Belgique :
Les journaux belges titrent tous sur le prix d'interprétation masculine remporté par l'acteur belge Olivier Gourmet.
La Meuse publie un article de synthèse et une interview du comédien, Le Libre Belgique brosse son portrait et Le Soir livre un reportage sur le retour d'Olivier Gourmet à Mirwart, son village natal. Ce journal fait également une analyse critique de l'ensemble du palmarès.
La Meuse : "Cocorico ! La Croisette s'est teintée une fois de plus de noir-jaune-rouge, dimanche avec ce prix de la meilleure interprétation masculine attribuée au Belge Olivier Gourmet"
La Libre Belgique : "L'homme sait d'où il vient et voue un attachement indéfectible à sa terre, les horizons vallonnés de Mirwart, village ardennais de son enfance ; celui aussi où Olivier, madame et leurs enfants, accueillent les visiteurs de passage et autre randonneurs dans leur hôtellerie."
Le Soir : "Le Pianiste, de Polanski, est un mauvais accord du jury de David Lynch qui lui donne la Palme d'or. Mais nous dégustons le prix d'interprétation au Belge Gourmet (Le Fils), cent fois mérité."
"David Lynch et son jury ont manqué de courage en donnant la Palme d'or au Pianiste, de Roman Polanski... Une fausse note. Un vote de consensus pour une réalisation trop lisse, académique, convenue et sans l'audace passée du cinéaste de Répulsion; même si son thème, le génocide des Juifs, doit être buriné encore et encore, et à jamais, dans nos mémoires.
"Haro sur ce jury ! Et bravo pour ce jury ! Non par chauvinisme. Mais l'acteur belge Olivier Gourmet, mis en compétition avec Jack Nicholson, Adrien Brody et Ralph Fiennes, a été réellement le plus grand comédien de ce 55e festival. Juste. Dense. Vrai. Humble."
Finlande :
Le Helsingin Sanomat revient sur le Grand Prix du jury et le Prix d'interprétation féminine de Kati Outinen obtenus par L'Homme sans passé d'Aki Kaurismaki.
Le Helsingin Sanomat : "Pour une fois, les rumeurs faisant du film le favori des critiques et du public sont devenues bien plus qu'une simple prétention locale. Un coup d'oeil à la presse suffisait pour s'en convaincre."
"L'accueil critique de Cannes et maintenant ces prix vont sûrement augmenter les ventes internationales du film et redonner une nouvelle vie aux anciens films de Kaurismaki.
Allemagne :
L'Allemagne a quelque peu boudé le palmarès d'une compétition qui ne comportait aucun film germanique. Egratignant au passage l'ensemble des films présentés.
Die Welt : "Le monde du cinéma allemand, exclu pour la neuvième fois successive de la plus grande fête internationale du film, commence à changer d'attitude. Après des phases de fierté blessée, d'introspection rêveuse et de calme résignation, domine maintenant la réaction du fêtard qui se fait refuser l'entrée d'une discothèque à plusieurs reprises mais qui ne comprend toujours pas pourquoi le cerbère qui se tient devant la porte le rejette irrémédiablement."
Spiegel: "Lors du festival à Cannes beaucoup de réalisateurs se sont plongés dans la misère sociale - et ils laissent le spectateur effrayé: l'état du cinéma mondial est encore pire que celui du monde."
Autriche :
Les journaux autrichiens ont suivi sporadiquement le Festival de Cannes, accordant malgré tout une place de choix à la sélection officielle.
Der Standard: "Le dernier week-end du Festival de Cannes s'est terminé dans l'ennui et avec la présentation de travaux conventionnels malgré une sélection officielle riche et impressionante dans l'ensemble. Bien avant la cérémonie de clôture, le film d'Aki Kaurismaki L' Homme sans passé apparaissait comme le favori du public et de la critique."
Suisse :
Les critiques suisses ont apprécié la sélection officielle, un peu moins le palmarès.
L'Impartial: "Pour une fois, le Palmarès du 55e Festival reflète parfaitement ce qu'a été la sélection officielle, partagée entre des films d'histoire et des films de cinéma. Le président David Lynch l'a précisé en ouverture de la cérémonie, hier soir: "Même si le monde qu'il dépeint est en plein tourment, le cinéma qu'il présente est bien vivant. Nous n'avons pas eu assez de prix pour exprimer tous nos coups de coeur; mais nous sommes heureux de nos choix que nous partageons tous."
