Retrouvez l'interview de Neil LaBute sur notre site spécial Deauville
Un changement de style ?
Neil LaBute : Ce changement a été guidé par le livre. Je l'avais lu et avais adoré. Alors, quand l'occasion d'en faire un film s'est présentée, je n'ai pas hésité une seconde. Et, si ce film est si différent, c'est à cause de la gravité du roman. En tant que lecteur, j'ai absolument adoré le roman et je voulais lui rester fidèle. Je ne voulais pas tomber dans le piège de garder le squelette de l'histoire, tout en la modifiant pour que cela ressemble davantage à mon style de films. Bien au contraire, je voulais préserver cette même magie qui m'avait envoûté quand j'avais lu le roman. Tous les aspects passionnés, moins cyniques et autres ne viennent pas de moi, mais de son auteur, A.S. Byatt.
L'humour toujours
L'humour vous permet de guider le public là où vous voulez. Plus vous les mettez à l'aise, en leur montrant de belles personnes, en leur racontant quelques blagues, plus vous les amadouez et pouvez les emmener là où bon vous semble. L'humour est un outil fort efficace quand vous écrivez un film ou une pièce de théâtre.
Du présent au passé
Il faut trouver un langage qui plaise à tout le monde. Dans Possession, il y a donc deux histoires parallèles. Par moments, il est possible de passer de l'une à l'autre sans difficulté. Mais, quand les personnages se retrouvent physiquement au même endroit, même si 150 ans les séparent, nous avions à coeur de créer quelque chose de parfait et unique. Alors, Jean-Yves Escoffier, directeur de la photographie, et moi avons décidé qu'au lieu d'essayer de tout filmer scène par scène, il serait pas mal de tenter une autre approche, celle de passer d'une époque à l'autre en un simple mouvement de caméra, ou encore, par exemple, en reculant les murs pour laisser place à quelque chose de plus contemporain. C'était amusant de chercher un langage qui puisse s'appliquer aux deux histoires et qui soit tout aussi romantique, peu importe l'époque.
Filmer l'ère victorienne
De nombreuses personnes ont déjà travaillé sur ce genre de film. Notre costumière a remporté un Oscar, tout comme la chef décoratrice. Jean-Yves, qui est français, n'avait encore jamais travaillé sur un film d'époque, tout comme moi, qui suis américain. Alors, en regroupant tout ce monde, on acquiert un style inédit. Vous regardez le passé, en vous disant : "J'aime bien ça. Néanmoins, je n'ai pas envie qu'on en fasse une réplique exacte. Je veux y ajouter une touche personnelle". C'est pourquoi, je pense que nous avons accompli quelque chose de différent.
Tourner avec Aaron Eckhart
Nous avons fait connaissance à l'université. Nous étions amis bien avant de travailler ensemble. Nous nous entendons bien. J'ai beaucoup de respect pour son talent et réciproquement. C'est un métier suffisamment difficile comme ça, où l'on rencontre continuellement de nouvelles personnes. Alors, c'est toujours sympa de pouvoir compter sur quelqu'un que vous connaissez et en qui vous avez confiance. En fin de compte, je dois trouver des excuses pour ne pas mettre Aaron Eckhart dans tous mes films !
Propos recueillis par Thomas Colpaert et traduits par Camille Joubert