Philippe Torreton sera Henri V de Shakespeare dans le premier spectacle présenté au 53ème Festival d’Avignon.
Du 9 au 17 juillet, le héros de Capitaine Conan de Bertrand Tavernier, est l’interprète principal de cet Henri V, la seule pièce de théâtre présentée cette année dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes.
Mis en scène par Jean-Louis Benoit, ce drame historique de Shakespeare n’a jamais été présenté en France. Henri V narre la plus célèbre bataille de la guerre de Cent Ans, qui mit aux prises une poignée d’Anglais à des Français trois fois plus nombreux, mais qui entraîna une déroute sanglante du roi Charles VI et de ses troupes à Azincourt le 24 octobre 1415.
" Depuis Capitaine Conan, j’éprouve une fascination pour le côté guerrier de chaque individu. J’aime le thème de la fascination de la guerre et comment il est facile d’entraîner les hommes dans un désastre guerrier" a déclaré l’acteur fétiche de Bertrand Tavernier. "Henri V peut faire penser au Kosovo, mais c’est autre chose en fait, une grande pièce et non pas seulement une brouille patriotique, bien que les Français y apparaissent comme des prétentieux. Il y a des thèmes insoupçonnés sur l’importance du pouvoir et sa responsabilité, la traîtise" a-t-il ajouté.
L’instituteur de Ca commence aujourd’hui voit dans cette pièce "la quête d’une identité qui passe par la guerre". Pour Jean-Louis Benoit, le metteur en scène, "Henri V est un roi guerrier... De sa jeunesse débauchée auprès de Falstaff, son âme damnée, lui vient le désir de se racheter, de mériter par ses actes une couronne dont il connaît l’origine illégitime ".
Cet Henri V est tout de même connu du public français par le cinéma grâce à Laurence Olivier en 1944, qui faisait la part belle à l’héroïsme anglais, et à la version plus personnelle de Kenneth Branagh en 1989.
Originaire de Rouen, Philippe Torreton est entré au Conservatoire de Paris à la fin des années 80 pour en sortir en 1990. Il est alors engagé à la Comédie Française en tant que pensionnaire, puis est nommé sociétaire en 1994. Pendant la première année, il joue, sous la direction de Dario Fo, Antoine Vitez, Daniel Mesguich. Son talent explosera sur scène dans le Tartuffe de Molière en 1994, puis dans Les Fourberies de Scapin en 1997.
En même temps, le 7ème Art lui fait les yeux doux. Il se fait remarquer dans les films de Bertrand Tavernier, L627 et L’Appât. Il travaille avec la nouvelle vague de cinéastes français : Olivier Assayas (Une nouvelle vie), Jean-Claude Brisseau (L’ange noir), Noémie Lvovsky (Oublie-moi). La consécration vient avec son rôle de Capitaine Conan où il reçoit le César du meilleur acteur en 1997. Dans Ca commence aujourd’hui, Tavernier lui offre le rôle d’un instituteur qui se bat quotidiennement contre les dysfonctionnements de l’Education Nationale dans une petite ville du Nord de la France, ravagée par le chômage et l’alcool.
Avignon reçoit un très grand monsieur. L.B