5- Sa mère était actrice
La mère de Romy Schneider, Magda Schneider, est une danseuse et chanteuse allemande apparue pour la première fois au cinéma en 1930 et qui connaît l'âge d'or de sa carrière durant les années 30 en Allemagne en tournant pour Max Ophüls (Une histoire d'amour) ou Anatole Litvak (La Chanson d'une nuit).
En 1938, elle donne naissance à Rosemarie Magdalena Albach, future Romy Schneider. Proche du régime du IIIème Reich, Magda était une sympathisante nazi, un passé qui hantera Romy dans sa vie comme dans ses rôles.
C'est Magda qui trouve à Romy son premier rôle au cinéma dans Lilas Blancs (1953) alors qu'elle n'a que 15 ans. Elle y interprète la fille de sa mère. Après plusieurs rôles dans des films romantiques estampillés Heimatfilm (des films situés dans le milieu rural) ou de princesse (Les jeunes années d'une reine), la mère et la fille jouent dans Sissi (1955), qui propulse Romy au rang de star. Un rôle qui la poussera à quitter l'Allemagne, et à s'éloigner de sa mère.
4- Sissi, un rôle dévorant
Dans Sissi, Romy Schneider incarne la fille du duc Maximilien et de la duchesse Ludovica de Bavière, dont l'empereur François-Joseph dit Frantz tombe éperdument amoureux. Le premier film est un succès incroyable, et deux autres films voient le jour à la suite : Sissi impératrice (1956) et Sissi face à son destin (1957). Entre les longs métrages de cette saga, l'actrice trouve un rôle un peu différent dans Monpti, mais se trouve enfermée dans le rôle de la gentille Sissi.
Elle refuse alors un million de deutsche marks pour jouer dans "Sissi 4". Des années plus tard, elle reprendra le rôle dans Ludwig : le crépuscule des dieux (1973), à la seule condition (respectée par le réalisateur) que le personnage soit enfin cohérent avec la réalité historique. Sissi y apparaît alors cynique, tranchant avec la petite princesse de la trilogie précédente.
Après son refus d'un 4e Sissi, Romy prend une autre décision radicale : celle de quitter l'Allemagne (et sa mère) pour venir faire carrière en France. Une grande partie du public allemand, qui la voyait comme une "fille du pays", ne comprend pas sa décision et rejette alors Romy, qui en sera à tout jamais blessée. Mais ils ignorent alors que la raison de son départ en France n'est pas que professionnelle. L'actrice a fait une rencontre qui va marquer sa vie.
3- Alain Delon, choisi sur catalogue !
En 1958, Romy Schneider doit tourner dans Christine, un remake d'Une histoire d'amour, et reprendre le rôle qu'y tenait sa mère en 1933. Elle peut choisir son partenaire et, en feuilletant des photos, choisit Alain Delon. Malgré la barrière de la langue, les deux comédiens tombent amoureux et Romy part s'installer en France.
Ils partageront l'affiche à trois reprises pour Plein soleil (1960), Dommage qu'elle soit une putain (une pièce filmée par Visconti, 1961) et L'Amour à la mer* (1962-65), qui sort après la rupture de leurs fiançailles en 1963. Durant les années 60, Romy Schneider s'installe aux Etats-Unis et signe un contrat à la Columbia qui lui permet de tourner avec Otto Preminger ou Orson Welles, mais la machinerie des studios lui déplaît, et elle rentre en France.
A la fin de la décennie, elle retrouve Alain Delon pour le sulfureux La Piscine (1969), qui iconise encore leur couple six ans après leur séparation, puis L'Assassinat de Trotsky de Joseph Losey, en 1972.
2- Cinq films avec Claude Sautet
En 1970, Claude Sautet rencontre Romy dans des circonstances improbables, qu'il a raconté à la télévision en 1978 :
"Je savais qu'elle faisait de la synchronisation aux studios de Boulogne-Billancourt, et je ne l'ai pas trouvée. Et puis je vois une petite personne qui sort du bar avec des lunettes en train de discuter avec une autre femme et je dis 'mais qui est cette femme, elle est très très vivante' et c'était Romy Schneider. (...) Ça m'a tout de suite donné envie de tourner avec elle (...)".
Ils travailleront ensemble à cinq reprises, pour Les Choses de la vie (1970), Max et les ferrailleurs (1971), César et Rosalie (1972), Mado (1976) et Une histoire simple (1978). A travers cette collaboration, Romy Schneider montre toute l'étendue de son talent dans une relation de pleine confiance avec un metteur en scène qui lui permet de jouer des émotions différentes et des personnages complexes de film en film.
1- Césarisée à deux reprises
Les quelques prix reçus par Romy Schneider avaient toujours été de "la meilleure actrice étrangère" : l'Etoile de cristal pour Le Procès d'Orson Welles et la Victoire du cinéma français pour Le Cardinal de Preminger en 1964. Plus de dix ans plus tard, elle est enfin consacrée Meilleure actrice "tout court" pour son interprétation dans L'Important c'est d'aimer, d'Andrzej Żuławski.
Elle y joue le rôle d'une actrice tournant des films pornographiques pour assurer sa survie ainsi que celle de son mari (Jacques Dutronc). Elle rencontre un photographe (Fabio Testi) qui va essayer de l'aider mais dans le même temps, bouleverser sa vie. Le film est salué par la critique, comme le sera celui qui lui vaudra sa seconde statuette : Une histoire simple.
Dernière collaboration entre Schneider et Sautet, le film place Romy dans la peau d'une femme divorcée se retrouvant enceinte de son nouveau compagnon, pour qui elle n'a plus de sentiments amoureux. Elle choisit de le quitter et d'avorter. Sautet propose un personnage féministe, incarné par une Romy Schneider impériale. Un film à redécouvrir.
Pour aller plus loin, voyez notre visite de l'exposition Romy Schneider, qui lui était consacrée en 2011 :
* La scène de Romy Schneider dans L'Amour à la mer sera coupée au montage.