une certitude, c'est que le casting semble s'amuser à jouer au chat et à la souris, au flic et au voleur; ils rigolent presque sincèrement quand vient le moment de débiter les bêtises qui leur servent de dialogues, et nagent comme des dauphins dans la peau de leurs caricatures de personnages. Farrell le premier, Rodriguez et Jackson qui suivent de près, tous semblent y prendre leur pied.
Une sincérité dans le jeu que l'on ressent à l'écran, et qui ne peut que nous engager à nous intéresser à cette équipe de super-flics super-armés, sorte de représentation cinématographique de la virilité stupide et profondément sudiste d'une Amérique en mal de confiance en soi. On se bourre la gueule avec maints et maints clichés de propagandisme poussif, avançant toutes sortes d'idioties sur le S.W.A.T. qui ne gâchent même pas le visionnage, tant on s'y attendait fermement.
En même temps, quand on regarde ce genre de films, on sait généralement à quoi s'attendre; cela restera heureusement bien plus regardable qu'un Nous étions soldats et ses critiques répétitives sur l'armée française et le reste du monde, bien qu'en deçà de ce que pouvait nous pondre La Chute du Faucon Noir sur les forces spéciales d'intervention américaine. N'est pas Scott qui veut, en somme.
Bien entendu, il ne faudra pas se concentrer sur l'écriture; c'est stupide, prévisible, pas même un brin profond ou approfondi, mais chaque scène étant une justification de la baston à venir, on prend rapidement goût à cet ensemble de stéréotypes tous plus bourrins et communs les uns que les autres, jusqu'au combat final, explosif et plein de testostérones, imagerie parfaite de la beauferie bien texane.
Misogyne et débile, S.W.A.T. - Unité d'élite nous vend quelques passages de mise en scène sympas agrémentant des combats d'un dynamisme rafraichissant; on se croirait revenu du temps des années 80-90, en ces temps immémoriaux où les balles claquaient secs sur les carlingues fumantes, où les bruitages de tirs ne faisaient pas de pauvres piou-piou timides et discrets, où l'on assumait ses excès de testostérone en éclatant simplement la gueule de la moitié de la Chine parce que notre fille s'était faîte enlever. Le bon vieux temps.
S.W.A.T. possède un peu de tout cela dans sa manière d'assumer le bas niveau de ce qu'il nous pond, et c'en devient très rapidement captivant. Outre la caricature forcée d'une équipe volontairement hétéroclite (bien qu'attachante dans sa stupidité), on notera tout de même quelques traits de caractère intéressants chez les personnages, notamment l'erreur de prendre Rodriguez pour un homme aux vues de ses états de service (dénonciation ou beauferie, à vous de décider).
Notons cependant le détail étrange d'avoir voulu lancer une romance entre Colin Farrell et Michelle Rodriguez, romance qui n'aboutit nulle part puisqu'elle n'est plus jamais travaillée par la suite; il y aura bien un petit regard en fin de film, avant l'inévitable "ils partirent à l'aventure et butèrent un maximum de gens", mais rien de plus, comme si les scénaristes avaient oublié de noter dans leur petit carnet qu'ils avaient lancé les prémisses d'une love-story.
Bourrin au point d'en devenir jouissif, prévisible comme jamais, charmant à la manière des actioners des années 80-90 tout en ayant une esthétique 2000's à gerber. C'est fort.