Bon alors là, on va entrer dans une phase de la Hammer que je n'apprécie guère. Après deux "Dracula" qui étaient des chef-d'oeuvre, on ne va pas se le cacher, et un volet, parmi les deux, sans l'emblématique Christopher Lee, il fallait bien que le pessonnage revienne. Et sachant que deux films auparavant, le grand Peter Cushing s'en était débarassé, comment justifier son retour? Par une raison que seuls les scénaristes de films d'épouvante ont assez d'imagination pour inventer. Une question se pose alors : le niveu est-il toujours le même? Non, et c'est pour cela que j'ai commencé mon article ainsi : parce que la Hammer, avec ce film, entre dans une mauvaise période pour elle, dans le début de sa fin, si vous préférez. En effet, dès lors elle commencera à décliner, à perdre son souffle, à descendre dans mon estime. Et c'est dommage, parce qu'après tant de chef-d'oeuvres et de films magnifiques ( "Le Chien des Baskerville", les premiers "Frankenstein" avec Lee et Cushing ), cela fait mal que de voir une lente déchéance débuter. Parlons donc du film, à présent que la situation est énoncée. En fait, "Dracula, prince des ténèbres" est vraiment un bon, pour ne pas dire un très bon film. Pourquoi dis-je alors qu'il a initié la déchéance de la Hammer? Parce que l'on comprend à présent que ce personnage n'est plus qu'un moyen de faire du fric, et surtout parce que le niveau n'est plus du tout le même. Ainsi, plus de poésie, plus de sensualité, seulement peur et frissons, sang et baroque. Déja, plus de Peter Cushing. Me demandez pas où il est passé, je n'en sais rien. Peut-être n'avait-il plus envie d'interpréter son rôle de Van Helsing? Qui sait? Le résultat étant qu'il manque terriblement, et qu'aucun acteur de ce métrage ne parvient à l'égaler ne serait que d'un millième. Ils n'ont pas son charisme, c'est évident, et n'ont pas du charisme du tout, en fait. Ils jouent assez bien, c'est sûr, mais rien de bien extraordinaire. Après les excellents castings des deux premiers volets de la saga, celui ci ne peut faire que pale figure. En fait, il manque tellement qu'il y a un vrai vide parmi les acteurs : le héros n'a pas assez de présence, comme je vous l'ai déja dit, et ne ressors pas assez pour que l'on s'arrête sur son cas et que l'on se dise : "Lui, il a la classe", ou encore "Dracula est mal". Et justement, il est là le problème, il vient de Dracula. Dans le précédent film, Lee ne maquait pas du tout, et ici, alorsqu'il revient en trombe, on ne le montre pas assez, il fait effet de figure, de second couteau. On le montre à peine, si peu que l'on se demandera vite pourquoi le film porte son nom. Pour attirer les foules? C'est clair. Ansi, notre ami le Dr Acula ( la référence est évidente, n'est-ce pas? En tout cas, elle vous laisse une idée du film dont on parlera très prochainement ) est complètement relayé au second plan : il n'a pas une seule ligne de dialogues dans le film, et c'est à peine si l'on entend le son de sa voix glaciale. Attention, il n'en demeure pas moins impressionnant et ultra charismatique, mais Dracula n'est à présent plus qu'un démon venu sur Terre pour sucer du sang : plus de sensualité, on ne peut pas s'y attacher, et finalement, on ne désire plus qu'une seule chose : qu'il meure. On ne peut donc pas s'y attacher, au grand inverse du chef-d'oeuvre de Coppola, quand même paru à peu près trente ans plus tard. Ainsi, "Dracula, prince des ténèbres" ( un titre finalement correct pour l'approche du personnage ) ne se concentre plus que sur l'horreur et l'épouvante : exit le côté humain et érotique du vampire, il n'est plus qu'une bête enragée à détruire. Mais il faut quand même l'avouer, sa part d'épouvante est clairement réussie, et j'irais jusqu'à oser prétendre que ce film est le plus terrifiant de la franchise. Vraiment, je ne plaisante pas, j'en ai eu des frissons, et il m'est arrivé de sursauté à demi. Et non, je ne suis aps facile à impressionner. En fait, c'est surtout grâce à la mise en scène, vraiment excellente, et à la bande sonore, aussi parfaite qu'oppressante. Elle offre une aura de terreur dans le château d'Acula et dans la pièce où l'on se trouve. Très efficace, elle réutilise avec succès et talent la recette de la Hammer, et nous permet de rentrer dans le mythe du vampire. Niveau écriture, c'est pas trop mal, mais j'ai personnellement trouvé la première partie de l'intrigue
( celle de l'exposition des personnages et de leur arrivée dans le chateau )
bien plus réussie que celle où Dr Acula tente de libérer la femme, complètement ratée et, à mon goût, inintéressante au possible, car bien trop longue. Les décors sont toujours aussi beaux, avec un petit plus pour le château, mieux fait que par le passé. La fin a vraiment mal vieilli, et franchement, on se passera sans soucis du sang rose, parce que c'est vraiment ridicule. Globalement, voilà un troisième épisode assez solide, bien que souffrant d'acteurs trop peu charismatiques, excepté Lee et son majordome, qui a une sacré gueule. Mais l'ambiance oppressante demeure, aujourd'hui encore, d'une grande efficacité. A voir si vous aimez le genre, il en vaut le coup.