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Ewen Blake
154 abonnés
1 192 critiques
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4,0
Publiée le 21 août 2012
Violence des échanges en milieu tempéré est un film caricatural quoique passionant dans lequel je me retrouve forcément. La performance de Renier est épatante. Une scène: "On serait pas là des boites comme ca ne survivrait jamais et dans ce cas c'est tout le monde à la porte"
Le capitalisme est une machine complexe. La grandeur de son fonctionnement en rend impossible la totale transposition au format d’un film. Jean-Marc Moutout conçoit très bien cette aporie dans «Violence des échanges en milieu tempéré» (France, 2003) puisqu’il décide de réduire le cadre de sa vision au rang d’un seul individu. Philippe entre dans un cabinet de consulting au quartier de la Défense de Paris. La témérité de son innocence, qui lui permet l’audace de défendre une inconnue dans le métro d’un homme fort qui lui caresse les fesses, se verra dissipée par les rudes conditions des lois capitalistes. Envoyé dans la région lyonnaise pour remanier une entreprise d’aluminium, Philippe se trouve très vite confronté au dilemme premier de la morale marchande : peut-on faire prévaloir les profits économiques à la valeur humaine ? Le juste timing avec lequel Moutout articule son récit (un timing aussi parfait que le travail à la chaîne en usine) permet au public de suivre parfaitement le didactisme anticapitaliste. Car entre l’ouverture du film sur une plage, où les badauds se baignent en toute innocence, et sa clôture, où Philippe arrive sur cette même plage et s’y incruste, se perd dans la masse d’une population résumée à ne plus être que des corps sans identité, il y a un basculement dans le mal, dans l’immoralité effrénée du système économique capitaliste. Si le tout n’est pas menée par une liberté folle, livrée aux caprices des inattendus, c’est parce que le monde de Moutout n’est plus un monde imprévisible, tout n’est plus que l’engrenage bien serrée dans la machine économique. Et pour que la vie saille un peu, il faut que le cinéaste déplace ses personnages dans des lieux inhabituels, presque vides ou étrangers comme un étang immense au bord duquel Adji et son beau-frère parlent à bâtons rompus. Sans rien expliquer des solutions pour rompre cette mécanique infernale, Moutout offre un terrible plaidoyer contre les dérives incontrôlés du régime économique en cours.
Totalement passé inaperçu lors de sa sortie en salles, ce film social a toutes les qualités d’un Ken Loach. L’histoire suit un cadre obligé de licencier des ouvriers et engagé pour cela. C’est au cœur de l’actualité économique de notre pays sujette de plus en plus aux fusions, rachats et délocalisations donc a fortiori aux licenciements. Le personnage est assez fouillé mais on aurait aimé voir plus de remords puisqu’il en éprouve forcément a moins d’être sans cœur. Effectivement, l’histoire est sombre et froide. Dommage que peu de monde n’ai vu ce film au titre poétique mais mystérieux que l’on comprend on voyant le film. Chacun se battant pour son poste, les uns ouvriers, les autres patrons. La scène des entretient est horrible puisqu’on sait ce qu’il va leurs arriver alors que Philippe sourit. Superbe !
Enfin une oeuvre qui part d'une réalité crédible pour mieux développer son scénario. C'est une qualité qui se fait rare tant nombre de scénaristes s'imaginent pouvoir raconter juste leurs fantaisies, ce qui amoindrit une fiction. Les acteurs principaux, le maitre et son disciple tiennent la route de façon impressionnante. La déshumanisation du nouvel ordre économique ressort naturellement sans appuyer plus que cela. Une scène clef montre qu'on a la une sorte d'état major d'un reich camouflé, avec un seul mot d'ordre, que tous doivent scander. A voir absolument.
Petits désordres en entreprise. Le film de Moutout est une très bonne analyse d'un phénomène très actuel : ce que l'on appelle "l'esprit d'entreprise". Il démonte les mécanismes qui amènent un jeune idéaliste (entendez par là un être humain normalement constitué) à renier toutes ses idées et sa fierté pour les sacrifier sur l'autel du dieu Economie. L'auteur montre bien que les mots d'ordre suivants : rentabilité, productivité, rationalisation du travail, plans sociaux cachent en réalité une puissante machine de guerre destinée à broyer les plus faibles et à enrichir ceux qui sont déjà riches. Il amène à refléchir sur la violence extrême intrinsèque au modèle libéral capitaliste. Une violence sociale, bien sûr, mais aussi personnelle. La scène de réunion de l'entreprise mère fait peur puisque la répétition par tous les employés du slogan de l'entreprise rappelle aisément une forme de meeting fasciste. Sauf que la dictature de l'entreprise est moins facilement identifiable et donc plus pernicieuse. Le film est donc intéressant à plus d'un titre, même si certains personnages sont plus caricaturaux (notamment le personnage de loup interprêté par Laurent Lucas). Au total, le constat est amer, mais il colle à une réalité de plus en plus palpable chaque jour. Le mérite du cinéaste est d'en parler ouvertement, au risque de déplaire en cette période du "tout économique".
