De quoi ça parle ?
L'histoire de la "Gun Trace Task Force" de la police de Baltimore. Ce groupe de travail a été conçu pour éloigner les criminels violents des rues de Baltimore face à la recrudescence de meurtres dans la ville.
L'unité a fini par fonctionner comme une organisation criminelle à part entière, avec des agents qui volent l'argent de personnes qu'ils prétendent suspectes, effectuent des perquisitions illégales, placent des preuves et extorquent de l'argent aux trafiquants de drogue. D'après l'ouvrage éponyme du journaliste Justin Fenton.
La minisérie We Own This City est diffusée sur OCS en US+24 à partir du mardi 26 avril à raison d’un épisode par semaine. Épisodes vus : 3/6.
C’est avec qui ?
Pour incarner les protagonistes de sa nouvelle création, David Simon a retrouvé quelques-uns de ses anciens acteurs de The Wire. Notamment Jamie Hector, alias l’iconique gangster Marlo Stanfield dans la série culte, qui passe ici de l’autre côté de la loi en incarnant un détective de la brigade criminelle, ou Darrell Britt-Gibson qui jouait O-Dog dans The Wire et qui campe un policier de la Gun Trace Task Force dans We Own This City.
On y retrouve aussi Delaney Williams, le sergent Jay Landsman de la série lancée en 2002 qui devient ici le commissaire de la police de Baltimore. David Simon a également offert des rôles à des acteurs de ses autres séries comme Don Harvey (The Deuce) dont le personnage enquête sur l’unité de police corrompue de We Own This City ou McKinley Belcher III (Show Me a Hero) et Rob Brown (Treme), qui interprètent tous deux des membres de cette Task Force.
C’est aussi le cas de deux petits nouveaux dans l'univers du scénariste : Jon Bernthal, alias Shane dans The Walking Dead ou le Punisher dans la série Marvel ex-Netflix, et Josh Charles (Le Cercle des Poètes Disparus, The Good Wife). Wunmi Mosaku (Lovecraft Country, Loki) joue quant à elle une avocate du Département de la Justice tandis que Dagmara Domińczyk (Succession) interprète une agente du FBI qui enquête sur la GTFF.
Ça vaut le coup d’oeil ?
Vingt ans après le début de The Wire (Sur écoute en français), série célébrée comme l’une des meilleures œuvres télévisuelles de tous les temps, son créateur, l’ancien journaliste David Simon, et son très fréquent collaborateur, l’auteur George Pelecanos, retournent dans la ville de Baltimore.
Créée par le duo pour HBO, comme toutes leurs œuvres, We Own This City se déroule en effet dans cette ville emblématique de la série culte. Tous les épisodes ont été réalisés par Reinaldo Marcus Green (La Méthode Williams) et le scénariste, producteur et ancien enquêteur de police à Baltimore Ed Burns est lui aussi de la partie après avoir collaboré avec David Simon sur de nombreux projets.
Avec de telles personnalités derrière la caméra et ce retour aux sources, autant dire que la minisérie était très attendue par les sériephiles et elle ne devrait pas décevoir. Basé sur une véritable affaire racontée par Justin Fenton dans le livre La ville nous appartient publié en France chez Sonatine Editions, le show s’inscrit dans la lignée de son aînée mais aussi de The Shield, autre série renommée sur une unité de police aux méthodes musclées et pas toujours légales.
Condenser cette incroyable histoire de corruption en six épisodes n’était pas une mince affaire mais l’équipe créative s’en sort avec les honneurs. Évidemment très documentée et ultra-réaliste, la série plonge le spectateur en immersion au plus près de ses personnages, qui sont nombreux, et jongle entre présent, soit la chute de la Gun Trace Task Force en 2017, et passé.
Du parcours du sergent Wayne Jenkins (le charismatique Bernthal, formidable) de sa sortie d’académie à son apprentissage de la rue, à la création de cette fameuse unité et des coulisses du système de corruption et de racket qu’elle a mis en place, en passant par l’enquête pour la faire tomber lancée en 2015, le récit est captivant et montre comment ces policiers violents ont pu agir en toute impunité pendant des années dans une ville où on leur demandait de faire toujours plus d’arrestations menant à de nombreuses dérives.
Multipliant les allers-retours temporels (pas toujours simples à suivre) et les points de vue (on suit par exemple également une avocate des droits civiques cherchant à faire la lumière sur les discriminations dont sont victimes les habitants de Baltimore) et portée par une distribution au diapason, We Own This City est une série exigeante mais édifiante.
Et elle prouve une nouvelle fois à quel point David Simon est capable de radiographier les travers du système policier américain dans une ville où, vingt ans après The Wire, peu de choses semblent avoir changé…
Quand Barack Obama interviewait David Simon à propos de The Wire :