"Le monde a perdu un de ses dieux du cinéma". C'est une véritable pluie d'hommages, emmenés par celui de Guillermo del Toro, qui ont accompagné l'annonce de la disparition de William Friedkin à l'âge de 87 ans. Quels films du cinéaste américain, artisan incontournable du Nouvel Hollywood, faut-il voir ou revoir ? Nous en avons sélectionné six. Voici notre sélection.
La Chasse / Cruising
Contre-emploi complet pour Al Pacino, qui revient aux personnages de ses débuts : un Monsieur Tout-le-monde, un jeune policier qui pour sa ressemblance avec les victimes, est chargé d'infiltrer le milieu gay new-yorkais afin d'élucider le meurtre de deux homosexuels adeptes du cuir.
La Chasse - Cruising est mené avec brio par le réalisateur William Friedkin qui voulait Richard Gere mais a eu Pacino. Ce dernier s'en sort bien, pour un film qui créera une vive polémique à sa sortie.
L'Exorciste
Sorti dans les salles hexagonales en 1974 assorti d'une interdiction aux moins de 12 ans, L'Exorciste est le grand classique de William Friedkin, considéré par beaucoup comme le film le plus terrifiant de tous les temps.
L'histoire, c'est celle de l'actrice Chris McNeil (Ellen Burstyn), inquiète au sujet de sa fillette Regan (Linda Blair) dont le comportement a subitement changé. Une force paranormale l'habite et profère de constantes insanités. Désespérée, Chris fait appel à deux exorcistes...
S'il est indéniablement l'un des films d'horreur les plus célèbres de tous les temps, L'Exorciste, adapté du roman de William Peter Blatty, lui-même inspiré d'un véritable cas d'exorcisme, a aussi été un succès commercial extraordinaire.
Il a en effet rapporté pas loin de 400 millions de dollars de recettes dans le monde pour un budget d'à peine 12 millions ! Au rayon des récompenses, cette flippe XXL du grand écran a raflé l'Oscar du Meilleur Scénario et celui du Meilleur Son.
French Connection
Classique du Nouvel Hollywood, French Connection présente Buddy Russo et Jimmy Doyle, dit Popeye, deux flics des stups pistant une grosse livraison d’héroïne en provenance de Marseille.
De planques en filatures, d'arrestations en courses-poursuites dans les rues de New York, Popeye et Russo vont démanteler ce que les archives du crime appellent désormais... la French Connection.
Avec un style qu'il a voulu proche du documentaire, Friedkin donne un coup de polish au genre policier en proposant un film immersif porté par deux comédiens au sommet : Gene Hackman et Roy Scheider. On retiendra notamment une course-poursuite d'anthologie qui ne se raconte pas, et se vit sur l'écran !
Killer Joe
Film dérangeant, parfois difficile à regarder, cherchant à créer le malaise du spectateur, Killer Joe donne à Matthew McConaughey un rôle à contre-emploi, auquel il apporte son charisme et rend ainsi son terrible personnage fascinant.
Il n'y a aucun espoir dans ce film qui raconte les déboires d'un petit dealer ayant besoin d'argent et organisant une arnaque à l'assurance vie... qui va très vite déraper.
Attention, car le film est loin d'être tout public de par son amoralité, sa violence et les tabous qu'il se permet de secouer. Vous êtes prévenu(e)s, il n'y a plus qu'à tenter l'aventure !
Police Fédérale Los Angeles
Jim Hart n’est plus qu’à trois jours de la retraite. Avant de partir, ce flic intègre et respecté de tous s’est donné pour dernière mission de mettre sous les verrous Rick Masters, un faux-monnayeur sans pitié qui règne sur Los Angeles. Mais il échoue et est abattu de sang froid.
Dévasté par le chagrin, son coéquipier Richard Chance jure de venger celui qu’il considérait comme son meilleur ami. Pour faire tomber Masters, il n’hésitera pas à franchir les limites de la légalité, entraînant avec lui son nouveau coéquipier John Vukovich…
Quatorze ans après French Connection, William Friedkin redynamitait le polar avec Police Fédérale Los Angeles. Avec ce chef-d'œuvre emblématique et virtuose des années 80, et grâce à son approche esthétique et sa musique très ancrées dans leur époque, Friedkin brouille les frontières entre flics et malfrats, en mettant en scène un mortel jeu du chat et de la souris dans une cité des anges plus babylonienne que jamais.
Willem Dafoe, qui incarne le bad guy, trouve ici un des meilleurs rôles de sa carrière, face à un William L. Petersen adepte de méthodes borderlines pour parvenir à ses fins.
Sorcerer / Le Convoi de la peur
Quatre étrangers de nationalités différentes, chacun recherché dans son pays, s’associent pour conduire un chargement de nitroglycérine à travers la jungle sud-américaine… Un voyage au cœur des ténèbres…
Ce n'est pas faire injure au grand classique d'Henri George Clouzot, sorti 24 ans avant, que de largement lui préférer son remake signé par William Friedkin, qui le surclasse en tout point.
C'est auréolé du triomphe absolu de son French Connection, et plus encore de L'Exorciste, qu'il livrait un film au tournage aussi dantesque que le Fitzcarraldo de Werner Herzog.
Un tournage aux quatre coins du monde pour une œuvre portée par un fabuleux casting international et hétéroclite : l'espagnol Francisco Rabal, l'américain Roy Scheider, le français Bruno Cremer, et le franco-marocain Amidou.
Armé d'une solide mise en scène, tendue à craquer, le spectacle offert par Sorcerer met plus d'une fois les nerfs à rude épreuve. Fabuleux.