Le réalisateur Steven Spielberg et le comédien Tom Cruise étaient à Paris le 24 septembre dernier pour promouvoir le thriller futuriste Minority report (en salles le 2 octobre). Retour sur la conférence de presse de deux géants du septième art.
Un autre film de science-fiction après A.I. Intelligence artificielle
Steven Spielberg : Ce qui m'inquiétait était le fait qu'il s'agissait de deux films ayant lieu dans le futur. J'avais peur que les spectateurs ne suivent pas, j'avais peur de les embrouiller et qu'ils me croient parti sur un trip science-fiction. Mais ce n'était pas le cas. J'avais éprouvé la même crainte après Rencontres du 3e type, quand j'avais réalisé E.T. l'extraterrestre deux ou trois ans plus tard. Je me suis dit : "Attention ! Je viens de tourner deux films sur les extraterrestres et les ovnis. Est-ce une bonne idée ?" Quelquefois, les réalisateurs ont tendance à faire des trilogies et des... comment on appelle ça... des "double hitters", comme en base-ball. Je trouve ça bien en fin de compte : quand on se penche sur un sujet précis, très souvent, on n'a pas envie de passer à autre chose tout de suite. Quelquefois, je suis tellement plongé dans un projet que j'ai envie de m'y attarder un peu plus longtemps. Autrement dit, je n'ai pas envie de sortir de l'eau parce qu'elle est bonne.
La complexité de "Minority Report"
Steven Spielberg : De nombreuses scènes dans le film ont été compliquées à diriger parce que ce film a quelque chose d'un miroir. C'est comme s'il y avait un film dans un film, dans un film... Il y a plusieurs histoires en une. Il faut faire très attention aux différents écrans parce qu'une grande partie de l'intrigue et du mystère s'y trouve. Les indices pour résoudre l'énigme s'y trouvent. Nous devions non seulement filmer l'intrigue, mais aussi les écrans. Nous devions continuellement nous rappeler à l'esprit : "Sommes-nous en train de filmer une des histoires secondaires ou l'intrigue principale ?" Tom et moi discutions sans cesse de ça, car c'est une histoire extrêmement compliquée à raconter, d'ailleurs une des plus compliquées que j'ai jamais eu à raconter.
Tom Cruise : son admiration pour Steven Spielberg
Tom Cruise : Tout d'abord, cela fait des années que je connais Steven. Il a toujours été un grand ami et m'a toujours encouragé dans mon métier d'acteur. Quand nous avons commencé à travailler sur ce film, j'étais impatient de travailler avec lui pour voir ce que c'était de faire un film dirigé par Steven Spielberg. Si vous regardez la nature de ce film, si vous regardez la complexité des personnages et de l'intrigue... visuellement, c'est un réel défi pour le réalisateur que d'avoir une vue d'ensemble, en se demandant : "Comment vais-je m'y prendre ?" Nous avons créé un monde de toute pièce. La liberté, la vitesse et la précision avec lesquelles il a réalisé ce film sont absolument stupéfiantes à mes yeux d'acteur. La maîtrise qu'il possède de son art et son talent de conteur sont extraordinaires. À le regarder, cela paraît facile. Même en ayant travaillé avec lui sur le plateau, il vous donne l'impression que c'est facile. Il suffit de regarder la composition de ses plans. Il n'a jamais perdu l'histoire de vue, tout comme il n'a jamais perdu de vue ses acteurs et les personnages. Je veux que ça se sache. J'ai joué dans de nombreux films, j'ai travaillé avec de grands réalisateurs, mais je n'ai jamais vécu une telle expérience.
Steven Spielberg / Tom Cruise : une véritable complicité
Tom Cruise : J'ai pleinement profité des moments passés avec Steven. J'étais en principe le premier sur le plateau, à l'exception de Steven, qui était toujours là avec moi. J'ai adoré ces moments que nous avons passé à nous promener sur le plateau. (...) Nous arrivions avant l'équipe de tournage. Simplement pour être présent sur le plateau... J'avais envie de lui apporter mon soutien. Quelquefois, nous parlions de sport ou de nos enfants, de nos familles, ou encore de la journée de travail à venir. Ça m'apportait toujours quelque chose... Puis il glissait une idée quant au personnage, une idée qu'il lui venait soudainement. Je trouvais cela très reposant et ça faisait partie du rituel de réalisation de ce film. Ça m'a beaucoup aidé quant à mon personnage. Travailler avec lui me procurait une sensation d'aise.
Steven Spielberg : une apparition dans Austin Powers dans Goldmember
Steven Spielberg : C'est vrai, je fais une apparition dans le film ! Je suis un réalisateur que tout le monde semble connaître dans le monde entier, mais mes propres enfants ne me respectent pas ! Pour gagner leur respect, il faut que je fasse une apparition dans Austin Powers dans Goldmember. C'est bien la première fois en quinze ans que j'ai leur respect, tout ça parce que j'apparais dans ce film ! Ils n'avaient que faire de La Liste de Schindler ou de Il faut sauver le soldat Ryan. Ce qui semblait leur importer était le fait que je sois dans Austin Powers 3 !
Steven Spielberg : (en français dans le texte, et enthousiaste) "Oui, oui. Indiana Jones 4. Oui !" Harrison Ford, George Lucas et moi-même seront de la partie. Frank Darabont est actuellement en train d'écrire le scénario. C'est lui qui a réalisé Les Evadés et La Ligne verte. C'est un excellent réalisateur, un superbe scénariste. Le tournage est prévu pour mai 2004 et le film devrait sortir en salle aux États-Unis au cours de l'été 2005.
Propos traduits par Camille Joubert
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