"Il n'y a pas d'autre femme au XXème siècle qui ait été à la fois autant admirée et autant calomniée" a déclaré l'Américaine Jodie Foster (Contact, Nell) en parlant de Leni Riefenstahl. L'actrice et réalisatrice lui prêtera ses traits dans The Leni Riefenstahl Project qu'elle doit produire. Ron Nyswaner (Philadelphia) signera le scénario.
Née en 1902, la jeune femme grandit à Berlin et devient danseuse professionnelle. Une blessure au genou et un film de Arnold Fanck (Tempête sur le Mont-Blanc) la pousse à changer de voie. Elle rencontre le réalisateur et joue dans plusieurs de ses longs métrages.
Elle passe derrière la caméra pour Le triomphe de la volonté, un documentaire sur le congrès national-socialiste de Nuremberg et Les Dieux du Stade sur les Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Le film sort en salles le 20 avril 1938, jour de l'anniversaire d'Hitler. Considéré comme un jalon dans l'esthétique des films, il est récompensé au festival de Venise et elle fait la couverture du magazine américain Time.
En revanche, son documentaire sur le chef nazi lui vaut d'être considérée par beaucoup comme sympathisante du régime. Elle est boycottée par les studios aux Etats-Unis, même si la presse acclame son travail. Sa carrière de cinéaste est brisée après la Seconde Guerre Mondiale. Elle perd trois ans de sa vie internée dans des camps des alliés ou en asile psychiatrique. Les Français finissent par la laver de tout soupçon.
Leni se tourne alors vers la photographie. A 70 ans, elle apprend la plongée sous-marine, voyage en Afrique d'où elle rapporte des clichés de la tribu des Nubas. Une fois encore, son talent fait des vagues comme à Hambourg en 1997.
En 1993, Ray Muller lui a consacré un documentaire de trois heures intitulé Leni Riefenstahl, le pouvoir des images. Parallèlement au film de Jodie Foster, un projet allemand vient d'être annoncé. Il s'inspire des mémoires de l'artiste et de la biographie écrite pas Ernst Junger. C.R.