Oubliées par les livres d'histoire, les Agojié ont enfin droit à leur propre film. Réalisé par Gina Prince-Bythewood, The Woman King revient sur le parcours de ces Amazones qui composaient l’une des toutes premières armées féminines de l'Histoire. Elles exerçaient au XIXème siècle en Afrique de l'Ouest, au sein du Royaume de Dahomey (qui correspond à l'actuel Bénin).
Né sous l'impulsion de l'actrice (qui officie ici en tant que productrice) Maria Bello, le long-métrage est porté par Viola Davis, Lashana Lynch, John Boyega, ainsi que par une jeune actrice qui n'a pas fini de faire parler d'elle : Thuso Mbedu.
Née à Pietermaritzburg, capitale de la province du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud, la comédienne est d’ascendance Zulu par sa mère et Xhosa et Sotho par son père. Elle est élevée par sa grand-mère après la mort de sa mère quand elle a quatre ans. Alors qu’elle se destine à devenir dermatologue, elle se passionne pour la comédie qu’elle découvre en prenant l’option théâtre en seconde. Elle se forme aux arts dramatiques à l’université du Witwatersrand en 2013.
Elle décroche l’année suivante son premier rôle dans le soap opera Isibaya, très populaire en Afrique du Sud. Elle poursuit son chemin à la télévision avec Scandal! et Is'Thunzi, un programme inspiré par des témoignages d’adolescentes. Cette série lui offre deux nominations successives (en 2017 et 2018) aux International Emmys et lui permet d’être repérée au-delà des frontières de son pays natal.
On la retrouve en 2018 dans la mini-série Liberty. Cette co-production entre l’Afrique du Sud et plusieurs pays européens lui permet de côtoyer Connie Nielsen et Sofie Gråbøl, l’héroïne de The Killing. Après la série anglaise Shuga, elle traverse l’Atlantique et décroche le premier rôle de la série de l’oscarisé Barry Jenkins, The Underground Railroad. Elle y est Cora, une esclave en fuite dans l’Amérique du XIXe siècle.
The Woman King lui permet de poursuivre son ascension avec le rôle de Nawi, une orpheline qui se forme pour devenir une guerrière redoutable : "c’est une jeune fille déterminée, butée, qui a toujours ambitionné d’avoir une vie meilleure que son existence actuelle". Le nom de son personnage est un hommage à l’une des dernières Agojié connues, disparue en 1979.
Thuso Mbedu ignorait l'existence de ces guerrières avant de rejoindre le projet. Elle se réjouit de participer à cette épopée qui propose de ressusciter cette part négligée de l'Histoire africaine : "Je pense que c'est vraiment là, le pouvoir de ce que l'on fait, sortir ces histoires de terre et dire : 'Attendez, vous avez oublié cette partie'. Et c'est aussi important, nous avons besoin d'en savoir plus."