"L'inconnue dans la maison !"
Sorti quelques mois avant “Sixième Sens”, “Hypnose” ("A Stir of Echoes”) en VO, n’ayant pas bénéficié de la même publicité et du même bouche à oreille que le thriller fantastique avec Bruce Willis, n’accédera malheureusement pas au statut culte de son illustre successeur. Pourtant, à la revoyure, cette Ghost Story angoissante, mise en scène par David Koepp - réalisateur de “Trigger Effect” et scénariste de “Jurassic Park” - n’a pas à souffrir de la comparaison avec celle de M. Night Shyamalan (avis perso). Situé dans un quartier populaire de Chicago, Koepp tout comme Shyamalan, filme la middle class américaine et recentre lui aussi son récit sur un jeune garçon à la posture étrange. En effet, Tom Witzky (Kevin Bacon) et sa femme Maggie (Kathryn Erbe) sont les parents du petit Jake (Zachary David Cop). Le réalisateur s’attarde sur le garçonnet en pleine discussion avec ce qui semble être un ami imaginaire ou peut-être pas ! Les bases d’une ambiance fantastique sont posées, mais le récit s’éloignera du jeune garçon au profit de son père. En plein doute existentiel, Tom - le toujours "bancable" Kevin Bacon - lors d’une soirée entre voisins, se fait convaincre par Lisa (Illeana Douglas), sa belle-sœur, de se faire hypnotiser. Commence alors pour Tom, un sombre voyage vers l’inconnu, quand d’étranges visions post-hypnotiques viendront le tourmenter. Le fantôme de Samantha Kozak, une jeune femme disparue depuis quelques mois, viendra le hanter ! Tom perd peu à peu pied avec la réalité. Il s’éloigne de plus en plus de Maggie. En revanche, cet état de transe le rapproche étrangement de son fils Jack. D’abord effrayé, Tom plonge sans retenue vers une incessante quête de vérité. D’après “A Stir of Echoes”, le roman de Richard Matheson, David Koepp entraîne le spectateur aux confins de l’obsession d’un homme se sentant investi d’une mission quasi-divine ! Au-delà de l’atmosphère oppressante de l’unité de lieu, un pavillon dans une banlieue cossue - les fondations de “Hypnose” reposent sur le jeu habité de Kevin Bacon. Le comédien au physique androgyne, les muscles saillants, le visage émacié - toujours au bord de la folie - se pose d’abord en victime, dans une première partie classique dans la forme. Les codes du film de genre sont bien au rendez-vous - postures étranges, cauchemars récurrents, pouvoirs surnaturels, jump scares - pour mieux nous prendre à revers dans une deuxième partie bluffante où le fantastique laisse peu à peu sa place au suspense quand Tom se mue en enquêteur obsédé. Résultat, “Hypnose” accouche d’un magistral récit schizophrène dans lequel le thriller côtoie le surnaturel pour mieux amener le spectateur vers l’inexorable twist final !