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    Cría Cuervos
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    Robin M
    Robin M

    70 abonnés 283 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 novembre 2012
    http://lecinemaduspectateur.wordpress.com/2012/11/09/cria-cuervos/ | L’enfance est un sujet complexe au cinéma. Il ne faut pas tendre vers une niaiserie en tentant de voir le monde comme un enfant, mais superposer l’enfance et un traitement adulte sonnerait tout aussi faux. Carlos Saura parvient avec maestria à nous montrer la vie d’un enfant, et cela à travers le regard de Ana – jeune enfant qui perd sa mère puis son père. Le réalisateur espagnol traite alors le sujet difficile de la perte de l’innocence et du premier choc entre l’enfance et l’adulte. Il ne faut pas de mot à Saura pour nous faire comprendre que Ana pense avoir empoisonné son père et pas de mot non plus pour comprendre l’absence douloureuse d’une mère vers laquelle elle tente de se réincarner. L’idée judicieuse de donner un même visage à la mère et la femme qu’elle deviendra – celui de Géraldine Chaplin – donne au film une dimension poétique et sinistre. Cependant, Ana est bloquée entre deux mondes qu’elle ne peut rejoindre. L’enfance lui a fermé ses portes suite aux diverses tragédies et le monde des adultes ne peut lui ouvrir ses portes tant son opacité lui est encore conséquente. Cette confrontation à l’adulte s’exprime bien sur à travers la mort, mais également d’une façon plus cocasse à travers l’opulence des seins de Rosa qu’Ana lui demande de dévoiler avec insistance. Comme si elle voulait voir son avenir et montrer de cette manière qu’elle aussi a grandie et que si elle n’est pas une femme morphologiquement, son esprit n’est plus enfantin. Il suffit de s’attarder sur ses jeux : elle joue à la poupée certes, mais elle prend le rôle d’une véritable mère agacée par son enfant et qui déjà semble connaître les sensations qu’elle ressentira à la tété (le bébé qui mort le bout du sein). Elle joue également avec ses sœurs à se déguiser, mais le but n’est que de rejouer une scène de dispute qui a eu lieu entre ses parents. Elle reprend d’ailleurs le rôle de sa mère comme pour mieux lui ressembler et pour mieux faire coïncider les deux An(n)as. Cette immobilisme entre l’enfance et le passage à l’âge adulte donne lieu à des scènes absurdes et cruelles: Ana est chassée du chevet de sa mère par les adultes qui essayent tant bien que mal de garder son innocence. Priée d’aller jouer, Ana quitte la chambre bientôt mortuaire et monte les escaliers pour retourner dans le monde de l’enfance sous les hurlements d’agonie de sa mère. Comme si l’abstraction enfantine permettait de tout surmonter. Ana n’est déjà plus une enfant et les adultes tentent de réparer l’irréparable : la perte de l’innocence. Ils essayent de l’endormir pour la maintenir dans une illusion. Comme ci, le voile du sommeil et le voile qui couvre le regard de l’enfant et l’empêche de voir une réalité bien cruelle ne faisaient qu’un. A cette redondance d’aller au lit, elle rétorque « Mais je ne suis pas fatiguée ».

    Malgré cela, Ana se protège comme une enfant dans les souvenirs et la création d’un monde où sa mère qu’elle chérie partage encore sa couche et son espace. Cependant, Saura inculque dans cet échappatoire des limites et questionne la notion de souvenirs. Ana se maintient dans le passé, et sa narration de femme adulte montre bien qu’elle n’a toujours pas réussi à s’en sortir. Elle est bloquée à nouveau entre deux réalités : la vrai et celle qu’elle s’est créée. Ana contrôle ses souvenirs, contrôle l’apparition de sa mère, mais à ce pouvoir presque divin que lui octroie Carlos Saura il y a des limites. Elle plisse les yeux avec hargne pour esquisser le va-et-vient d’une mère inquiète pour son enfant au seuil de la porte de sa chambre. Mais cette scène rassurante, elle ne peut la continuer ou la modifier. Elle ferme fortement ses yeux pour toujours faire ressurgir la même scène. Elle voyage dans ses souvenirs, mais ne peut en créer. Elle est contrainte de voir une scène à répétition pour se donner l’impression qu’elle perdure. De plus, sa mère porte dans chaque rêverie la même coiffure et la même tenue. Et si elle garde qu’une seule image de sa mère, qu’est-ce qui nous dit que cette dernière n’est pas faussée, embellie ou même complètement inventée ?

