AlloCiné : Vous êtes cette année à Cannes pour deux films et avez participé à la montée des marches entre compositeurs organisée par la SACEM : que pensez-vous de la place de la musique dans le cinéma ?
Florencia Di Concilio : Je pense que la composition est l’un des trois 3 piliers d’un film avec le scénario et la réalisation. Il y a certes des films sans musique, mais même si c’est le cas la musique existe toujours, ne serait-ce qu’avec le sound design etc… Il y a toujours un aspect sonore qui doit être en harmonie avec le reste.
Je n’ai jamais dissocié la musique d’un film du film en question, pour moi c’est un vrai ensemble, une œuvre qui ne va pas l’une sans l’autre. Qui plus est, il y a beaucoup de parallèles entre le travail d’un compositeur et d’un réalisateur. Dans le processus créatif, le choix du casting et des équipes qui vont l’entourer pour l’aider à donner naissance à son œuvre. Ce sont deux créateurs.
Pensez-vous que les compositrices et compositeurs de musiques de films sont assez considérés ?
Florencia Di Concilio : Cela va beaucoup mieux et étant une grande optimiste, je ressens une vraie progression ! Il y a une quinzaine d'années, j’avais l’impression que la musique était presque un sujet tabou. Aujourd’hui l’industrie s’est énormément développée, avec des dispositifs, des rencontres, des événements spéciaux...
Mais c’est vrai qu’il y a encore du chemin à faire. Sans être obsédée par les prix, je trouve que cela serait bien qu’il y en ait un au Festival de Cannes pour les compositeurs, simplement pour marquer une reconnaissance du métier.
Pouvez-vous nous parler de votre travail sur Les Cinq Diables de Léa Mysius et sur Les Années super 8 d’Annie Ernaux et David Ernaux-Briot ?
Florencia Di Concilio : Sur Les Cinq Diables, c’est la suite logique de ma collaboration avec Léa Mysius après Ava. Mais la différence ici c’est que j’ai eu accès au scénario alors qu’il était en train d’être écrit. J’ai aussi eu accès à tous les rushs, et c’est une opportunité très riche que je n’avais jamais eue. Cela m’a permis de construire la musique au fur et à mesure, en l’arrangeant au fil du temps et des discussions jusqu’au résultat final.
Pour Les Années Super 8, c’était très différent car ce sont des images d’archive, le film était donc déjà beaucoup plus abouti. C’était un autre type de processus créatif pour trouver la bonne cadence, la bonne couleur, harmoniser la musique avec la voix d’Annie Ernaux en mettant en valeur son récit.
Deux projets totalement différents et enthousiasmant qui se sont faits au même moment, en parallèle.
Quel a été le déclic qui vous a donné envie d’écrire des musiques pour le cinéma ?
Florencia Di Concilio : J’étais pianiste classique et en arrivant en France, j’ai rencontré un réalisateur qui m’a donné l’opportunité d’écrire la musique de son film. Et étant une amoureuse du cinéma, cela faisait sens. Je me souviens de la toute première musique que j’ai faite, c’était pour un documentaire Arte, et là j’ai réalisé le nombre de personnes qui allaient pouvoir voir ce documentaire et écouter sa musique, j’ai trouvé ça génial !