De quoi ça parle ?
Julia Scola, une capitaine de police courageuse et respectée, et Novak Lisica, un avocat pénaliste au sourire ravageur, se sont aimés envers et contre tous lorsqu'ils étaient ados. Mais aujourd'hui, ils ne se parlent plus depuis vingt ans. Pourquoi ? Quel drame les a séparés ? Ils ont construit leur vie loin, très loin l’un de l’autre.
Alors quand Novak plaque son prestigieux cabinet pour devenir commissaire et rejoindre Julia dans sa brigade, le destin reprend ses droits. Entre passé et présent, les enquêtes de Julia et Novak explorent les terreurs enfantines, les cauchemars des adultes, et les monstres ne sont pas toujours ceux que l'on croit.
Chaque jeudi à 21h10 sur TF1 à partir du 1er septembre, et d'ores et déjà disponible sur Salto.
6 épisodes vus sur 6.
C'est avec qui ?
Pour incarner les deux héros de Vise le coeur, TF1 et la société de production Beaubourg Fiction ont fait appel à deux visages phares de la chaîne, extrêmement appréciés du grand public. Claire Keim, tout d'abord, qu'on ne présente plus, s'essaye pour la première fois au genre de la série policière récurrente et trouve en Julia Scola un nouveau rôle tout en nuances, qui voit peu à peu toutes ses certitudes voler en éclats. Une proposition pas si éloignée de ce qu'elle avait proposé dans Infidèle il y a quelques années.
Face à elle, c'est Lannick Gautry, star masculine de la collection Le Tueur du lac, également vu dans La Vengeance aux yeux clairs, Les Ombres rouges, ou encore Bronx sur Netflix, qui prête ses traits à Novak Lisica, l'autre personnage principal de cette nouvelle série entre polar et drame.
Un duo de choc et de charme que viennent compléter Noémie Chicheportiche (Comme des gosses), Zinédine Soualem (Chefs), Waly Dia (Les Chamois), Nicolas Cazalé (Fiertés), Raphaël Ferret (Profilage), Juliette Plumecocq Mech (Peur sur le lac), Elodie Hesme (Cherif), Fleur Geffrier (Le Châlet), et Robinson Stévenin (La Promesse).
Sans oublier Axel Naroditzky, l'une des révélations de Je te promets, et Philippine de Fabry dans la peau de Novak et Julia à l'âge de 18 ans. Car de nombreux flash-backs ponctuent les six épisodes de Vise le coeur.
Gilles Gustine/TF1
Ça vaut le coup d'œil ?
Il y a treize ans, Fanny Robert et Sophie Lebarbier initiaient un tournant important dans l'histoire des séries policières françaises en créant Profilage, qui a grandement participé à révolutionner un genre jusque-là un peu trop plan-plan et à se rapprocher de ce qui se faisait de l'autre côté de l'Atlantique en termes de narration ou de noirceur (la plupart des enquêtes menées par Odile Vuillemin et Philippe Bas n'ayant par exemple rien à envier à l'ambiance glauque au possible d'Esprits criminels).
Après avoir écrit L'homme que j'ai condamné pour M6, les deux scénaristes reviennent sur TF1 avec une nouvelle création inscrite, une fois de plus, dans l'univers du polar qu'elles affectionnent tant. Et dès les premières minutes de Vise le coeur, le projet de TF1 est clair : parvenir à installer une nouvelle série policière récurrente qui pourrait prendre la relève de Profilage évidemment. Mais aussi d'Alice Nevers et de Section de recherches qui se sont arrêtées il y a quelques mois après avoir fait les beaux jours de la chaîne durant quinze à vingt ans.
Pour tenter de faire de Vise le coeur une formule gagnante, Fanny Robert, Sophie Lebarbier, la production, et TF1 ont mis toutes les chances de leur côté en faisant appel à Claire Keim (auréolée récemment du carton de Menace sur Kermadec sur France 2) et à Lannick Gautry, que le public semble toujours heureux de retrouver dans de nouvelles fictions. Et dont l'alchimie, déjà testée dans Nom de code : Rose en 2013, n'est plus à prouver.
Gilles Gustine/TF1
Côté intrigue, chaque épisode met en scène une enquête différente qui explore d'une manière ou d'une autre les traumas de l'enfance, et l'ambiance qui se dégage de ces affaires n'est pas sans rappeler Profilage. Pour le plus grand bonheur des fans. Malgré son aspect "bouclé", Vise le coeur n'est cependant pas à proprement parler une série procédurale puisque la vie intime des personnages, racontée en toile de fond de chaque épisode, constitue un vrai fil rouge que les téléspectateurs auront bien du mal à comprendre s'ils ne suivent pas chaque chapitre de la série dans l'ordre.
Ce fil rouge est d'ailleurs raconté aussi bien dans le présent - à travers les retrouvailles compliquées de Julia et de Novak, amants maudits qui se connaissent par coeur, se sont aimés à la folie, avant de ne plus s'adresser la parole durant plus de vingt ans - que dans le passé. Flash-backs à l'appui nous ramenant vers l'enfance et l'adolescence de ce duo tout sauf lisse et conventionnel. Destiné, depuis sa rencontre sur les bancs de l'école, à rester lié à tout jamais. Envers et contre tous.
Si Vise le coeur est, dans l'ensemble, une bonne surprise, c'est avant tout grâce à la relation complexe qui unit Julia et Novak et grâce à sa narration fragmentée, qui fait des allers-retours entre les époques, à la manière de This Is Us (une inspiration pour les auteurs, à n'en pas douter). Le passé, parfois encore plus intéressant que le présent et porté par de jeunes comédiens remarquables, vient nourrir et éclairer ce que vivent Scola et Lisica dans leur vie d'adulte et leurs enquêtes. Et fait, au final, tout le sel de la série.
Gilles Gustine/TF1
En effet, il faut bien avouer que les "enquêtes de la semaine" ne sont pas ce qu'il y a de plus passionnant dans cette nouvelle fiction policière. Malgré un côté sombre voulu et assumé, couplé à des thématiques sortant des sentiers battus, telles que les OVNIs ou les expériences de mort imminente, les affaires résolues par le commissaire Lisica et le capitaine Scola manquent d'audace et d'originalité dans leur exécution et peinent à rivaliser avec ce que propose Balthazar sur TF1 depuis plusieurs saisons.
Mais ce n'est pas très grave car Vise le coeur parvient à nous happer dès le départ par le biais de son mystère central : que s'est-il passé pour que Julia et Novak s'éloignent l'un de l'autre malgré leur amour ? Que cache Novak ? Quel drame a tout changé en 1998 ? Et quid de Julia ? N'a-t-elle pas, elle aussi, des secrets profondément enfouis qu'elle ne souhaite pas révéler ? Des questions qui trouvent en grande partie leurs réponses dans un final très réussi, en apothéose.
Et la série peut également compter sur les prestations au diapason de Claire Keim et de Lannick Gautry, parfaits dans des rôles plus faillibles et plus rugueux qu'à l'accoutumée. Et des comédiens qui les entourent. À commencer par Raphaël Ferret, excellent dans le rôle du père de Novak, Waly Dia, qui étonne dans un registre plus dramatique, et Noémie Chicheportiche, géniale en collègue et acolyte de Julia qui apporte une pointe d'humour dans un océan de douleur et de noirceur.
Reste cependant à savoir si la série parviendra à maintenir la puissance de son fil rouge et de son exploration des blessures intimes de ses héros en cas de saison 2. Même si des pistes intéressantes sont déjà posées dans les dernières secondes de la première saison.