    De cette notion d’invention découle une autre réflexion mais cette fois-ci porté sur le cinéma même. « Cria Cuervos » pose un questionnement sur la notion d’auteur au cinéma. Et si nous prônions l’hypothèse que le véritable créateur était le personnage d’Ana. Le film donne l’impression qu’il n’y a pas de réalisateur et qui si on devait en désigner un on se pencherait aussitôt sur Ana. En effet, c’est elle qui a dans toute l’œuvre le pouvoir de décision et qui dirige le film. Tout d’abord, elle contrôle la caméra et propose au spectateur de s’unir à elle pour n’oublier aucun détail. Elle fait alors un jeu de champs/contre-champs montrant soit ce qu’elle voit soit ce qu’elle veut qu’on voit : c’est-à-dire sa mise en scène dans ses propres souvenirs. Ensuite, elle commande les personnages puisque nous voyageons dans sa tête, elle choisit donc de faire entrer ses personnages de manière théâtrale, les menant à sa guise. Dans la scène de cache-cache, elle se prend même pour Dieu tuant et ramenant à la vie ses sœurs. Elle choisit qui vit et surtout quand : ce qui sied avec le rôle d’empoisonneuse qu’elle croit avoir. On peut également voir dans la scène de la grand-mère face aux photographies, une Ana directrice d’acteurs qui récite le texte que la grand-mère devrait dire par la suite lors de la prise de vue. Elle explique ce qu’elle doit penser et ce qu’elle a vécu donnant l’impression d’une explication du rôle à jouer. Elle contrôle également la narration et s’octroie le rôle de maîtresse de l’action : elle choisit dans quels souvenirs nous la suivons et surtout à qu’elle moment ils commencent, nous jetant parfois un regard comme pour dire « je vous attendais ». Enfin, d’un point de vu plus technique, elle gère également la bande-son. La musique ne commence pas au hasard mais lorsqu’elle glisse le disque dans le tourne-disque et c’est elle qui choisit en quelque sorte de ce que sa mère joue au piano. Elle prend des décisions sur le film qui défile sous nos yeux.

    Certains théoriciens du cinéma disaient que la meilleure musique de film était celle que l’on ne remarquait pas, et si la perfection d’un réalisateur résidait également dans le fait qu’on ne le remarque pas. Carlos Saura a fait le film, mais il a réussi à gommer sa présence pour nous montrer seulement le principal : l’errance de cette enfant.
    chrischambers86
    chrischambers86

    13 706 abonnés 12 423 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 septembre 2019
    "Cría Cuervos", c'est l'histoire de la petite Anna, neuf ans, qui ne se remet pas de la double disparition de ses parents! Son père, assassinè par sa maîtresse et sa mère, morte de chagrin! Alors pour tenter de faire revivre sa mère, elle s'invente un monde à elle avec ses soeurs! "Cría Cuervos" est le premier film de Carlos Saura qui lui apporte une renommèe internationale! A travers ce long-mètrage, il a èvidemment voulu parler de l'enfance qui est tout pour lui, sauf un paradis! C'est plutôt le lieu de toutes les peurs, peur de l'abandon, peur de la solitude et peur du noir! Mais, puisqu'il a ètait tournè en 1976, on peut y voir èvidemment aussi une critique du franquisme à travers notamment le personnage du père, militaire, assez odieux, qui fait face à une femme à fable qui elle, pourrait reprèsenter la rèsistance! Ce superbe film est très personnel dans la carrière de Carlos Saura, à tel point que la maison familiale, justement de cette oeuvre, est celle qui ètait voisine de celle qu'il occupait à l'èpoque! "Cría Cuervos" a obtenu le Grand Prix du jury au festival de Cannes en 1976 et ce n'est que justice! Comment oublier les grands yeux noirs de la petite Ana Torent et la chanson mythique de Jeanette "Porque te vas", vèritable triomphe en 1976...
    Caine78
    Caine78

