Conseillé à partir de 6 ans. Ce film est actuellement disponible sur Disney+
Disney+ a mis en ligne plusieurs courts métrages qui faisaient initialement partie de Fantasia 3, un projet avorté du studio. Cette semaine, coup de projecteur sur le plus connu, Destino, nommé à l'Oscar du Meilleur court métrage d'animation en 2004. Long de 6 minutes 30, il est coréalisé par Dominique Monfery et Roy Edward Disney, et possède une histoire hors du commun.
Co-signée par Salvador Dalí et John Hench, l'histoire est tragique : Chronos, personnification du temps, tombe amoureux d'une mortelle. Chacun se cherche sur fond de la chanson mexicaine d’Armando Domínguez Destino, interprétée par Dora Luz. Le film repose essentiellement sur ses audaces visuelles et sa musique, pour un résultat hypnotique.
Mais comment Salvador Dalí s'est-il retrouvé à collaborer sur un court métrage Disney ? Et saviez-vous que malgré sa diffusion en 2003, le projet date en réalité des années 40 ?
La rencontre Dalí-Walt Disney
En 1941, le box-office européen est fermé aux Etats-Unis à cause de la Seconde Guerre mondiale. A la recherche d'un nouveau marché, Walt Disney lui-même part en Amérique du Sud afin de savoir s'il y a un public pour ses productions animées. Avec une équipe d'artistes, il produit Saludos Amigos et Les Trois Caballeros, des compilations de courts métrages animés reliés entre eux par des séquences lives soit documentaires soit musicales sur le pays. Pour le troisième long métrage de cette série, Walt imagine Carnival (autres titres évoqués : Surprise Package ou Cuban Carnival), dont les courts métrages concerneront le Brésil, la Colombie, Cuba et le Mexique. Et Destino est celui qui doit représenter le Mexique. Mais Carnival est annulé, et le court métrage disparaît des projets Disney.
Il est cependant relancé lorsque Walt rencontre Salvador Dalí en 1945 lors d'une soirée organisée par Jack Warner (à la tête de Warner Bros). Le contrat est signé le 14 janvier 1946, et Dali est engagé pendant deux mois pour travailler dans les studios Disney de Burbank. Artiste de génie se réclamant du mouvement surréaliste, Dalí ignore tout des techniques d'animation et crée des scènettes sans véritable fil rouge entre elles. Après huit mois de travail, il n'y a toujours pas de produit fini, et Walt Disney jette l'éponge.
Fantasia 3, la troisième chance
Il faut attendre 1999 qu'un Fantasia 3 soit envisagé pour que le projet soit déterré et terminé à partir des notes laissées par Walt et Dalí. Seules 15 secondes étaient terminées et disponibles, et c'est Roy Edward Disney, le neveu de Walt, qui après la sortie de Fantasia 2000, propose de ressusciter Destino pour l'intégrer à un futur Fantasia 3. La série des Fantasia repose sur l'idée de faire découvrir des musiques au jeune public. Le troisième opus s'intéressera aux musiques du monde et avec Destino, à la musique mexicaine.
Hélas pour Destino, décidemment projet maudit, Fantasia 3 ne verra jamais le jour, car le studio qui en avait la charge, situé en Floride, a été fermé pour raisons budgétaires (les films Disney récents n'avaient pas rapporté autant qu'espéré) et le projet disparut avec le studio.
Il sera diffusé en salles aux Etats-Unis en 2003, en avant-programme des Triplettes de Belleville, et présent dans les bonus du Blu-ray de Fantasia 2000. Sa mise à disposition sur Disney+ remet l'accent sur ce court métrage qui, sans payer de mine, est un petit morceau d'Histoire.
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