Film de zombies d’une efficacité redoutable, Dernier train pour Busan a été l’un des plus grands succès de l'histoire du cinéma coréen. L'intrigue n'est pas compliquée : des Sud-Coréens se retrouvent piégés dans un train à grande vitesse avec des zombies qui se multiplient comme des petits pains.
Accompagnée par une réalisation très lisible pour un film d'action, l’intrigue crée une sensation de claustrophobie qui a redonné un coup de fouet au genre zombie. Mais au-delà d'un thriller au rythme effréné, Dernier train pour Busan est aussi une critique approfondie de la société coréenne.
"Nous ne faisons confiance qu'à nous-mêmes" avait écrit la critique de cinéma Youn Sung-eun, rapporte NPR. Le film met en exergue l'insensibilité des entreprises pour le nombre de morts et le gouvernement qui dissimule la vérité ou est largement absent. Quant aux contrôleurs du train ? Plutôt que de sauver des passagers, ils se mettent au service d'un riche homme d'affaires.
Le réalisateur, Sang-Ho Yeon, fustige l’absence de l’Etat et ses manquements vis-à-vis de ses citoyens et le capitalisme qui privilégie l’intérêt des actionnaires sur le bien commun. Ces thèmes résonnent particulièrement en Corée du Sud, après le naufrage d’un ferry en 2014. Cette tragédie nationale a provoqué la mort de 300 personnes, pour la plupart des adolescents.
Les enquêteurs ont découvert que la compagnie propriétaire du ferry l'avait surchargé pour économiser de l'argent. Et le capitaine et l'équipage sont montés dans des canots de sauvetage sans secourir les passagers. Les médias, suivant la ligne du gouvernement, avaient initialement rapporté que tout le monde avait survécu…
A l’aune de cet éclairage, on mesure encore plus la férocité du film. Dernier train pour Busan, à voir ou revoir sur Prime Video jusqu’au 17 juin.