"L'inspecteur ne renonce jamais" est une semi-déception dans le sens où le ton n'est guère plus le même, depuis "Magnum Force". Et c'est dommage, parce que la saga commence à perdre de sa personnalité, de ce qui en fait une franchise marquante, et par là même de son intérêt pour le public qui la suit avidement. Quatre films, et dès le second, ça commence sérieusement à partir n'importe comment. Y'a vraiment un truc qui cloche, avec le cinoche américain; sûrement est-ce dû au manque de talent, d'imagination, ou à l'intégrité artistique rongée par un désir d'enrichissement personnel toujours plus pressant, toujours plus important, au point d'en devenir angoissant. En bref, les producteurs balancent des suites à la pelle, suites qui se réceptionnent, bien souvent, n'importe comment. "L'inspecteur ne renonce jamais" se trouve dans cette catégorie si particulière de suites qui sortent mais perdent l'essence même de ce qui faisait toute la qualité du film de base; bon, ça reste quand même très divertissant dans la forme, mais faut quand même dire que le fond ne me permet pas de lui mettre plus. Le constat final demeure dans une phrase toute simple, et dénonciatrice comme il faut : n'est pas Don Siegel qui veut. Par le passé, "Body Snatchers" l'eut déja bien confirmé. Au niveau de la réalisation, le mec est imbattable, une grosse référence en la matière, la crème de la crème pour poser une ambiance viscérale et sombre, histoire de faire un polar, un vrai, de le réaliser dans les formes de l'art. Bien entendu, ce n'est pas James Fargo qui risque de le remplacer; divin metteur en scène de daubes aussi prometteuses que le reboot des "Ghostbusters", parfait Yes Man pour de pauvres studios en mal de pognon, Fargo, c'est une référence en la matière, le type qu'il fallait pour réaliser un film de merde. Heureusement que le type avait encore des arguments, avant de sombrer dans sa période "Chuck Norris". En somme, Fargo c'est l'anti-thèse de l'art de Siegel, son parfait contraire; loin de réaliser des chef-d'oeuvres, le mec a vite retourné sa veste pour tomber dans les méandres des séries b aux forts relents de séries z. Mais attention, son travail ici reste honorable; efficace, la mise en scène nous livre de beaux moments de bravoure, et des scènes d'action fichtrement efficaces. Un coup de chance, en gros. Bon, quelques maladresses persistent, notamment au niveau de l'écriture, mais le niveau reste quand même bon; le scénar est imparfait, mais de bien belles scènes viennent combler les trous laissés par les failles d'une écriture que l'on pouvait aisément parfaire ( notamment celle de la poupée gonflable, belle surprise ). En soi, le film manque de personnalité; ce qu'il a abandonné du premier, il ne le retrouve décidément jamais. A noter également un certain sexisme et un manque de finesse évident, notamment dans les rapports qu'Harry entretient avec le gonzesse du truc, dont l'interprétation ne donne décidément guère de fierté à la gente féminine. Pas mauvaise non plus, elle manque juste d'un certain panel d'émotions. Bien sûr, Eastwood reste irréprochable. C'est Eastwood, en même temps. Voilà, c'est fini. Bilan? Mouais, bof. C'était divertissant, mais pas forcément marquant non plus; manquant de personnalité, le film gagne, heureusement, de par ses scènes d'action rythmées et passionnantes. Mais ce n'est pas que cela, "Dirty Harry". Ca manque de finesse et d'habileté. Elle est décidément bien loin l'époque de Siegel.