La neige n'a cessé de tomber sur Gérardmer. Difficile dès lors pour les festivaliers de résister aux sirènes des salles de projection de "Fantastic'Arts", Casino ou Salle du Lac. D'autant qu'après une ouverture prometteuse (Darkness), le Festival propose multitudes de longs métrages, dont trois en compétition.
"Dead end" : la mort au bout du chemin
Horreur quasi-parodique au menu tout d'abord avec Dead end, signé du duo français Jean-Baptiste Andrea / Fabrice Canepa, et présenté en compétition officielle. Une oeuvre au parcours particulier (prévu tout d'abord en français pour un budget d'à peine 6 000 euros pour finir de l'autre côté de l'Atlantique), au scénario biscornu (une famille partie pour fêter Noël se perd sur une route sans fin et meurtrière), et à l'humour gras assumé. Revendiquée par les deux réalisateurs, l'influence lynchéenne se fait ressentir dans une multitude de petits détails, agrementée d'un ou deux séquences sanglantes du plus bel effet. Un peu d'air frais dans une production de genre parfois un peu stéréotypée...
"May" : l'amour clinique
Horreur clinique ensuite avec l'Américain May, lui aussi en compétition et déjà remarqué sur d'autres pentes enneigées, celles de Sundance. L'étrange au programme pour cette histoire au ralenti d'une jeune fille légèrement allumée qui décide littéralement de "se faire un nouvel ami". Loin de céder au "tout gore" si l'on excepte un dernier quart d'heure bien appuyé, le metteur en scène Lucky McKee, qui signe là son deuxième long, se penche plutôt vers les tourments de sa May et d'une certaine façon de l'adolescence en général. Le malaise généré par l'accomplissement de l'oeuvre de May n'en est que plus profond.
"Doctor Sleep" : enquête hypnotique
Thriller classique pour Goran Visnjic et son Doctor sleep, toujours en compétition, dans lequel le docteur Luka Kovac de la série Urgences incarne un hypnotiseur chargé de retrouver le kidnappeur d'une petite fille. Que du très classique sur l'écran, avec un cocktail de mystérieux passé caché qui ressurgit au fur et à mesure de l'enquête, d'organisation sectaire et de police incompétente. Solide, mais sans doute un peu trop sage pour arracher les frissons.
"Deathwatch" : les tranchées de l'horreur
Horreur historique pour finir avec Deathwatch, premier film de l'Anglais Michael J. Bassett, dont le cadre pour le moins original, les tranchées de la Première Guerre mondiale, mérite presque à lui seul le déplacement. Boue, cadavres et rats annoncés donc, pour une patrouille anglaise perdue dans une tranchée ennemi. Et comme si l'horreur de la Grande Guerre ne suffisait pas, la voilà menacée par une entité maléfique qui pousse les soldats à se retourner les uns contre les autres. Doté d'un budget limité, Deathwatch fait preuve d'imagination, voir d'un certain sadisme, pour distiller sa menace, avec le jeune Jamie Bell (révélation de Billy Elliot) et Andy Serkis (Gollum dans Le Seigneur des anneaux) en tête de peloton. De quoi terminer en beauté avant de retrouver d'autres frissons, ceux provoqués par la neige incessante. Mais, promis, demain s'annonce meilleur...
Thomas Colpaert
Le site officiel du 10e Festival "Fantastic'Arts" de Gérardmer