Elle s’appelle Martha Cherry et elle est celle qui a inspiré la série, celle qui a fait de son fils (Marc Cherry) un showrunner à succès. Tout commence lorsque le duo mère-fils regarde une émission télévisée au sujet d’une femme qui a noyé ses propres enfants. “Je me suis tournée vers elle et j’ai dit : ‘Mon Dieu, peux-tu imaginer une femme si désespérée qu’elle ferait du mal à ses propres enfants ?’’ a déclaré Marc Cherry peu de temps avant la sortie de Desperate Housewives. “Et ma mère a sorti sa cigarette de sa bouche et s’est tournée vers moi et a dit : ‘Je suis passée par là.’” (The Salt Lake Tribune, mai 2012) Tout change alors pour Marc, qui comprend pour la première fois que les femmes au foyer mènent aussi des vies compliquées, voire… désespérées.
Et à l’époque, sa vie à lui n’est pas non plus toute rose. Depuis son travail comme scénariste et producteur sur la comédie Les Craquantes (ou The Golden Girls pour les adeptes de la VO), 12 ans se sont écoulés : 12 années, 4 sitcoms ratées et il n’a pas travaillé du tout depuis 4 ans. Et, comme si cela ne suffisait pas, son agent est en prison pour détournements de fonds. Marc doit alors une belle somme à sa mère en question. “J’avais une dette de 100 000 $ envers ma mère. J’ai passé des années sans obtenir d’entretien pour un emploi. Personne ne croyait que je pouvais être quelque chose. J’avais des amis qui ne m’ont même pas appelé pendant un moment. Et puis j’ai [écrit] ce scénario parce que c’était une tentative de montrer aux gens que j’étais un meilleur scénariste qu’ils ne le pensaient.”
MARTHA ET LYNETTE
Martha Cherry a donc bel et bien été le point de départ de Desperate Housewives, le show, mais elle n’a pas été que ça : elle a aussi inspiré certains de ses personnages. Il y a tout d’abord un peu de Martha dans le rôle de maman bouleversée de Lynette Scavo (Felicity Huffman). Souvenez-vous de la scène mythique où Lynette laisse ses fils quelques minutes sur le bord de la route parce qu’ils sont incontrôlables dans la voiture : une retranscription à l’écran d’un véritable moment Marc-et-Martha ! “J'avais 5 ans, assis là à penser : ‘Elle ne peut sûrement pas être sérieuse’. Puis elle a reculé la voiture et elle a dit : ‘Tu es prêt à te comporter correctement maintenant ?’’ se souvient-il. “Vous savez, c’est peut-être de la maltraitance d’enfant, mais c’était totalement efficace.”
MARTHA ET BREE
Mais il y a surtout un peu (beaucoup ?) de Martha dans Bree Van De Kamp (Marcia Cross). Le showrunner se souvient notamment avoir trouvé sa mère en train de faire le lit pendant que son père – en pleine crise cardiaque – attendait d’être conduit à l’hôpital, tout comme Bree dans la série. Il a également été fortement marqué par la réaction de cette dernière face à son homosexualité. Tout comme Andrew Van De Kamp (Shawn Pyfrom), lorsque Marc révèle son orientation sexuelle à sa mère, sa réponse n’est pas celle qu’il espérait.
“Quand j’ai fait mon coming out à ma mère, elle m’a dit que la seule chose qui la préoccupait était qu’elle ne me verrait pas au paradis. Et c’était plutôt difficile à gérer, étant donné que j’ai eu une sorte de relation idyllique avec elle toute ma vie.” Andrew a cependant eu une relation plus conflictuelle avec Bree que Marc avec Martha. “Je pense que j’ai mis [en lui] une grande partie de ma colère restante envers une femme [que] j’adore complètement parce que j'ai fait de lui ce psychopathe délirant”, a déclaré Cherry. Mais qu’on n’en doute pas : Martha adore Bree… sur un certain point du moins. “Ma mère adore que Marcia Cross la joue parce qu’elle pense que cela la rend plus jolie d’une certaine manière !".
MARTHA ET MARTHA ?
Et qu’en est-il de Martha Huber (Christine Estabrook), la commère du quartier qui a incité Mary Alice Young (Brenda Strong) à se suicider dans le premier épisode ? Eh bien oui, elle a été nommée d’après Martha Cherry. Mais on vous rassure : c’est une coïncidence si Martha Huber est assassinée dans le show… Enfin on l’espère ! Parmi tous les scénaristes qui ont sévi dans la série, Marc Cherry n’est pas le seul à s’être servi de sa propre vie pour inspirer ses écrits : “Nous avons réglé les problèmes que nous avions avec beaucoup de gens”, décrit-il. Il semble donc que Desperate Housewives ait été également un exutoire pour d’autres personnes que son créateur. Mais ne vous méprenez pas : “J’adore ma mère. Sans ma mère, il n'y aurait pas de Desperate Housewives.” Voilà qui est dit.
