Depuis plus de 50 ans, Dev Anand, star du cinéma kitch "bollywoodien", alimente le box-office indien de ses succès à répétition. Acteur-réalisateur infatiguable, de Gangster à Censor, ses films plaisent parce qu'ils collent à l'actualité du moment. S'inspirant des gros titres de l'information, il s'apprête à tourner un long métrage sur le récent massacre perpétré contre la famille royale népalaise, qui a eu lieu le 1er juin dernier. Ce projet, évalué à 2,97 millions de dollars, lui tient d'autant plus à coeur que le cinéaste comptait parmi les proches du roi Birendra et de la reine Aishraiya.
Bien que les circonstances de ce drame restent mystérieuses, le scénario tentera d'expliquer comment et pourquoi le prince héritier Dipendra, sous l'emprise de drogues et d'alcool, a assassiné 10 membres de sa famille avant de se suicider... Le script achevé, Dev Anand est à la recherche de nouveaux visages susceptibles d'interpréter les rôles principaux ; lui-même devrait figurer au casting. Actuellement en repérages à Katmandou, il désire tourner au plus vite pour que son film puisse sortir en fin d'année.
Considéré comme le Gregory Peck indien, Dev Anand, 78 ans, s'est fait connaître dans des rôles de jeunes premiers. Parfaite incarnation du héros romantique, son physique de play-boy lui vaut encore l'admiration de la gente féminine, tandis que son esprit contestataire séduit les foules. Une célébrité qui ne lui fait pourtant pas perdre de vue ses valeurs et son enfance passée dans la banlieue pauvre de Gurdaspur. Très attaché à ses racines, il se sert du cinéma comme d'un "vecteur représentatif de la culture de son pays". La reconstitution de ce drame, qui survient à un moment crucial de l'histoire du Népal, ensanglanté depuis cinq ans par une guérilla maoïste, apportera une nouvelle pierre à son édifice.
A.Z.