Ma Révolution chez Rohmer
L'octogénaire Eric Rohmer se porte bien. A près de cinquante ans de carrière et autant de productions - courts et longs métrages compris -il revisse sa casquette de réalisateur pour partir à l'aventure et mettre en scène, à partir d'avril prochain, L'Anglaise et le Duc.
Basé sur les mémoires de Grace Eliott, une Anglaise qui séjourna à Paris durant la Révolution Française, et donc en première ligne (et observatrice) des événements de 1789, L'Anglaise et le Duc aura la particularité d'être tourné en béta numérique. Une technique révolutionnaire qui permettra à Rohmer d'incruster plus facilement des effets spéciaux et autres décors.
Doté d'un budget de 35 millions de francs – un record pour du Rohmérien - cette production sera financée par la Compagnie Eric Rohmer et Pathé.
Pour la distribution, Eric Rohmer a fait confiance à Mr Marie, Jean-Claude Dreyfus (La Cité des Enfants Perdus, Delicatessen), et à Lucy Russell une jeune débutante britannique quasi inconnue du grand public, qui n'a comme fait d'armes son rôle de la Blonde épiée dans Following – Le Suiveur (de Christopher Nolan – 1998). De nombreux figurants constitueront le reste du casting.
Mais, qu'est-ce qui fait encore courir Rohmer ?
A 80 ans, le réservé et taciturne Jean-Marie Maurice Scherer (dit Eric Rohmer) a dédié toute sa vie au 7ème Art. D'abord professeur de lettres, puis critique dans de nombreuses revues spécialisées, et rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma (de 1953 à 1967), Rohmer s'est exprimé tout au long de sa carrière aussi bien dans les formats longs et courts, que le documentaire ou l'essai. Son premier succès public, c'est en 1969 qu'il le rencontre avec Ma nuit chez Maud, ou la trilogie amoureuse entre Jean-Louis Trintignant, Marie-Christine Barrault et Françoise Fabian.
Par la suite, il organise son oeuvre autour de cycles : des Six Contes moraux (Le Genou de Claire, L'amour l'après-midi, ...) aux derniers Contes des quatre saisons (Conte d'Eté, Conte d'Automne, Conte d'Hiver, Conte de Printemps), en passant par Comédies et proverbes (Le Beau Mariage, Pauline à la plage, Les Nuits de la Pleine Lune, L'ami de mon amie, Le Rayon Vert...).
Avec une constante : l'amour, les moeurs, les désirs amoureux, les indécisions. Ludique, il est fasciné par les jeux de cache-cache entre les mots et les sentiments, la liberté des actes et la quête du bonheur, les scrupules et les frustrations des relations humaines. Tout le monde se cherche, se rencontre. Douloureusement et affectueusement. Du Rohmer, tout simplement.
L.B