C’est un fait bien connu : les films et les séries traitant d’un sport (football, basket, baseball, boxe…) sont en général bien plus que de simples portraits d’une discipline athlétique. Du rêve américain poursuivi par l’Etalon italien dans Rocky, au désir de dépassement de soi et des autres dans Rush, ou encore la quête du respect des héros de Rasta Rockett, chacune de ces productions nous rappelle que ce sont les hommes et les femmes qui incarnent les valeurs sportives, par leurs imperfections et leurs doutes, dans la victoire comme dans la défaite.
Make America Great Again
HBO
A cette règle, Winning Time ne fait pas exception. Certes, les fans de NBA vont adorer suivre depuis ses débuts l’épopée incroyable des Lakers au cours des années 80, et l'histoire de ses deux joueurs stars : Earvin "Magic" Johnson et Kareem Abdul-Jabbar. La série HBO retrace également le rachat de l’équipe par le magnat de l’immobilier Jerry Buss, un homme d’affaires excentrique prêt à miser une somme colossale (qu’il ne possède d'ailleurs pas) sur la seule foi d'une victoire de son équipe.
Quand la défaite n’est pas possible, on ne peut viser que la victoire. Telle pourrait être l’accroche de cette série célébrant l’épopée exceptionnelle d’une des meilleures équipes dans toute l’Histoire du sport américain, qui préfigure celle encore plus grande des Bulls de Michael Jordan dans les années 90.
A ce portrait d’une équipe flamboyante s’ajoute celui d’une Amérique, quant à elle en pleine renaissance suite à l’élection de Ronald Reagan ; l’ancien acteur et gouverneur de Californie, membre du Parti Républicain, milita pour le rétablissement d’un modèle de puissance américain, grâce notamment au slogan Make America Great Again ("Rendre à l’Amérique sa Grandeur") repris plusieurs décennies plus tard par le Président Trump.
Les morceaux d'un homme
HBO
Au-delà de l’aspect sportif, Winning Time aborde également des sujets sociétaux telle que la place des femmes dans un environnement majoritairement masculin et ouvertement sexiste. Claire Rothman et Jeanis Buss occupent à ce titre des places centrales dans l’intrigue, s’imposant peu à peu comme des personnages clés de la série, à l’instar de l'évolution de Peggy Olson dans Mad Men.
Le racisme est également abordé en largeur par la série. Alors jeune rookie évoluant pour sa première année en NBA, Magic Johnson va découvrir l’intensité du basket de haut niveau, mais également le poids que représente sa notoriété aux yeux de la communauté afro-américaine. Très vite, un duo mentor / protégé se créée avec Kareem Abdul-Jabbar, dont la conversion à l’islam est abordée dans l’extraordinaire épisode 5, Pieces of a Man.
Série à plusieurs niveaux de lecture, servie par un casting composé de visages bien connus (John C. Reilly, Adrien Brody, Jason Clarke…) et de jeunes acteurs débutants (Quincy Isaiah et Solomon Hughes sont extraordinaires en Magic et Abdul-Jabbar), Winning Time possède toutes les cartes en main pour s’imposer dans les années à venir comme un nouvel incontournable du petit écran. Un constat apparemment partagé par HBO, qui a d’ores et déjà renouvelé le programme pour une saison supplémentaire.
