Mon compte
    De Pulp Fiction à Anora, les 5 Palmes d'or US des 30 dernières années
    Yoann Sardet
    Rédacteur en chef depuis 2003 - Fan de SF et chasseur de faux raccords et d’easter-eggs, cet enfant des 80’s / 90’s découvre avec passion, avidité et curiosité tous types de films et séries.

    Le cinéma américain retrouve la Palme d'or avec "Anora" de Sean Baker, sacré ce samedi sur la Croisette. DE 1994 à 2024, retour sur les cinq victoires US à Cannes.

    Miramax / Le pacte

    La Palme d'Or 2024 est américaine et s'appelle Anora. Chef de fil du cinéma indépendant US, le cinéaste Sean Baker offre aux Etats-Unis leur première Palme depuis treize ans et le Tree of Life de Terrence Malick, sacré en 2011. Sur les trente dernières années, le cinéma hollywoodien s'est vu remettre la récompense suprême à cinq reprises par le jury cannois. Retour sur les cinq dernières des dix-sept Palmes made in USA.

    Cannes 2024 : Palme d'or pour le Pretty Woman moderne Anora, et deux prix pour le film de Jacques Audiard

    Quentin Tarantino, Palme d'or 1994 pour "Pulp Fiction"

    ANGELI-RINDOFF-GARCIA / BESTIMAGE

    "QT" est aujourd'hui un habitué de Cannes. En 1994, deux ans après avoir été révélé avec Reservoir Dogs en Séance Spéciale, Quentin Tarantino gagne ses galons de cinéaste avec Pulp Fiction, adressant au passage un doigt d'honneur légendaire à un spectateur mécontent.

    "Je crois que Pulp Fiction était un des derniers qu'on a vu", racontait le Président du Jury de cette 47e édition, Clint Eastwood. "J'ai été étonné que les membres du jury européen, en particulier, se soient mis à sauter de leur siège... quelques-uns d'entre eux se sont retournés et ont dit "c'est le meilleur film, c'est le meilleur du festival !" Moi je n'ai pas sauté de mon siège, j'étais encore pensif, mais j'ai dit que c'était un film vraiment intéressant. Le film est arrivé à un moment où nous avions besoin d'un peu d'excitation. Quand les membres du jury sont entrés dans la pièce des délibérations, tout le monde était unanime sur le fait que ce serait ce film".

    Trente ans après, le long métrage emmené par Uma Thurman, Samuel L. Jackson, John Travolta et Bruce Willis (pour ne citer qu'eux) figure parmi les films résolument culte et incontournables de tous les cinéphiles. Et Tarantino est devenu à son tour président du Jury dix ans plus tard, en 2004.

    Gus Van Sant, Palme d'or 2003 pour "Elephant"

    LAPRESSE / BESTIMAGE

    En 2003, Gus Van Sant fait coup double à Cannes. Le cinéaste américain remporte la Palme d'or et le Prix de la mise en scène pour Elephant, qui suit plusieurs lycéens à travers des plans-séquences éthérés et fascinants, alors qu'une tuerie perpétrée par deux de leurs camarades survient dans leur établissement.

    Tourné dans un vrai lycée, avec des comédiens non-professionnels, Elephant est une claque, qui fait évidemment écho à la fusillade de Columbine survenue quatre ans plus tôt. "C'était juste un regard différent sur le sujet", expliquait le réalisateur. "On n'avait jamais eu autant de fusillades dans les écoles américaines. Je voulais faire quelque chose qui essaierait de rendre l'état d'esprit des jeunes qui allaient à l'école à cette époque".

    "Toutefois, nous ne voulions pas expliquer quoi que ce soit. Le public doit se demander comment de telles choses peuvent se produire. J'ai surtout cherché à présenter une impression poétique plutôt que de dicter aux spectateurs ce qui s'est passé et ce qu'il faut en penser". Avant le tournage, il avait notamment vu (et aimé) le documentaire Bowling for Columbine d'un certain Michael Moore...

