Cela peut paraître élevé à certains, surtout que j’ai hésité à mettre 4.5, mais disons le : ce film ne souffre que de peu de défauts. Hormis le fait que cela puisse ne pas passionner, qu’il y a quelques longueurs (et encore, disons plutôt des moments moins prenants mais indispensables à l’histoire), que le jeu des acteurs n’est pas toujours au top et des dialogues en VF qui auraient pu être plus travaillés. A noter : je n’ai pas vu les 2 versions précédentes, là aussi avec de gros casting.
A part cela rien à reprocher, ça fait beaucoup ? Pas tant que cela car ça serait contrebalancer tout ce qui fait un long métrage épique : des décors magnifiques, des costumes conformes à l’époque, une photographie léchée, une épopée en mer bien retranscrite, une très bonne histoire fidèle à la réalité, une trame pas forcément des plus usitée, une mise en scène claire qui ne nous noie pas sous les flashs back (très intéressant d’ailleurs l’idée de montrer le tribunal), rendant l’ensemble clair et agréable à suivre. Comme le rythme enchaine bien les temps forts et faibles on ne se lasse pas, les longueurs existent certes, mais sont plutôt là pour aiguiller sur la difficulté des traversées en mer de l’époque, ou sur l’état d’esprit des personnages, d’où leur utilité.
J’ai particulièrement apprécié l’attention portée à la psychologie des persos, cela permet plus d’empathie avec eux, ce qui fait qu’on est révolté par le comportement des deux camps, et que la fin convient bien, alors qu’1h auparavant ça nous aurait déçu. En cela les acteurs sont bons car ils nous embarquent avec eux (en mer). Cependant, si Hopkins est un parfait commandant de bord anglais (charisme, prestance folle), si le casting est énorme (Mel Gibson, Liam Neeson, Daniel Day Lewis), ce n’est pas pour autant que leur jeunesse ne plombe pas un peu la prestation. En effet, Mel est assez plat, on ne sent pas vraiment la révolte comme il l’aura dans Braveheart, ni l’amour qui lui fait braver tout le système qu’il connait, mais Neeson n’est pas exempt de tout reproches, notamment quand on le
libère après ses coups de fouet, il est atterré mais c’est tout
, trop fade, Daniel Day Lewis n’apparait que trop peu pour vraiment qualifier son jeu. Niveau mollesse les dialogues sont biens dans le ton, à la limite de l’irréalisme parfois (trop plat encore, surtout quand Gibson annonce
qu’il prend le bateau, ou qu’il coule pour faire diversion
).
Évidemment je ne peux finir sans parler d’un ressenti que j’ai eu, façon Tarantino dirons-nous, et de la musique. Vangelis dans les épopées marines c’est le top, après 1492 ils réussissent encore à faire une bande son admirable avec leurs synthés. Belle musique, atypique par moments mais qui colle toujours aux scènes, parfait vraiment. Quant à ma relecture « tarantinesque » ce serait :
qu’on a l’impression à un moment qu’Hopkins se met à aimer Gibson, c’était fréquent sur les bateaux où l’on faisait de longues traversées, et ce serait pour cela qu’il ne veut pas coucher avec une indigène (plus le fait qu’il ne les apprécie que peu), qu’il l’embarque, qu’il le promeut à la moindre occasion, qu’il à du mal à supporter la relation de son second avec la fille du chef (on le voit fiévreux dans sa couche), et que sa trahison les touche tout deux si profondément au point qu’ils ne pensent plus qu’à ça
. Après c’est peut être mon délire perso, mais si quelqu’un voit cela également on peut en discuter.