De quoi ça parle ?
Rappelé du front à la suite de la mort de son plus jeune frère, décédé des suites d’une prétendue intervention de police, Abdel retrouve sa famille déchirée. Entre le désir de vengeance de son petit frère Karim et le business en péril de son grand frère dealer Moktar, il essaye de calmer les tensions. Minute après minute, la cité Athena se transforme en château fort, théâtre d’une tragédie familiale et collective à venir. Au moment où chacun pense avoir trouvé la vérité, la cité est sur le point de basculer dans le chaos…
C'est avec qui ?
Vous l'avez probablement découvert à la télévision dans Les Sauvages ou au cinéma dans Mourir peut attendre où il donne la réplique à Daniel "James Bond' Craig : Dali Benssalah étonne et détonne dans Athena. Il est l'une des têtes d'affiche aux côtés du prometteur Sami Slimane, déniché lors d'un casting sauvage. Ouassini Embarek vient compléter ce trio fraternel au centre de la tragédie de Romain Gavras.
Une tragédie grecque à la cité
Le premier teaser d’Athena dévoilé par Netflix en juin dernier avait titillé notre intérêt. La bande-annonce mise en ligne quelques semaines plus tard avait confirmé notre envie de voir la nouvelle réalisation de Romain Gavras (Notre jour viendra, Le monde est à toi) . Il s’entoure cette fois-ci de Ladj Ly (Les Misérables) et de Elias Belkeddar au scénario. Autant de raison de s’y intéresser sérieusement.
Dès les premières secondes du film, Gavras instaure une ambiance suffocante et angoissante : nous voilà au cœur d’une scène de guérilla urbaine, entre cocktails molotov, attaque de commissariat et mouvement de panique. La caméra tourne, virevolte, suit les protagonistes un à un sans aucune coupure. Un plan séquence immersif qui nous fait passer un message fort : nous ne sommes pas là pour rire, et Gavras n’a pas de temps à perdre.
Alors qu’on se le dise, le sujet fait peur. Surtout au vu de l’actualité et des discussions qui ont suivi la sortie de Bac Nord l’année dernière. Mais Athena est un film très malin, centré autour d’une histoire de famille. Et surtout, il ne prend pas parti. Le réalisateur n’a cessé de le présenter comme une tragédie grecque, au sens premier du terme. Et la musique - composée par Gener8ion - amplifie encore plus cette approche. Athena est un film intemporel qui sera d’actualité, tant que les hommes se feront la guerre.
Les équipes ont choisi le quartier du Parc aux lièvres à Evry-Courcouronnes pour y poser leurs caméras. Ce plateau a été ensuite aménagé pour en faire un labyrinthe où se perdent les protagonistes. Romain Gavras en est le démiurge de l’action et filme avec sa caméra une chorégraphie, une danse qui nous transporte de la première scène à la dernière.
Netflix
Si on devait jouer au jeu de la comparaison, on dirait qu’Athena commence là où s’arrête Les Misérables tout en prenant de la hauteur. Oui, Athena est violent. Dans les images et dans ce qu’il raconte. Une violence suffocante, poignante, intime, qui fait mal. Le tout est servi par une succession de tableaux "clippés" tournés en IMAX, une démonstration technique qui devrait mettre tout le monde d'accord.
Parlons aussi des comédiens, incroyables de justesse, que ce soit le jeune Sami Slimane, Dali Benssalah qui ne cesse d’étonner ou encore Anthony Bajon, dans le rôle d’un CRS qui nous émeut. Quant à celui d’Alexis Manenti, nous vous en tairons la teneur.
Reste un regret. Que les abonnés ne puissent découvrir Athena sur grand écran. Alors pour profiter au mieux de cette expérience de cinéma, mettez-vous dans les meilleures conditions possibles. Et attendez-vous à prendre une jolie claque.
