Hypnose n’est pas un titre français très réussi, et c’est assez dommage compte tenu d’un film au résultat plus que probant.
Le film n’est tout de même pas signé par n’importe qui, puisqu’il s’agit de David Koepp, lequel, pour son scénario c’est ici inspiré de Matheson, célèbre écrivain de littérature fantastique. C’est d’ailleurs par son écriture que le film s’en sort le mieux. C’est pourquoi je commence par là. Hypnose est un métrage tout à fait prenant, glissant de manière progressive et avec un indéniable talent, vers un mystère toujours plus épais qui ne se révélera qu’à la fin du film. La gradation est parfaite, le final magistral, le suspens au rendez-vous, et malgré un début peut-être un peu poussif et quelques interactions pseudo-fantastiques assez moyennes, il est difficile de ne pas être entrainé dans la quête de Kévin Bacon. Ce-dernier porte littéralement le film sur ses épaules, livrant une prestation quasi-parfaite. Complètement engagé dans son personnage (comme très souvent), il lui donne une consistance impressionnante, et il n’est pas loin, dans le rendu frénétique du héros, d’un Klaus Kinski. Il serait facile de rire à le voir creuser tout ses trous, et pourtant non, Bacon ne donne vraiment pas envie de rire. A ses cotés évidemment le reste du casting s’efface un peu. Malgré tout les prestations des acteurs sont solides et sufisament convaincantes.
D’un point de vue formel maintenant, Hypnose est tout à fait convenable. David Koepp est certes un scénariste de talent, mais il est un réalisateur non moins efficace, maitrisant ses classiques. Son travail n’a pas la prestance des meilleurs, néanmoins pour un petit suspens de série B, le résultat est convaincant. Il se débrouille particulièrement bien dans la fin de son film, semblant vraiment prendre du plaisir dans l’action. La photographie elle est tout à fait appréciable. Quelques séquences sont un peu sombres, et c’est préjudiciable à la compréhension des images, mais c’est un élément de détail. En effet on ne peut pas dire que ce défaut soit récurent dans le film, et ce n’est jamais dans des moments clés. Il y a de beaux effets de contrastes, et un travail sur les éclairages soigné. Koepp choisit ici une esthétique plus chargée que dans Fenêtre secrète, mais c’est un choix qu’il maitrise tout autant. Les décors ne sont pas un élément vraiment décisif du film compte tenu du fait qu’il se déroule dans des limites de lieux assez strictes. Mais je n’ai rien à redire de particulier. A noter qu’Hypnose n’est pas vraiment un film d’horreur. Il n’y a pas d’effets sanglants appuyés, juste une ou deux séquences un peu violentes. Maintenant le dénouement est assez cru, aussi il convient d’être préparé si l’on a tendance à être sensible. L’ambiance musicale est sobre, se contentant de baigner les images, mais n’apportant pas grand-chose de supplémentaire au film.
Pour conclure, Hypnose vaut le visionnage. Doté d’un scénario solide qui se conclue de manière puissante, il est entrainé par le jeu sans faille de Kévin Bacon, et un travail visuel luxueux qui en fait plus qu’une simple série B. On n’est pas là dans le gratin du suspens, mais quand même, il s’accroche avec fermeté aux références du genre.