Money Heist Korea : Joint Economic Area est disponible en intégralité dès ce 24 juin sur Netflix. Épisodes vus : 6/6.
DE QUOI ÇA PARLE ?
Version coréenne de La Casa de Papel. Un génie du crime rassemble huit voleurs afin d'organiser une prise d'otages à la Maison de la monnaie.
C'EST AVEC QUI ?
Pour ce remake sud-coréen de La Casa de Papel, le créateur et scénariste Ryu Yong-jae (coscénariste du film Peninsula), sous la houlette d'Álex Pina (le créateur de la série originale), a fait appel à des visages connus pour attirer le public, à commencer par Park Hae-Soo, qui incarnait Cho Sang-Woo (le joueur 218) dans Squid Game. Il reprend le rôle emblématique de Berlin dans Money Heist Korea.
Il est accompagné de Yoo Ji-tae, que l'on a déjà vu dans Old Boy de Park Chan-wook, qui se glisse dans les chaussures du brillant et charismatique Professeur. Face à lui, on retrouve l’actrice Kim Yunjin, connue pour son rôle de Sun dans Lost, dans la peau de Seon Woojin, la cheffe de l’équipe de négociation de crise lors du braquage – soit l’équivalent de Raquel Murillo dans la version hispanique.
Pour incarner l'emblématique Tokyo, c'est l'actrice Jeon Jong-seo, vue notamment dans Burning de Lee Chang-Dong. Au reste du casting de la série réalisée par Kim Hong-sun figurent des nouveaux talents et des acteurs et actrices sud-coréens qui se sont illustrés dans des séries à l'eau de rose ou des films policiers ou encore des comédies bien trempées.
ÇA VAUT LE COUP D'OEIL ?
Il n’aura pas fallu attendre longtemps avant de voir un premier remake de La Casa de Papel sur Netflix. À peine six mois après la fin de la série espagnole, la plateforme dégaine Money Heist : Korea, une nouvelle itération de la très populaire histoire de braquage qui a rencontré un succès dans le monde entier.
Cette adaptation sud-coréenne reprend tous les ingrédients qui ont participé à la popularité de la série ibérique : une bande de braqueurs menée par un chef brillant, un casse ingénieux et spectaculaire, une équipe de police dépassée par les évènements et des rebondissements haletants. Qu’on se le dise, si vous avez déjà regardé La Casa de Papel, vous aurez une forte impression de déjà-vu devant Money Heist : Korea.
C’est à se demander si les fans de la série originale espagnole se donneront vraiment la peine de découvrir le remake sud-coréen, malgré le succès des productions de la Corée du Sud, en témoigne l’incroyable popularité de Squid Game. Et pourtant, Money Heist Korea mérite qu’on y jette un œil, notamment pour ce qu’implique son sous-titre "Joint Economic Area".
Un Casa de Papel sur fond politique
Car la série réalisée par Kim Hong-sun et scénarisée par Ryu Yong-jae situe son intrigue dans un contexte géopolitique et socioéconomique passionnant. En effet, Money Heist Korea est une uchronie qui se déroule en 2026 où les deux Corées auraient fait la paix pour constituer une zone économique commune.
Dans la série, la Corée du Nord et la Corée du Sud se sont miraculeusement réunies pour un plan de développement économique global dans un lieu précis : la ZEC (Zone Economique Commune) qui remplacerait la ZSC (Zone de Sécurité Conjointe), autrefois symbole de la division des deux Corées.
Ce projet favorise les échanges entre les deux Corées et la création d'une monnaie unique, grâce à la Fabrique de la Monnaie et du Comité d'Unification. Mais avec les avantages, arrivent également les inconvénients : des révoltes sociales dûes aux riches qui s'enrichissent et des pauvres victimes du capitalisme.
Et c'est ce contexte bien particulier que va utiliser le Professeur pour mener à bien son casse exceptionnel, qui est également un coup politique bien huilé. Cet environnement géopolitique et socioéconomique singulier permet d'offrir un fond bien plus intéressant que celui qui était exposé dans La Casa de Papel et d'apporter plus d'épaisseur à des personnages, qui étaient vite devenus caricaturaux et insupportables dans la série espagnole et qui sont dans la version coréenne plus construits et attachants.
Même si la question de la réunion des deux Corées a déjà été évoquée dans maintes oeuvres coréennes, il est intéressant de la voir ici traitée dans une série qui a vocation à avoir un public international, pas forcément au fait des enjeux entre les deux Corées.
Sur les 6 épisodes disponibles, Money Heist Korea reste pour le moment un peu en surface mais on a bon espoir qu'elle soit plus incisive par la suite et qu'elle n'hésite pas à tailler sec comme l'a pu faire à sa manière Squid Game.
En filigrane, Money Heist Korea évoque tout de même la guerre, l'immigration et d'autres problématiques politiques et sociales inhérentes aux deux Corées à travers les parcours de vie des braqueurs. La transposition culturelle a été faite avec soin - comme pour les masques traditionnels Hahoe qui remplacent ceux de Dali - et permet d'offrir un nouveau regard à une intrigue déjà connue.
Heureusement, le remake sud-coréen s'autorise quelques écarts - sans jamais trahir le matériau d'origine - avec des rebondissements nouveaux ou des résolutions différentes et même encore des nuances plus subtiles, en témoigne la manière dont le Professeur espagnol remonte ses lunettes par le milieu tandis que le Professeur coréen les remonte par la branche de côté.
Outre ses personnages très marquants, Money Heist Korea se révèle être un bon divertissement grâce à une mise en scène maîtrisée et à un rythme bien dosé pour des scènes d'action qui s'enchaînent avec fluidité, si bien que les 70 minutes environ que font chaque épisode passent relativement vite si on est habitué à ce genre de formats longs venus de la Corée du Sud.
En bref, Money Heist Korea ne réinvente pas la formule La Casa de Papel, qui a fait les beaux jours de Netflix, mais lui apporte quelques équations bienvenues qui offrent un peu plus de saveur et de profondeur et la distinguent en bien de la série originale, qui s'est très rapidement déclinée avec les saisons supplémentaires. Si vous n'avez pas vu La Casa de Papel, on vous conseille de regarder Money Heist Korea.