    6 695 abonnés 7 398 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 21 janvier 2009
    Considéré par beaucoup comme LE chef d'oeuvre de son auteur, "Cria Cuervos" semble en effet difficile à égaler pour quiconque tant la réussite est éclatante à tout point de vue. Incroyablement riche dans son traitement des thèmes mais le faisant toujours avec une incroyable délicatesse et sensibilité, Carlos Saura arrive à donner à son film l'ampleur caractérisant les grands films. Métaphore d'un fascisme à l'agonie, portrait de l'enfance, chronique sociale et familiale... il est impossible de ne pas se reconnaitre ne serait-ce qu'un peu devant une oeuvre aussi dense et profonde. Mais Saura sait néanmoins toujours garder un véritable fil conducteur, les différents sujets étant parfaitement intégrés à un scénario bien construit et totalement en phase avec tout ce qui peut être abordé dans l'oeuvre. Bref, on pourrait en parler des heures et des heures, le constat serait le même : "Cria Cuervos" est une oeuvre éblouissante, universelle et intemporelle, qui saura à jamais se faire une place privilégiée dans nos coeurs. Magnifique.
    Max Rss
    Max Rss

    197 abonnés 1 767 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 21 septembre 2012
    Madrid des années 70, au sein d'une famille espagnole aisée. La jeune Ana vient d'être témoin de la mort de son père et auparavant de celle de sa mère. Elle a deux soeurs: Maïté et Irène. Les trois jeunes filles sont maintenant sous la protection de leur tante Paulina. Mais la situation est bien plus compliquée que prévu. "Cria Cuervos" nous raconte l'histoire de cette jeune Ana, qui ne peut s'habituer à l'autorité de sa tante et se crée un univers dans lequel sa mère, toujours vivante lui joue une musique au piano ou lui raconte des histoires. Un univers dans lequel elle est capable de tuer n'importe qui: son père par exemple qu'elle tient pour responsable de la mort de sa mère. D'ailleurs il y a deux Ana: la petite agée de 9 ans et la grande qui intervient à deux ou trois reprises et qui se remémore des souvenirs l'ayant marquée. Le film de Carlos Saura est intéressant car il montre au spectateur la perception que l'enfant peut avoir sur le monde des adultes. C'est là que l'on se rend compte que l'enfance n'est pas forcément la plus belle période de la vie. Mais personnellement je ne me suis pas senti réellement touché par cette histoire à dominance enfantine. Autre petite précision à apporter: il est préférable de regarder ce film en VO.
     Kurosawa
    Kurosawa

    583 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 4 mai 2019
    "Cria Cuervos" est perçu comme un grand film sur l'enfance sous l'unique prétexte qu'il montre cette période comme profondément douloureuse, aux antipodes de l'idée préconçue selon laquelle l'innocence serait préservée. Carlos Saura dévoile ce moment de notre existence comme une source de traumatismes que l'on ne comprend qu'à moitié et qui, de ce fait, accentuent l'incompréhension et la frustration. Regard plutôt juste mais qui ne va pas assez loin dans la subjectivité, le point de vue de Saura s'arrêtant trop sur les tensions entre adultes – vues à travers l'enfant, nous dira-t-on –, alors que le film est plus émouvant lorsque les trois filles sont seules à l'écran. "Cria Cuervos" s'emploie à jouer sur l'indistinction entre la mère décédée et la fille ou sur la présence de celle-ci lors de discussions auxquelles elle n'a sans doute pas assistées mais ces procédés demeurent en fin de compte artificiels, avant tout symptômes de la tentative volontariste du cinéaste de connecter l'enfant aux adultes. Trop peu de trouble et d'abstraction dans "Cria Cuervos" – quoi de plus étrange pourtant que l'esprit d'un enfant –, film qui à force de répéter mécaniquement ses effets dévoile sa véritable nature : un objet touchant par moments mais au fond très académique.
    EricDebarnot
    EricDebarnot

