De quoi ça parle ?
Ancien présentateur d'une émission pour enfants, Jeff reste pour beaucoup de personnes "M. Pickles", une véritable icône du petit écran. Confronté à une crise familiale, l'ex-vedette ne peut compter sur les contes de fée pour le sortir d'affaires. La réalité du monde peut se révéler bien cruelle pour quelqu'un qui a longtemps incarné un modèle de gentillesse et de sagesse.
A quoi ça ressemble ?
Ça vaut le coup d'oeil ?
De premier abord, on constate que Kidding porte mal son nom, puisque la série ne prête pas vraiment à rire. Marquant les retrouvailles quatorze ans après Eternal Sunshine of the Spotless Mind (Oscar du meilleur scénario original) de Jim Carrey et Michel Gondry, Kidding est une dramédie mélodramatique diffusée depuis le 7 septembre dernier sur la chaîne câblée américaine Showtime, et dès le 11 septembre prochain sur Canal + Séries.
Centrée sur le quotidien de Jeff, plus connu sous le nom de Mr. Pickles dans l'émission à succès qu'il anime, Kidding est le portrait d'un homme au bord de la crise de nerfs, de sa famille dysfonctionnelle, dans une Amérique puritaine et conservatrice. Prisonnier de son image, Jeff est souvent confondu avec son double médiatique, une situation schizophrénique qui le plonge peu à peu dans une profonde crise identitaire.
Après une introduction des plus classiques (tous les codes de la fiction indépendante y sont réunis), le pilote de Kidding entreprend un virage dramatique inattendu, alors qu'un flash-back nous révèle qu'un accident de la route a coûté la vie à l'un des enfants de Jeff. Profondément marqué par ce deuil mais aussi par la séparation avec sa femme Jill (Judy Greer), Jeff doit pourtant mettre de côté ses émotions, alors que son producteur Seb (Frank Langella) lui interdit de consacrer l'une de ses émissions au thème de la mort.
Producteur et interprète principal de la série, la performance de Jim Carrey dans le(s) rôle(s) de Jeff et Mr. Pickles crève l'écran (de télévision), tant est si bien que la frontière entre la fiction et l'autobiographique est parfois difficile à cerner. Comédien le plus connu au monde dans les années 90, l'acteur canadien s'était ensuite essayé avec succès à un registre plus dramatique (Man on the Moon, The Truman Show, Le Nombre 23…) avant que des déboires d'ordre privé ne l'incitent à se retirer pour plusieurs années de la vie médiatique.
Pour ce retour sur le devant de la scène – et pour son premier rôle d'importance dans une série télévisée – Jim Carrey ne pouvait espérer de meilleur partenaire que Michel Gondry, qui lui avait offert avec Eternal Sunshine of the Spotless Mind l'un de ses meilleurs rôles. Dans cet exercice télévisé, le cinéaste français – qui a réalisé l’intégralité des épisodes – troque son style expérimental pour une approche plus classique, non pour autant dénuée d'inventivité et de poésie visuelle lors de certaines séquences, permettant ainsi d'accompagner au plus près les errances des personnages de la série.
Bien qu'elle ne brille pas par son originalité (le pitch de la série rappelle celui du film Crève, Smoochy, crève, bien que moins déjanté), Kidding est malgré tout une réussite à la hauteur des attentes, et il ne faudrait pas s'étonner de la voir nommée en début d'année prochaine dans les catégories Meilleur acteur, Meilleure comédie (format 30 minutes) ou encore Meilleure actrice de seconde rôle (pour Catherine Keener, impériale dans le rôle de la sœur de Jeff) des Golden Globes 2019.