Deauville a accueilli son premier festival du film asiatique du 5 au 7 mars. Dimanche 7 mars, le jury a décerné le prix de la critique à Joan Chen (photo), actrice et réalisatrice, pour son film Xiu Xiu, ainsi que le prix Première du public à la réalisatrice indienne Deepa Mehta pour son troisième film sur les éléments, Earth (La Terre).
Xiu Xiu est le premier film réalisé par Joan Chen, 37 ans, actrice chinoise qui a notamment joué dans Le Dernier Empereur de Bertolucci et Twin Peaks de David Lynch. Elle a reçu l'Oscar chinois de la meilleure actrice pour son rôle dans The Flower, et vit depuis un moment aux Etats-Unis. Xiu Xiu sortira en France cet été, mais auparavant, il sera diffusé en avant-première durant le Festival International de Films de Femmes à Créteil (du 12 au 21 mars).
Le film raconte l'histoire d'une jeune fille de la ville, Xiu Xiu interprétée par Lu Lu, envoyée en rééducation à la campagne, en 1975, à la fin de la révolution culturelle en Chine. Xiu Xiu a servi la révolution et durant ce programme de rééducation, elle partage une tente avec Lao Jin, un éleveur de chevaux, au milieu des steppes, à la frontière du Tibet.
Comme Joan Chen, Deepa Mehta a fui son pays, l'Inde, pour pouvoir produire et réaliser ses films sans être touchée par la censure, impitoyable, qui interdit encore toute scène de baiser. Bien que l'Inde soit le premier producteur de films au monde (on parle même de Bollywood, en comparaison avec Hollywood), le continent indien n'exporte rien en Occident. Mais dernièrement, deux films indiens sont sortis sur nos écrans : Kama Sutra de Mira Nair, et Fire, de Deepa Mehta, abordant un thème tabou en Inde : l'homosexualité féminine, ce qui lui a valu la foudre des intégristes indiens.
La réalisatrice vit au Canada depuis 25 ans et Earth est le second film de sa trilogie sur les éléments, après Fire (Le Feu) et avant Water (L'Eau). Earth est un film sur la partition sanglante de l'Inde et du Pakistan, en 1947, à travers les yeux d'une petite fille de huit ans, Lenny, et de son cercle d'amis et de parents.
Mehta nous montre les conséquences d'une guerre sur la population et démontre que tout être humain est capable de violence. Elle a été acclamée durant le Festival de Toronto en 1998 où son film était en compétition.
La plupart des films projetés durant le Festival ont montré un continent en proie au mal de vivre et à la violence, avec des réalités sociales et politiques dures dans tous les pays.
A noter qu'une polémique a eu lieu car au même moment se déroule le 5ème festival asiatique de Vesoul (du 2 au 9 mars). Sa présidente reproche au festival de Deauville de s'être proclamé "premier festival du film asiatique de Deauville" et de lui voler la vedette.
Mais Deauville n'en est qu'à ses balbutiements, et il faudra attendre quelques années avant qu'il ne s'impose. Rendez-vous l'an prochain. M.L.