Personnage de légende, Jesus Franco, 71 ans, peut s'enorgueillir d'une filmographie aussi prolifique que celle d'un John Ford ou d'un Raoul Walsh. Plus de 170 réalisations au total, signées de l'un des soixante pseudonymes (parmi lesquels Jess Frank ou encore Jack Griffin) dont il usa au cours d'une carrière débutée sous le signe de l'horreur (L' Horrible Docteur Orlof). Mêlant l'érotisme à l'épouvante (Les Avaleuses), passant allégrement du polar à l'anticipation, adaptant des classiques de la littérature fantastique (Les Nuits de Dracula), faisant même quelques incursions, à son corps défendant, dans le porno, Jesus Franco s'est imposé comme la maître incontesté du cinéma bis, qu'il sert avec respect et un enthousiasme inaltérable.
Cinéphile fou dès sa plus tendre enfance, Jesus Franco ne cessa de rendre hommage à ses glorieux aïeuls et à ses pairs, de Fritz Lang à Godard. Le réalisateur ne se contenta pas d'admirer, il suscita également l'intérêt de ses modèles. Ainsi, Orson Welles lui offrit de superviser la deuxième équipe de tournage sur Falstaff.
Vendredi 2 novembre, des centaines cinéphiles s'était fixé rendez-vous devant la salle de la Cinémathèque Française à Paris pour assister à l'hommage rendu à Jesus Franco, l'idole. Tous ne purent rentrer.
L'un de nos journalistes a tout de même pu se frayer un passage dans cette foule et a rencontré la légende. Interview.
Romain Gadiou et Vincent Garnier