    Michael Moore, Palme d'or 2004 pour "Fahrenheit 9/11"

    BORDE-JACOVIDES / BESTIMAGE

    Sous la présidence de Quentin Tarantino, la Palme d'or 2004 est historique. Quarante-huit ans après Le Monde du silence, un documentaire reçoit la récompense suprême sur la Croisette : Fahrenheit 9/11 de Michael Moore. A ce jour, ce sont les deux seuls documentaires sacrés le Festival de Cannes.

    Michael Moore, plébiscité pour Bowling for Columbine deux ans plus tôt (Prix du 55ème Festival de Cannes), livre ici un brûlot anti George W. Bush, qui brasse des événements majeurs de l'histoire politique américaine contemporaine de son élection controversée à l'intervention américaine en Irak, en passant par les attentats du 11 septembre 2001.

    Revendiqué comme un acte politique visant à la non-réélection de Bush à la présidence des Etats-Unis (il sera pourtant réélu en novembre 2004), le long métrage divise (d'autant qu'il est distribué par Harvey Weinstein, proche de Tarantino) mais remporte un succès mondial. Avec 222 millions de dollars de recettes, il est longtemps resté le plus gros succès de tous les temps au box-office pour une Palme d’Or (devant... Pulp Fiction) avant d'être dépassé par Parasite en 2019.

    Terrence Malick, Palme d'or 2011 pour "The Tree of Life"

    Guillaume Gaffiot/Bestimage

    Ne cherchez pas à le reconnaître : Terrence Malick n'est pas sur cette photo. Fidèle à sa réputation de cinéaste secret fuyant toute médiatisation, le réalisateur américain avait laissé ses producteurs Dede Gardner et Bill Pohlad recevoir la Palme d'or 2011, décernée par le jury du 64e Festival présidé par Robert De Niro.

    Poème en images, qui s'intéresse à l'intime (la famille) au grandiose (la naissance de l'univers), The Tree of Life est une oeuvre aussi belle (et même à couper le souffle) qu'elle est inclassable, où Brad Pitt et Sean Penn sont (presque) éclipsés par une certaine Jessica Chastain, alors propulsée sur le devant de la scène grâce à son interprétation.

    Pompeux ou magistral, puissant ou incompris, le long métrage divise. Mais il s'est imposé comme une oeuvre incontournable de l'histoire de Cannes, et du 7e Art en général, intégré aux cinq films conseillés par la prestigieuse université d'Harvard à ses étudiants.

    Sean Baker, Palme d'or 2024 pour "Anora"

    Olivier Borde / Bestimage

    Amour, espoir, énergie, mélancolie et humanité : il y a tout ça dans Anora, la Palme d'or 2024 signée Sean Baker. Ce conte de fée dans le milieu du striptease, aux allures de Pretty Woman moderne, a embarqué le Jury présidé par Greta Gerwig, et définitivement consacré le cinéaste comme le nouveau chef de fil du cinéma indépendant américain.

    Âgé de 53 ans, Sean Baker est l'auteur de six longs métrages. Dont trois sont sortis dans nos salles : Tangerine, boule d'énergie tournée à l'iPhone et qui a commencé à attirer sur lui l'attention des cinéphiles hexagonaux ; The Florida Project, qui lui a valu sa première participation à Cannes, à la Quinzaine des Cinéastes ; et Red Rocket, avec lequel il a fait ses débuts en Compétition en 2021.

    Ses deux sujets de prédilection : les travailleurs et travailleuses du sexe, et les laissés-pour-compte outre-Atlantique, et une volonté de s'emparer des codes des contes pour déconstruire le rêve américain. Cinéaste jusqu'ici confidentiel dans l'Hexagone (son plus gros succès n'a pas dépassé les 200 000 entrées), Sean Baker devrait enfin toucher un large public avec cette Palme d'or.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top