Le magazine suédois Expressen, publie cette semaine des extraits d'un livre-entretien de Bergman qui sortira prochainement. On apprend avec stupéfaction que le cinéaste suédois a été dans sa jeunesse un fervent admirateur d'Adolf Hitler...
La nouvelle a de quoi effrayer les nombreux fans de Bergman. Il confesse à son interlocutrice Maria-Pia Boethius sa passion pour le leader du nazisme pendant son enfance. Mais il faut replacer l' histoire dans son contexte. Bergman a grandi dans un milieu puritain, sous l'autorité d'un père pasteur, aux conceptions d'extrême-droite. Par ailleurs, a Suède est un des pays qui a le moins résisté à l'invasion nazie.
Mais Bergman développe ses confessions. Il se rappelle un été où son frère et ses amis avaient " taggé " de croix gammées la maison d'un marchand juif. Et Bergman poursuit sa confession. Pour lui le nazisme apparaissait comme la garantie "du bonheur et de la jeunesse". Il relate un séjour en 1936, chez un correspondant dont la famille était, comme beaucoup d'Allemands à l'époque, pro-nazie. Séjour qui lui avait permis d'assister à un meeting d'Hitler à Weimar. "Il possédait un charisme incroyable, il électrisait les foules", se souvient le cinéaste.
Heureusement,L'Histoire a eu raison de cette troublante admiration. La découverte des camps d'extermination (qui n'est arrivée qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale) l'a définitivement détourné de son idole de jeunesse. Cette nouvelle laisse tout de même une lourde impression de malaise.
Alors que dire ? Peut-être rien, peut-être faut-il regarder et regarder encore toute son œuvre. S'il n'y avait qu'un film pour le sauver, ce serait Fanny et Alexandre. Son dernier justement, où la figure paternelle est du côté du mal, et le bien partagé entre l'innocence de deux enfants et la bonté irradiante d'un vieil usurier juif. Une sorte de mea culpa a posteriori ? A.D.