Johnny Depp ne fait pas qu'hurler les filles. Il fait aussi hurler les amateurs de poésie écossaise... de dépit ! En effet sa désignation pour tenir le rôle du poète écossais Robert Burns n'a pas eu d'écho très favorable dans les highlands. Où l'on n'a pas fini de s'indigner de voir la star américaine incarner le poète national.
Mais les raisons sont d'ordre purement financier. Car c'est bel et bien pour s'assurer les faveurs du box-office que l'acteur principal de Sleepy Hollow incarnera le poète écossais. 194 millions de francs ont été investis dans le long-métrage réalisé par Vadim Jean (One More Kiss, The Real Howard Spitz). Le film du cinéaste britannique né en France sera produit par l'écossais James Cosmo, qui jouait le papa de Ewan McGregor dans Trainspotting.
Sans doute la Fédération Burns aurait-elle d'ailleurs préféré voir ce dernier à l'écran. Shirley Bell, responsable de la fédération qui cultive l'héritage du poète, a qualifié le choix d'"étrange". "Il y a tellement de bons comédiens écossais. Je suis certaine qu'ils auraient pu en trouver un", a-t-elle regretté.
Le Parti nationaliste écossais (SNP) lui a emboîté le pas, estimant que "dans l'idéal, nous aurions préféré qu'un Ecossais soit choisi".
De son côté, James Cosmo n'a que le charisme de Depp, similaire à celui de Burns, à mettre en avant pour justifier son choix.
Ce n'est pourtant pas la première fois que l'accent écossais sera malmené par un non-autochtone. L'Américano-Australien Mel Gibson (Braveheart, 1995) et le Nord-Irlandais Liam Neeson (Rob Roy, 1995) ont déjà endossé le kilt avant qu'un Edward aux mains d'argent ne vienne faire des siennes avec un poète qui a composé la majorité de ses vers dans son dialecte écossais.
Nationalistes et amateurs de poésie de tout bord devraient pourtant se réjouir de ce qui sera le premier long-métrage sur Burns (1759-1796), considéré comme le plus grand poète écossais. Un hommage à la vie tourmentée d'un autodidacte, qui a lutté avec son père pour rendre productives une série de fermes, et qui a failli céder à la tentation de l'émigration jamaïcaine avant que la publication de ses oeuvres n'en fasse la coqueluche d'Edimbourg.
Et qui sait, avec Johnny Depp dans le rôle du poète, de nouvelles vocations amatrices de poésie se réveilleront peut-être dans le coeur des gamines fleur bleue.
M.C.B.
