Depuis le 19 septembre, le Forum des images propose un cycle "rouge". Dans le cadre de cette thématique, est proposée dimanche 15 octobre une journée spéciale "vampires". 15 jours avant Halloween, c'est l'occasion d'aller frissonner devant quelques-uns des meilleurs films d'épouvantes mettant en scène les vampires. Et pour couronner le tout, une célèbre marque de ketchup sponsorise l'événement : amusant, non ?
Le thème
Pourquoi un tel choix ? Dès ses débuts, le cinéma s'est approprié le mythe, pour en donner sa vision, et l'imposer pendant des générations.
Petit rappel : un vampire est un mort, censé sortir de son tombeau pour venir sucer le sang des vivants. La tradition veut que ceux qui ont été victimes des vampires deviennent vampires à leur tour : ils sont à la fois vidés de leur sang et contaminés. Le vampire tue alors l'être vivant en lui prenant sa substance, et ne survit que par sa victime.
Si le mythe du vampire doit son éclatante célébrité au cinéma, il la doit plus précisément au personnage de Dracula, issu du roman éponyme de Bram Stoker. Sous diverses variantes, le célèbre comte a le plus inspiré les réalisateurs. Leur vision du personnage, fruit de leur imaginaire, a contribué à installer dans l'inconscient collectif une certaine image du vampire. Dracula, héros romantique, était un personnage cinématographique par excellence. Le cinéma s'est alors approprié le roman, pour évoquer le mythe du vampire, et en assurer la célébrité. Bien sûr, ce médium a déformé la légende, en dressant une image stéréotypée et caricaturale du comte Dracula. Le vampire est devenu romanesque, séduisant, dont le charme suffisait parfois à provoquer l'extase de ses victimes, à l'inverse du vampire de superstition, décrit dans la mythologie comme un être immonde et repoussant. Et si le personnage est devenu mythique, c'est aussi du à l'image qu'en ont donné les acteurs
Le programme
Nosferatu le vampire de Murnau – dimanche à 19h00
Friedrich W. Murnau, réalisateur allemand, est le premier à adapter Dracula au cinéma. Il réalise en 1921 le film Nosferatu, qui reprend intégralement le schéma du roman de Bram Stoker. Bien que le titre ne soit pas repris, la veuve de Stoker reconnaît l'oeuvre de son mari dans le scénario, et intente un procès au réalisateur. Elle gagne, et toutes les copies du film auraient du être détruites. Fort heureusement, ce ne sera pas le cas, et Nosferatu restera l'une des meilleures adaptation du roman.
Nosferatu le fantôme de la nuit – dimanche à 14h30
Werner Herzog réalise en 1978 ce film hommage au Nosferatu de Murnau. D'une facture pseudo-romantique, ce film revendique également sa dimension politique : le vampire serait Hitler, la peste le nazisme...
Dracula de Francis Ford Coppola – dimanche à 16h30
Coppola propose une autre lecture cinématographique du roman de Stoker : Dracula est victime, et ne représente plus le mal absolu. En modifiant le début et la fin de l'histoire, le réalisateur américain fait du comte un être maudit que la douleur brise, et lui donne ainsi une "humanité". A sa mort, il n'est plus un damné éternel, mais obtient la rédemption par l'amour. L'orientation romantique du film séduit les spectateurs. Coppola, en proposant une nouvelle lecture du mythe, modifie profondément la vision que nous pouvions avoir du monstre. Coppola en fait un héros romantique, et sa vision est le résultat à la fois d'une évolution de la vision des créateurs en 100 ans d'existence du personnage, et de l'adéquation avec l'époque de sa réalisation : "Chaque époque à son vampir " disait J-C. Daguerre dans un de ses articles sur Dracula, aux éditions Autrement. Coppola, en rééquilibrant son film entre le concept d'horreur et l'épopée sentimentale, se réapproprie le mythe, et l'intègre à l'époque actuelle.
Le bal des vampires de Roman Polanski – dimanche à 21h00
A la fin des années soixante, le fantastique traditionnel est dévalué, et devient l'objet de parodie, dont la plus célèbre reste Le bal des vampires, de Roman Polanski. Ce petit bijou d'humour présente les vampires version comique, et détourne tous les clichés du genre. A ne pas manquer !
F.M.L