"Spirit, l'étalon des plaines" sur Cinéstore
Un français chez DreamWorks. Un rêve que Sylvain Deboissy, jeune animateur, a réalisé en participant à l'élaboration du nouveau film d'animation de la société portée par Jeffrey Katzenberg et Steven Spielberg : Spirit, l'étalon des plaines. Rencontre avec un jeune homme à peine trentenaire au parcours idyllique.
AlloCiné : Quel a été votre parcours pour parvenir à travailler chez DreamWorks Pictures ?
Sylvain Deboissy : Mon parcours a été assez simple. J'ai d'abord fait mes études aux Gobelins un peu par hasard, car je souhaitais plutôt être décorateur cinéma. A la fin de mes deux années d'études, une superbe opportunité se présente : Disney monte un studio à Montreuil. Comme Disney se fournit beaucoup aux Gobelins, j'ai été pris et j'ai alors travaillé six ans chez eux à Montreuil, d'abord comme assistant réalisateur, puis comme animateur sur des séries comme La Bande à Picsou ou Winny l'Ourson, et enfin sur Le Bossu de Notre-Dame. J'ai ensuite intégré une petite structure ou j'ai travaillé sur des publicités ainsi que sur le story-board du film Les Couloirs du temps, les visiteurs 2. DreamWorks m'a alors proposé de venir travailler sur l'élaboration de La Route d'Eldorado, où j'ai été chargé de superviser un personnage du film, un jaguar en pierre. Ensuite, ils m'ont contacté pour la production de Spirit, où j'ai supervisé le personnage de la mère.
Quelles sont les différentes étapes dans la production d'un film d'animation comme "Spirit, l'étalon des plaines" ?
Tout d'abord, la légende veut que le producteur Jeffrey Katzenberg ait eu l'idée de faire un film sur les chevaux quand, au volant de sa Mustang, il a regardé le logo de sa voiture, qui représente justement un cheval. Cet homme, c'est le pouvoir, le Roi Soleil. Il dit un truc et tu as tout l'exécutif autour qui se met au travail. Quand il est arrivé avec cette idée, on a recherché un réalisateur et un scénariste. Le scénario est ce qu'il y a de plus important. Dès que le scénario est prêt, une équipe de développement visuel travaille sur le story-board à partir du script. Une fois le story-board achevé, les équipes de décoration et d'animation se répartissent les scènes. J'ai ainsi supervisé le personnage de la mère, avec une équipe d'animateurs derrière moi, mais j'avais également des scènes à animer, notamment celle de l'accouchement. Il y a ensuite des dessins intermédiaires effectués par un intervalliste. Puis on filme le tout, on scanne, on met en couleurs sur le décor, on raccorde les scènes et on obtient un résultat fini.
Avez-vous effectué des recherches sur le milieu équestre pour les besoins du film ?
Oui. Nous avons suivi un stage intensif de deux mois avec des vétérinaires dans un centre équestre, avec des cours sur le comportement des chevaux ou sur leur anatomie qu'il a ensuite fallu adapter à l'animation. Le plus difficile, comme les chevaux ne parlent pas dans le film, était de leur faire exprimer des émotions. Pour cela, il faut savoir tricher tout en restant très réaliste.
D'Europe, nous avons une vision assez rigide d'un grand studio américain. Est-ce vraiment le cas ?
Pas du tout, c'est très souple. DreamWorks a construit une sorte de campus, un petit village avec une rivière, des cascades, une caféteria gratuite où tout le monde mange ensemble... C'est très éclectique, il y a des gens de toutes les nationalités. Il y a environ 80% d'artistes et ce sont des gens qui viennent en short, en sandales... Ce n'est pas strict, c'est très artistique, avec des gens iroquois, avec des cheveux longs... C'est très différent d'un studio de films "classiques" où il y a des producteurs en costumes. Dans un studio d'animation, en tout cas chez DreamWorks, c'est beaucoup plus relax...
Propos recueillis par Clément Cuyer