Le Temps : " Quel que soit le palmarès, la 55e édition du Festival de Cannes aura été marquée par une compétition de grande qualité, sans aucun déchet, malgré quelques déceptions comme L'Adversaire de Nicole Garcia, qui brosse un portrait sans point de vue de l'assassin mythomane Jean-Claude Romand (Daniel Auteuil faisant du Auteuil) ou All or nothing de Mike Leigh, l'Anglais matois qui a de plus en plus tendance à confondre misère sociale et cheveux gras. Cette cuvée de prestige regroupait à la fois les premiers de classe des festivals (les plusieurs fois médaillés Kiarostami, frères Dardenne ou Ken Loach), les auteurs atypiques (Paul Thomas Anderson, Michael Winterbottom, Alexander Payne) et les provocateurs professionnels, tels le documentariste américain Michael Moore ou le Français Gaspar Noé que les festivaliers ont pris plaisir à bouder après avoir fait monter la sauce du scandale. "
Grande-Bretagne :
Sceptiques sur le palmarès comme le reste des médias, les journaux britannique se félicitent cependant de la victoire de l'un des leurs, Paul Laverty, récompensé pour le scénario de Sweet sixteen réalisé par Ken Loach.
The Herald: "Laverty, ancien avocat pour les droits de l'homme, débuta son discours de remerciements en français, en rendant hommage à l'alliance, vieille de nombreux siècles, entre la France et l'Écosse. Puis, il est revenu à sa langue maternelle pour dire : "Je suis content que mon professeur de français ne soit plus de ce monde, car, sinon, je crois que mon discours aurait fini de l'achever." Plus gênante que la prononciation de Laverty fut la décision du Jury d'attribuer la Palme d'Or – le plus prestigieux des prix cannois – à Roman Polanski pour son film, Le Pianiste."
The Guardian: "Certains critiques ont laissé entendre que ce prix (La Plame d'or du Pianiste, NDLR) aurait été un geste de conciliation de la part du Jury cannois, présidé par le réalisateur américain David Lynch ; en effet, certaines associations juives avaient demandé aux cinéastes de boycotter le festival, compte tenu du fait qu'un électeur sur trois avait voter pour le Front National de Jean-Marie Le Pen. (...) Face à une compétition des plus sélectives depuis longue date, dont une demi-douzaine de films auraient pu prétendre à la Palme d'Or, David Lynch et son jury international semblent avoir fait ce choix au hasard, choix n'étant pas le meilleur d'après de nombreuses personnes. La rumeur court même que Lynch, loin d'être du genre classique en ce qui concerne ses propres films, a préféré une approche conservatrice quant aux autres cinéastes. "
Etats-Unis :
Aux Etats-Unis également, le palmarès de David Lynch et de son jury étonne toujours et déçoit souvent.
E!Online: "Aux dires de tous, la 55e édition du Festival de Cannes a été au centre de nombreux débats, avec une majorité des 22 films en lice perçus comme étant dignes d'un prix. À l'approche des festivités de clôture de dimanche, aucun favori ne s'était détaché des autres films en compétition. Même David Lynch, président du Jury, fort de huit personnes - y compris Sharon Stone et Michelle Yeoh - a avoué que le choix final n'avait rien eu de facile."
Variety: "En remportant un victoire qui ressemble davantage à un Oscar qu'à une Palme d'Or, Roman Polanski a marqué son grand retour avec son dernier film, Le Pianiste, couronné du plus prestigieux prix du Festival de Cannes (...). Bien que ne faisant pas l'unanimité au sein de la critique, à la suite de projections de vendredi, cette grosse production était perçue comme étant le film le plus classique de la compétition, si ce n'est le seul."
Canada :
Le Toronto Sun revient sur la déception qui a suivi l'annonce du palmarès.
The Toronto Sun: "Le lauréat provoqua la surprise et des réactions mitigées, surtout de la part des journalistes européens, qui huèrent véhémentement la décision."