    205 abonnés 1 262 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 juillet 2014
    L'édition en format Blu-ray du chef d'oeuvre de Carlos Saura (oserait-on dire de son unique "bon film" ?) permet d'évaluer l'impact du temps passé - une quarantaine d'années quand même - sur une oeuvre largement politique : Carlos Saura, en nous racontant dans "Cría Cuervos" l'histoire d'une petite fille bouleversée par la mort de sa mère, voulait montrer la souffrance de l'Espagne lors des dernières années de la dictature franquiste. S'il y a fort à parier que le rôle symbolique de chacun des personnages, représentant bourreaux et victimes du système fasciste, passera désormais bien au dessus des têtes des spectateurs modernes, ces mêmes spectateurs retiendront évidemment l'incroyable présence (s'agit-il même d'une interprétation ?) de la petite Ana Torrent, ainsi que l'utilisation percutante du tube "Porque te vas". Mais Saura faisait aussi un beau travail de mise en scène pour nous guider de manière subtile, mais efficace, au coeur du labyrinthe mental de sa petite héroïne. "Cría Cuervos" nous réserve ainsi toujours de grands et beaux moments - originaux - de sensibilité, sachant suggérer l'indicible (la disparition des parents, le désir de mort et la culpabilité de l'enfant) avec une étonnante intelligence et une grande sensibilité.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 15 avril 2009
    Filmé sans artifices et avec une simplicité déconcertante, Carlos Saura nous offre une oeuvre d'une sincérité rare. Bon, je vais pas sortir les superlatifs, car d'autres l'ont déjà fait.
    Santu2b
    Santu2b

    249 abonnés 1 785 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 mai 2013
    Un proverbe espagnol dit "Cría cuervos y te sacarán los ojos", soit littéralement "Élève des corbeaux et ils te crèveront les yeux "! Un bon équivalent français pourrait d’ailleurs être "réchauffer un serpent dans son sein". En gros, cela montre que si par malheur il vous arrive au cours de votre vie de faire du bien à un ingrat, ce dernier finira irrésistiblement par se retourner contre vous. Une prophétie dont s’inspira le cinéaste Carlos Saura afin d’octroyer un titre à son long-métrage le plus connu, "Cría Cuervos" réalisé en 1975, soit au moment où l’Espagne franquiste vivait alors ses derniers instants. Film résolument politique avant tout, ce dernier est également l'un des long-métrages parmi les plus subtils sur l'enfance. Par l’intermédiaire d'Ana, fillette orpheline de dix ans, meurtrie depuis la mort de sa mère, s'établit ainsi la construction d'un monde sans ambages, loin des écueils habituellement attribués à cette période de la vie. Vision non-idéalisée, presque lugubre, d'où se tisse au final un remarquable jeu de miroir entre le globe enfantin et la fin d'un régime totalitaire. Une oeuvre majeure.
    kibruk
    kibruk

    145 abonnés 2 547 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 16 février 2011
    Pas inintéressant, mais pas très passionnant non plus, le film repose surtout sur une ambiance quelque peu inquiétante où se mixent réalité et imaginaire d'une enfant qui souffre de la perte de sa mère et de la rigidité de son milieu familial. Si le film peut être interprété comme une parabole sur une société bourgeoise franquiste à l'agonie, le lien avec l'histoire du pays n'est quand même pas évident.
    Nelly M.
    Nelly M.

    94 abonnés 525 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 novembre 2007
    Sorti en 1976, au paroxysme du franquisme (Franco mourra quelques mois plus tard). Revu dans sa version originale espagnole sous-titrée en novembre 2007. Pas une ride. Au point qu'il mériterait d'être plébiscité une nouvelle fois. Les productions des seventies vieillissent souvent par l'accoutrement, les coupes de cheveux, ici, rien de tel, chaussettes noires et jupes plissées peuvent figurer un uniforme d'aujourd'hui. D'autant que ce qui est dénoncé reste de toutes les actualités. Au plan technique, Carlos Saura est déjà très au point à cette époque (les effets espéciaux et la surcharge de plans n'apportent parfois rien de plus). Double discours, mais comme le plus recevable pour tous est aussi dense que l'autre, c'est un enchantement permanent, pour peu qu'on ait un brin de patience au tout départ, il faut rentrer progressivement dans cet univers... Bien filmé, repérable grâce à la chansonnette "Porque te vas", ça se passe dans le milieu militaire madrilène. Pas si austère que ça, sympathique même, mais attention au protocole. La petite Ana Torrent bouleverse toujours autant par ses grands yeux noirs. D'ailleurs, d'office, ce double deuil des trois fillettes sidère, on se dit que la folie va être leur lot. Nombreux flashs-back : scènes d'un réalisme à couper le souffle (entre autres, Géraldine Chaplin se tordant de douleur sous un regard qu'on penserait devoir ménager). Ce qui est décortiqué est assez dur dans l'ensemble, avec des passages plus légers (les seins de la gouvernante). De plus, la voix off annonce que la vie devrait, comme souvent, avoir le dessus... Un film beaucoup plus riche si on l'entend à deux niveaux. A propager pour avoir une idée de ce que fût le franquisme pour Carlos Saura. Et deviner comment pareil régime s'obtient à l'usure, la plupart du temps, avec la complicité collective...
    scorsesejunior54
    scorsesejunior54

