"On ne mélange pas les torchons et les serviettes", voilà une morale possible pour ce drame social. Un chasseur de tête débutant tente de concilier son métier et sa vie privée alors qu'il sait bien que l'un aura une influence désastreuse sur l'autre. Les illusions du héros (Jérémie Rénier) se fracasseront contre une réalité dure et sans pitié. "Violence des échanges en milieu tempéré" est un bon film social français ce qui n'est pas si fréquent.
Glacant tout en restant humain. Le film montre l'entreprise comme un lieu froid, carré mais lumineux, comme si les employés étaient attiré par la lumière. Les scènes semblent guidés par une lente logique inéluctable, celles qui se situent en dehors de l'entreprise sont souvent rafraichissantes. Les personnages sont jeunes, inquièts et plein d'espoir à la fois. On s'identifie instantanément à Philippe (Jérémie Rénier impressionant), d'abord présenté sous des jours sympathiques et on est troublé lors de son lent glissement. Il se coupe peu à peu de ses émotions pour atteindre ses objectifs. Son visage se coupe. Impressionnant. Les seconds roles sont soignés. Et le film ne juge pas et ne propose aucune solution à cette histoire de logique capitaliste si ce n'est un faux happy-end.
Un excellent film sur un sujet malheureusement de notre temps : les restructurations économiques bien souvent synonymes de chômage.Le ton est juste avec des dialogues qui collent parfaitement aux situations que vivent les personnages interprétés avec talent par des comédiens epatants des roles principaux ( Regnier très crédible en jeune consultant et un génial Lucas au regard toujours aussi mysterieux ) aux seconds rôles biens taillés qui donnent tout son équilibre a une histoire qui rappelle inévitablement l'excellent Ressources humaines de laurent Cantet .Les conflits de génération et les "décalages" entre Paris et la Province viennent petit a petit nourrir un scénario ou l'on accompagne notre héros dans son cheminement intellectuel qui l’amène lentement au dilemme de licencier ou être licencié.La fin ne donne pas de réponse mais laisse a chacun son idée sur l'avenir de ce jeune cadre.
J’apprécie de plus en plus les films d’entreprise, comiques, comme Office Space, ou plus tristes, comme The Company Men. En France, on en fait beaucoup aussi et la diffusion de ce film au Forum des Images m’a évidemment motivé pour aller le voir.
Parfaitement maîtrisé par un Jean-Marc Moutout venu du court, le film oscille entre comédie satirique et drame social poignant par moment, désespérant par d’autres, mais jamais vraiment pessimiste, grâce à un scénario vraiment intéressant, ni anti-corporation, ni pro-mondialisation. On nous montre juste la prise de conscience d’un bon Jérémie Renier qui a la malchance de partager beaucoup de scènes avec l’ahurissant Laurent Lucas mi-salaud suave et doucereux, mi-père de famille bienveillant. En effet, Lucas est fantastique dans ce rôle passionnant. On ne peut pas en dire autant de Cylia Malki qui joue la voix de la « raison », celle qui lui demande d’arrêter de virer des gens… Assez pénible au début, elle disparaît peu à peu du film, et c’est tant mieux.
La fin n’est que la suite logique des évènements, terrible et en même temps emplie d’espoir. Excellent film méconnu que ce Violences des Echanges en Milieu Tempéré.
Philippe Seigner, jeune employé dans un cabinet de consultant en entreprise à la Défense, va être choisi pour une mission de restructuration en province qui lui coutera cher dans sa nouvelle vie amoureuse et sociale. Jean-Marc Moutout réalise un film social à la Ken Laoch, où chaque plan est une brique jetée dans le mur d’indifférence du capitalisme. Malgré cette bonne volonté le film ne changera pas grand chose, et oui c’est prêcher un convaincu que ce film d’auteur qui ne sera vu e par des intellectuelles de gauche. Inutile ? Non, mais c’est dommage que des films de cette qualité est si peu de visibilité. L’interprétation de Jérémie Rénier est parfaite, il arrive à nuancer un scénario un poil manichéen par une finesse de jeu qui renouvelle les visages du cinéma français. Les autres acteurs ne sont pas en berne non plus, Laurent Lucas est lui aussi très juste. Le film dépasse le simple pamphlet anticapitalisme en s’ancrant au plus près des hommes, de la réalité. De plus l’univers du langage vient prendre une place prédominante dans la structure du capitalisme décrite. Ainsi les personnages doivent perpétuellement persuader et convaincre les autres mais également eux même, pour supporter l’horreur de ce qu’ils font. Parler ici c’est avant tout renoncer à agir contre le système, c’est devenir un bourreau anonyme. Voilà le génie de ce film. Alors bravo pour ce film engagé qui déplore le désengagement de l’homme envers l’homme. Agir c’est déjà dénoncer le mal ordinaire et soutenir ce film.
