Depuis ce vendredi 26 août, Sylvester Stallone est à l’affiche du film Le Samaritain disponible en exclusivité sur la plateforme Amazon Prime Video. Pour cette occasion, l’interprète de Rocky et de Rambo a évoqué à notre micro ce projet cher à son cœur, et sa volonté de revisiter le mythe du super-héros dans un cadre plus réaliste, afin de permettre aux spectateurs de mieux s’identifier au personnage malgré ses pouvoirs surnaturels.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce projet ? Pourquoi avez-vous décidé de tourner ce film ?
Sylvester Stallone : Je pense que le film est le reflet de la société d’aujourd’hui. Bien souvent, nous pensons qu'il revient aux gens de s’occuper d’eux-mêmes, et donc à faire régner la loi du plus fort. Et puis tout à coup, on se demande pourquoi il règne un tel climat de violence.
Dans les films, la réponse provient généralement d’un personnage "mythologique", mais la réalité est toute autre, et je dis toujours que pour faire avancer la société, il faut agir par soi-même. Mais parfois, il est nécessaire d’avoir un modèle, voire un héros, pour incarner les responsabilités que nous ne sommes pas prêts à assumer.
Dans le cas précis de ce film, le personnage a connu des problèmes par le passé auxquels il n’a pas su faire face, et il a donc choisi de disparaître en adoptant l’identité la plus anonyme de notre société : celle d'un éboueur. Personne ne fait attention à ces gens, et pourtant sans eux, nous aurions de gros problèmes ! Il y a énormément de métaphores dans cette histoire qui ont attiré mon attention.
Avant d’être acteur, vous avez enchaîné les petits boulots. Vous êtes vous inspiré de ces expériences du passé pour votre interprétation du Samaritain ?
Vous n’avez pas tort. J’ai fait tous les boulots du monde, portier, barman, celui qui coupe les têtes de poisson… C’est une belle leçon de vie qui apprend à rester humble, et des tas d'autres choses qui nous serviront tout au long de notre existence. Par exemple, j’apprécie davantage mon métier aujourd’hui qu’à la trentaine. À l’époque je pensais déjà tout savoir, mais la vérité est que je ne savais rien du tout. On n’atteint une forme d’expérience qu’à partir de nos 41 ans, et nous continuons à apprendre des choses de jour en jour.
Parmi toutes les scènes d’action présentes dans le film, laquelle avez-vous préféré tourner ?
Il y a un moment dans la vie où l’on comprend qu’on ne peut plus tourner des scènes d’action type Rambo comme si nous avions encore 29 ans. Il faut avoir conscience de l’âge que l’on a, et cette étape fait également partie des leçons que nous offre la vie. On est encore la même personne, mais nous sommes également différents.
Ce type a une force surnaturelle, il n’est pas spécialement rapide, il ne saute pas d’un building à un autre, mais il est vraiment très, très fort. C’est donc un super-héros plutôt ancré dans la réalité, d’une certaine façon c’est un Hercule moderne. On peut plus facilement s’identifier à un personnage si comme nous, il peut mourir et être vaincu par ses ennemis.
Le Samaritain ne s’inspire d’aucun comic-book, ce qui permet au film de développer sa propre mythologie. En quoi cet aspect a-t-il nourri votre imagination d’artiste ?
Il y a eu un travail admirable fourni par certains cinéastes, et certaines compagnies comme Marvel et DC, pour repousser les limites de ce qu’il est possible de faire au cinéma. Tout ce qu’il est possible d’imaginer a pris forme grâce à ces films. Mais j’ai toujours pensé que les choses auxquelles on s’identifie le plus sont des choses banales liées à notre quotidien comme manquer d’être renversé par une voiture, marcher le soir dans une allée sombre… Ce sont des choses très concrètes.
Ce que j’essaie de dire maladroitement, c’est qu’avec ce film nous avons voulu rendre l’histoire suffisamment réaliste et crédible, pour donner l’impression aux spectateurs que tout ceci pourrait leur arriver, l’action se déroule dans notre monde et non dans un autre univers. L'action du film se déroule dans des rues comme les nôtres, et le message serait qu’il faut toujours faire attention à ce qui pourrait nous arriver.
C’est ce que je dis toujours à mes filles : de nos jours, il n’y a plus d’avertissement avant le danger. Il faut apprendre à regarder constamment autour de soi. C’est donc ce sentiment que j’ai essayé d’apporter au film, car malgré son caractère surnaturel, c’est avant tout un film conçu pour être ancré dans notre réalité.