Finalement la vraie force de ce film reste sa façon "froide" et tempérée comme le titre l'indique de nous montrer une réalité dure qu'est l'humanité d'aujourd'hui tournant autour du but lucratif de chaque chose.Jérémie RENIER est impeccable et son rôle est dosé avec minutie rendant le personnage ni totalement bon ni totalement mauvais juste une fourmis ouvrière perdue dans sa ruche de l'économie
Film dur et troublant de réalisme pour ceux qui connaissent le monde industriel....de plus incroyablement interprété, l’évolution du personnage principal est extrèmement bien devellopée. Laurent Lucas est excellent.
Une analyse très fine du milieu du travail et notamment du consulting, métier récent très évocateur de la mutation de notre civilisation. Servi par des dialogues brillants qui posent les bonnes questions et gardent une certaine objectivité quant au sujet fort bienvenu. Dommage que le réalisateur s'encombre d'histoires secondaires (la soeur du cuisinier notamment) qui paraissent bien futiles et inaboutties, encombrant le film de quelques clichés dont on se serait bien passé. Mais ne boudons pas notre plaisir devant tant d'intelligeance, face au plaisir de voir du cinéma français un peu différent qui ose le social avec engagement mais sans aveuglement. Mention spécial enfin à Jérémie Rénier qui rend réel un personnage difficile à interpréter.
Un film original sur le monde du travail. Le réalisateur filme avec un réalisme sidérant et des acteurs talentueux. Un scénario qui tient la route et dans lequel multiples travailleurs pourrons se reconnaître. Mais le dilemme de ce film est : que faire lorsque mon travail consiste à licencier 80 personnes, dois-je faire mon travail et toucher ma paye à la fin du mois ou bien démissionner pour sauver ces personnes ? C'est une question à laquelle il n'y a pas de réponse : dois-je sauver moi ou les autres ? Si je sauve les autres, je me retrouve à la porte sachant que quelqu'un d'autre fera le travail à ma place, mais si je licencie ces personnes, j'ai mauvaise conscience. Cette question est peu étudiée dans le cadre du septième art et le film est français ce qui va à son avantage par la technique de réalisation qui accroche le spectateur. Un film qui ne donne pas de solution mais qui fait réfléchir.
Film français dans le plus mauvais sens du terme : bavard, « intellectuel » et ennuyeux... Tout le reste est littérature, même si le propos peut intéresser. A déconseiller si vous cherchez le rêve, à recommander si vous cherchez les ennuis !
Un film très intéressant sur le monde du travail et la façon de l'appréhender. Nous sommes en effet très souvent questionnés et, quoiqu'on en dise: jugés. Mais est ce que celui-ci définit vraiment notre personnalité?!? Ne nous transforme til pas au bout de plusieurs Années??? Comment vivre lorsqu' on a un job mal vu comme Truc dans le film qui débute ds ce job d' auditeur et cherche a etre compétent et reconnu. Mais c'était sans compter sur ses principes et sa conscience en total désaccord avec son métier d'autant plus que sa nouvelle petite amie le lui rappelle volontiers.... Il va falloir faire un choix: Fermer les yeux et S'assoir sur ses principes pour continuer le métier pour lequel il s'est tant investi ou changer de voie ... Le film nous rappelle brillamment que nous ne sommes pas forcément notre métier (ça me rappelle mr Durden tiens😉!!!) mais c'est malheureusement par celui-ci que nous sommes jugés ... "tu fais quoi ds la vie?" "des plans sociaux, je licencie!" Ca fait moyen .... Le film manque peut être d' un peu de mordant et de profondeur, on reste un peu sur sa faim ... Sans oublier la comparaison inévitable avec "Ressources Humaines" de Laurent Cantet . C'est malgré tout un film assez prenant avec un tout jeune Renier moins convaincant qu'aujourd'hui mais tout de même très bien dans ce rôle de débutant...
Pour moi, un film qui se suit sans déplaisir où l'on voit évoluer le personnage de Jérémie Rénier, d'un homme avec des émotions il passe à une personne sans scrupules. Les acteurs jouent très bien et Cylia Melki est une vraie surprise!
Ce film a le mérite de se pencher sur un sujet assez peu abordé par le cinéma français actuel : on échappe aux pleurnicheries amoureuses de normalien trentenaire vaguement dépressif, ou à des portraits de marginaux toxicos révoltés contre cette chienne de société. Ici c'est le réel, le monde du travail des cadres comme des ouvriers, qui est matière à réflexion. Le personnage principal, jeune consultant tout neuf et juste sorti de son usine à managers, est intéressant et remarquablement interprété. Alors qu'à un moment on pouvait penser qu'une réelle prise de conscience se produirait en lui, il n'en est finalement rien et il rentre bien sagement dans le moule. Un véritable anti-héros, lâche et méprisable, comme il en existe tant. Néanmoins, le film est perclus de multiples scories. Certaines scènes sont très mal jouées (en particulier l'idylle entre le cadre et la fille du métro); des situations sont abordées avec des gros sabots et un sentimentalisme un peu niais. Ce qui donne au final un côté téléfilm; c'est dommage, la juste critique de la déshumanisation du monde du travail se trouve ainsi d'autant moins percutante.