Belle entrée en matière pour moutout avec ce film reflet de notre société impitoyable. A ceux qui ont apprécié, il pourrait être intéressant de regarder le couperet de costa gavras.
Bien moins art et essai que "L'emploi du temps", mais ô combien plus désespéré ! On part d'un sosie de Claude François qui va apprendre à écraser ses beaux sentiments et sa (toute petite) part d'innocence au profit d'une pensée unique et lénifiante du capitalisme heureux et aveugle. Puisque vu le nombre de faillites, on ne peut pas dire que les boîtes d'audit ou de consulting ont inventé l'art et la manière de survivre en eaux troubles, malgré les très jolies théories de son chef, Lucas, toujours parfait. A part lui, on a utilisé toute la crème des séries B et des téléfilms français, pub comprise, pour, finalement, sans doute grâce à la direction d'acteurs, donner une vraie tranche de vie d'une entreprise, de l'intérieur, de l'extérieur et jusqu'au point de vue de la mondialisation. On évite les clichés des extrêmes, on nage dans un angélisme qui se lézarde suffisamment pour se faire son idée non partisane, mais on nous donne surtout un état des lieux qui fait froid dans le dos. Plus personne n'a les idées ou le courage de se battre. C'est surtout ce constat qui laisse terriblement déprimé à la fin de ce film absolument parfait et courageux dans sa pose, par rapport à son message et à ses moyens. Puisque, comparé à certains autres sur le même sujet, on sent la confrontation des solitudes qui cherchent juste un mieux vivre mais plus du tout d'idéal. Sauf peut-être la secrétaire, qui est la seule héroïne, au sens tragique, du film. On sort avec l'impression d'avoir vu un vrai film sur un sujet peu propice aux effets faciles, alors que le réalisateur aurait pu tomber dans le documentaire ou le film TV. Sans doute grâce au vraisemblable des situations mais également à la multitude de personnages qui étaye d'autant mieux le constat d'échec d'une société libérale. Qui a de plus en plus de mal à créer du rêve ou de la valeur ajoutée. Sauf évidemment pour quelques Happy Few et d'autres intoxiqués de télévision.
Le sujet m'intéressait : l'audit prétexte à un rachat et une restructuration d'entreprise. Malheureusement, j'ai trouvé l'interprétation des acteurs pas toujours très convaincante. Le rythme du film m'a paru mou. Je ne révèle pas la fin, mais là le scénario frappe juste. Bref, du bon et du moins bon. Deux étoiles. On aurait dû faire un audit pour virer quelques acteurs, dialoguistes, cadreurs et monteurs ;-)
Ce film est sans fioriture et va à l'essentiel. J'aurai aimé un rythme plus soutenu mais le sujet et les acteurs compensent largement. Le réalisme est surprenant. Travaillant dans une entreprise qui connait des déboires similaires à ceux abordés dans le film, j'ai trouvé que le réalisateur a su transposer la réalité grâce au jeu des acteurs (surtout Jérémie Renier), aux dialogues et à l'émotion... En résumé, un film qui fait réfléchir !
Film vraiment intéressant sur le monde du travail, l'ambition des jeunes cadres et l'univers bureaucratique. Une bonne dose d'humour cynique et des personnages étonnants.
A travers ses films bien maîtrisés, J-Marc Moutout nous livre intelligemment des constats froids et cinglants de nos modes de vie basés sur le monde du travail et de ses inévitables répercussions sur notre comportement affectif sans pour autant proposer de solutions... Mais en existe-t-il ? Curieusement, ce film fait penser inévitablement de par son titre et son traitement à "Extension du domaine de la lutte" de Philippe Harel tiré du roman de Michel Houellebecq. Il est probable aussi que "Violence des...." a servi de "brouillon" au suivant en 2010, l'excellentissime "De bon matin" (avec Darroussin) qui me fait encore froid dans le dos 2 ans après l'avoir vu. Ici aussi, les acteurs sont parfaits avec mention spéciale à Laurent Lucas (son meilleur rôle). Le seul bémol de ce film est de nous laisser au final sur le bord de la route mais c'est un moindre mal.
Formidable récit du monde du travail d'aujourd'hui et de ces tristes vérités et pratiques. Penchant parfois du côté du documentaire, ce film à le mérite de ne pas prendre parti et de virer dans une sorte de manifeste du monde ouvrier. Le film, découpé en plusieurs étapes, nous fait suivre l'assencion d'un jeune cardre et des péripéties qu'il lui arrive. Il est partagé entre sa moral et ses ambitions professionnelles. C'est un triste bilan sur le choix des bénéfices plutôt que des hommes, ainsi que des différences entre province et Paris!
Le spectateur est parfaitement plongé dans notre réalité économique grâce à l'excellent Renier partagé entre humanisme et égoïsme. Mais le réalisateur se disperse et survole d'autres sujets d'où une certaine frustration du spectateur car le film aurait pu être plus fort. Annonce le très bon "De bon matin" toujours dans le registre de l'entreprise.