    151 abonnés 694 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 janvier 2009
    Et dire que j'ai dû me retenir pour ne pas pleurer comme une madeleine... Ca aurait été la première fois, alors vous comprenez, je me devais de garder ma fierté ! "Cria Cuervos" a été réalisé par Carlos Saura en 1975 dans une période de libéralisation du régime Espagnol puisque Franco, déjà vacillant depuis plusieurs années, n'allait plus tarder à rendre l'âme (pour peu qu'il en ait eu une). Chronique décalée et atypique d'une enfance meurtrie, le film narre en fait l'existence glauque d'une fillette se créant son petit monde afin d'échapper à la réalité. Habile, le générique laisse défiler plusieurs clichés de notre héroïne à des époques différentes, quelquefois entourée de ses proches : cela permet au spectateur de très vite cerner la situation avant même que le film n'ait démarré ; on évitera ainsi les présentations d'usage. Drôle et terrifiante, la première scène rentre très bien dans l'oeuvre, attaquant frontalement son sujet et se posant comme le premier bout du puzzle constituant un scénario alambiqué et troublant mais ô combien passionnant. Les rêves de la petite fille se mélangent avec ses souvenirs, des instants qu'elle croit avoir vécu et qu'elle incorpore dans une vie dont elle ne parvient à saisir les limites. Les morts reviennent lors de séquences surréalistes dans l'esprit d'une gamine à l'imagination débordante. Et puis, quelquefois, "Cria Cuervos" repose les pieds sur terre, analysant sereinement et magnifiquement l'enfance, son ennui, ses instants de grâce. La musique emporte le public dans un amas d'images splendides, renforcées par une photographie sobre ayant très bien traversé l'épreuve du temps. Les fillettes sont bouleversantes de justesse et les adultes illustrent très bien le contraste entre les mondes séparés de deux générations. Carlos Saura que je découvre m'avait fait bonne impression avec "Vivre Vite" : il m'a plus qu'ému par l'intermédiaire d'un film puissant et déroutant, à voir et revoir par plaisir comme par souci d'analyse.
    ClashDoherty
    ClashDoherty

    228 abonnés 838 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 10 février 2007
    Superbe film, un des plus beaux sur le thème de l'enfance. La chanson "Porque te vas" sera pour beaucoup dans le succès international et le statut de culte du film. Mais la qualité énorme du film y est aussi pour beaucoup.
    jfharo
    jfharo

    55 abonnés 1 232 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 10 juillet 2009
    Un chef-d'euvre de Carlos Saura ,et le regard de la petite Anna Torrent reste jamais gravé dans ma mémoire .
    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    268 abonnés 1 639 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 juin 2013
    Dans la série des grands films sur l'enfance meurtrie, Cría Cuervos tient une place de choix. Ce n'est pas très gai, certes, mais si l'on n'est pas complètement déprimé d'avance, on ne peut qu'apprécier cette oeuvre hantée par la mort et par le souvenir. Un beau film triste. Ana Torrent, qui s'était déjà révélée dans L'Esprit de la ruche, de Víctor Erice, est inoubliable. La chanson "Porque te vas", devenue célèbre après la sortie du film, ajoute à l'émotion.
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 28 décembre 2009
    Une grande maison bourgeoise à Madrid, le quotidien de trois filles suite au décès de leurs parents, élevées par leur tante peu sympathique et une grand-mère handicapée. Ana refuse le monde des adultes et reste dans ses rêves où elle voit "imagine" voir sa mère. Témoignage intéressant du franquisme, grande sensibilité quant à la retranscription du monde de l'enfance et une merveilleuse petite actrice avec de grands yeux. Le film est porté par la chanson "Porque te vas", cependant le film a tout de même vieillit et malgré une grande maîtrise, les longueurs - langueurs ennuient le spectateur. Impression mitigée.
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