En français, « Dog pound » veut dire « Fourrière ». On peut alors logiquement penser que le titre fait référence à l’endroit où sont enfermés les chiens errants, en métaphore avec la prison pour délinquants juvéniles dans laquelle sont cloîtrés les héros de ce film. Que l’emprisonnement n’est certainement pas la solution aux problèmes rencontrés par ces gamins perturbés. C’est sans doute le message subliminal envoyé par le cinéaste franco-thaïlandais Kim Chapiron, qui, pour son deuxième long-métrage, le premier réalisé Outre-atlantique, frappe fort en s’attaquant à un rayon déjà bien peuplé : le film de prison. « Papillon » avec Steve McQueen et Dustin Hoffman, « Midnight express » d’Alan Parker, « Brubaker » avec Robert Redford, « Les évadés » avec Morgan Freeman et Tim Robbins, et plus récemment « Un prophète » de Jacques Audiard, ou encore la série TV « Prison break », la liste des succès et réussites est extrêmement longue dans cette catégorie que les cinéphiles aiment tant... Ici, Chapiron prend pour cadre un objet un peu moins fréquent sur grand écran, le centre de détention pour mineurs. Des adolescents violents, rebelles, paumés, marginaux et complètement immatures pour la grande majorité d’entre eux, sont les acteurs de son histoire, puissante et sans concession. Et pas des gangs, différenciables à leurs couleurs de peau et leurs tatouages, qui se livrent de mini-guerres d’intérêts, sous les yeux d’une institution corrompue qui préfère les fermer. On évite donc par la même occasion tous les clichés inhérents au genre. Et l’on se retrouve plongés de plein fouet dans l’enfer carcéral, en même temps que les trois personnages principaux. Et d’emblée, on sait très bien que personne n’en sortira indemne. Pas même nous.
Là où « Sheitan », le précédent opus de Chapiron, pêchait d’un gros manque d’intensité et d’efficacité, et de creux au niveau de son rythme, « Dog pound » tient lui la constante au niveau de la tension oppressante dont jouie le film. On ne connaît pas grand-chose de Butch, Davis et Angel, ainsi que de leurs compagnons d’infortune, et on se retrouve en immersion, enfermés avec eux. Imaginez-vous un instant vous retrouvez au beau milieu d’une immense cour de récré cloisonnée, et peuplée uniquement des plus dangereux gars que vous avez croisés tout au long de votre scolarité, et vous, vous êtes le petit nouveau qui débarque. Multipliez cette sensation par 1000, et c’est à peu près ce à quoi vous pouvez vous attendre dans ce genre d’établissements correctionnels. Humiliations, intimidations, provocations… Tout pour créer une ambiance tendue comme un… enfin tendue quoi ! Même si il est légèrement gros, et un peu tiré par les cheveux parfois, le scénario sent le souffre à plein nez, et, palpable dès les premières minutes, la pression va en augmentant, pour littéralement exploser au final. L’enchaînement de scènes de bagarres et d’élucubrations salaces de ces détenus en pleine puberté pourra peut-être en lasser certains. Mais il est nécessaire pour nous exposer l’ennui, le vide et le désespoir traversés par ces derniers. Les jeunes acteurs, pour la plupart non professionnels et même réellement délinquants, sont tout à fait épatants, si bien qu’on y croit à fond. Tiens, parlons juste de Adam Butcher. Il donne tellement d’amplitude à son personnage qu’il semble complètement habité ! Sa performance est à applaudir, tant l’évolution de son comportement au fil des jours qui passent est remarquable. Chapiron lui, donne au tout une atmosphère asphyxiante et nocive, pari qu’il avait déjà réussi dans « Sheitan ». Sa mise en scène, suivant de près ses personnages, étudiant leurs caractères et réactions, reste très sobre tout en étant très appliquée, beaucoup plus mature que ce qui avait été montré précédemment. Il ne tombe pas dans la facilité, et évite de sombrer dans la complaisance de la violence qu’il dénonce. Filmer avec soin et sans fanfare ou esthétisation à outrance, son « Dog pound » est un gros électrochoc par son propos et son récit. Il n’y avait donc bien pas besoin d’en faire plus.
Si vous aimez être secoué lorsque vous regardez un film, si vous aimez que ça vous prenne aux tripes et ne vous lâche pas jusqu’à arrêt complet du véhicule, si vous aimez les histoires brûlantes comme des charbons ardents, pleines de troubles et d’émotions fortes, ne cherchez pas plus loin, laissez vous tenter par l'expérience « Dog pound ».
D'autres articles sur des films divers et variés, avec critiques, photos et anecdotes, sur mon blog http://soldatguignol.blogs.allocine.fr/
Merci, à bientôt !!