Apparences est un suspens pas désagréable de Zemeckis, mais bon, il faut avouer qu’il est assez quelconque.
Coté interprétation je dois dire que celle qui tire son épingle du jeu est indéniablement Michelle Pfeiffer. Elle livre une très bonne prestation, pleine de conviction, et elle est quasi-omniprésente durant tout le film, alors autant dire que gardé un excellent niveau sur 2 heure 15 et porter un métrage de la sorte c’est une sacrée performance. A ses cotés Harrison Ford est un peu fade. Il n’a pas l’air pleinement à l’aise dans son rôle, et est souvent un peu morne, en retrait. Venant d’un acteur de ce calibre c’est quand même une certaine déception, même s’il arrive à rester correct, donnant lieu même à quelques bons moments sur la fin. Pour le reste les acteurs apparaissent si peu que je ne m’attarderais pas outre mesure sur eux.
Le scénario a un défaut qui apparait dès le début : le film est lent. Apparences est en effet un suspens fort lent, et si vous n’accrochez pas à la première demi-heure, vous pouvez vous dire que jusqu’au dernier quart d’heure qui se remue, vous allez assister à un spectacle mou. D’ailleurs il se passe finalement assez peu de chose pendant près d’une heure, avant qu’il y ait un peu de dynamisme, et encore, rien de transcendant. Apparences outre cela est de surcroit assez classique, avec des moments relativement attendus dans ce genre de film. Par ailleurs le suspens n’est pas aussi intense que cela. J’aurai aimé une enquête de ouf, avec des découvertes tonitruantes, quelque chose de remarquables, un peu comme Shutter Island qui m’avait renversé lors du premier visionnage. Là c’est un peu fade, et l’interpénétration du réel et du fantastique est un peu chaotique. Malgré tout la fin réserve une belle tension, dommage cependant que le film n’a pas le courage d’aller jusqu’au bout (ce qui regarderons le film comprendrons). Ou alors Zemeckis aurait pu jeter un beau clin d’œil à Hitchcock.
Visuellement avec 100 millions, pour ce genre de film je peux vous dire que j’attendais du lourd. La mise en scène ne m’a pas déçu. Elle est très réussie, Zemeckis offrant de très bons cadrages, et se faisant un total plaisir à l’occasion d’une dernière partie superbement réalisée. Le reflet dans le rétroviseur, le passage sous la voiture lors de la course poursuite, voilà des idées qui montrent une réelle attention du réalisateur. La photographie est tout à fait au point, livrant une très belle atmosphère, et les décors sont très corrects. On sent là encore une attention réelle portée à ces-derniers, ne serait-ce que par le cabinet du psychologue qui apparait fort peu mais qui a une personnalité, un caractère différent de ce que l’on peut voir habituellement. En revanche Apparences ne réserve aucun effet violent à l’écran, ou très peu (un sur la fin, et franchement il y a pas de quoi se relever la nuit). Aussi l’interdiction au moins de 12 ans est clairement exagérée. Très bon travail sur la musique qui colle parfaitement à l’ambiance générale, et s’avère dans l’ensemble vraiment convaincante.
En clair le principal souci d’Apparences c’est son scénario. Le film est trop long pour ce qu’il a à dire, il y a des passages qui tirent en longueur, la fluidité s’en ressent nettement, et au final on ne peut pas dire que l’histoire soit suffisamment hallucinante pour faire vraiment oublier ces lacunes. Par ailleurs Harrison Ford apparait tout de même timoré dans ce métrage. Pour autant Apparences peut compter sur l’excellente Michelle Pfeiffer, et sur un très gros budget globalement bien exploité, même si je me demande sincèrement si l’ensemble justifiait 100 millions. Je lui accorde donc un 3.5, mais il est certain que les phobiques des films mollassons devront impérativement passer leur chemin, ou alors se visionner le film en accéléré jusqu’au dernier quart d’heure.