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    La claque série du moment, c'est Pachinko : "Un voyage initiatique qui vous prend aux tripes"
    Emmanuel Itier
    Emmanuel Itier
    -Correspondant
    Basé à Los Angeles, Emmanuel Itier accompagne AlloCiné sur les sorties américaines, en assurant interviews/junkets et couverture d’événements US.

    Fresque familiale sur des générations d'immigrés coréens, Pachinko est une série dramatique d'une grande poésie. AlloCiné a pu s'entretenir avec l'équipe de cette pépite disponible sur Apple TV+.

    Nouvelle création originale à ne pas manquer sur Apple TV+, Pachinko est une sublime série dramatique qui raconte les espoirs et les rêves de quatre générations d’une famille d’immigrés Coréens, alors qu’ils quittent leur pays et cherchent inlassablement à survivre et s’épanouir. La série créée par Soo Hugh et réalisée par Kogonada et Justin Chon fait le pont entre la vie de Sunja, qui commence dans la Corée du Sud du début du XXème siècle, et celle de Solomon, son petit fils, dans les années 1980.

    Pachinko
    Pachinko
    Sortie : 2022-03-25 | 60 min
    Série : Pachinko
    Avec Yuh-Jung Youn, Soji Arai, Jin Ha
    Presse
    4,3
    Spectateurs
    4,2
    Voir sur Apple TV+

    AlloCiné a pu s'entretenir avec la créatrice et showrunneuse Soo Hugh, les producteurs Theresa Kang et Michael Ellenberg, les réalisateurs Justin Chon et Kogonada et les acteurs Yuh-Jung Youn, Jin Ha, Anna SawaiMinha Kim et Lee Min-ho, pour comprendre à quel point l'intrigue de cette fresque familiale se révèle universelle.

    AlloCiné : De quoi parle, pous vous, cette série ?

    Theresa Kang : Pour moi, c’est vraiment une histoire émotionnelle sur la famille, sur la tradition passée à travers les générations. Ce qui est également mis en avant c’est la notion de la liberté des choix que l’on fait dans la vie. Comment ces choix ont un effet déterminant sur votre destinée et celle de ceux qui vous sont chers. Et comment il est parfois difficile de laisser les autres choisir leur propre destinée, sans votre interférence, surtout lorsqu’il s’agit de vos enfants. C'est une série qui vous fera vibrer.

    Michael Ellenberg : C’est vraiment une histoire universelle. Nous avons tous une “Sunja” en nous, ou que nous connaissons. Quand nous avons “pitché” l’idée de faire une série de ce livre aux diverses compagnies hollywoodiennes, tout le monde finissait par pleurer, tellement cette histoire d’immigrants, d’injustice, de préjudice, ne peut que toucher l’âme humaine du commun des mortels.

    Yuh-Jung : C’est un regard posé sur le passé de la Corée. Un passé qui a eu des périodes sombres. Les personnes qui ont survécu à ces années difficiles ont souvent, encore, une âme bien noire. C’est une histoire pour les générations actuelles, pour leur montrer comment nous avons dû survivre pour pouvoir partager cette période chaotique.

    Apple TV+

    Jin Ha : C’est une série sur les traumatismes, mais aussi les triomphes, de plusieurs générations d’individus qui, au final, ont réussi à survivre malgré tous les défis auxquels ils ont dû faire face. C’est aussi une série qui montre comment les choix que vous faites dans la vie ont un effet sur les générations futures. J’imagine que ceci amènera l’audience a revoir ou réévaluer leurs relations avec leurs ancêtres mais aussi celles qui vont suivre leurs pas. Tout est lié dans la vie, tout se tient, il faut faire donc attention à ses choix qui ont toujours des conséquences, parfois pleines de surprise, pour le meilleur mais aussi pour le pire.

    Anna Sawai : Je suis d’accord avec Jin Ha. Pour moi, qui ai parlé avec ma mère des traumatismes de la génération qui m’a précédée, c’était important de comprendre qu’éventuellement les choses changent mais que cela prend du temps. J’espère qu’une série comme celle-ci invite au dialogue entre les générations et qu’elles apprennent quelque chose, l’une de l’autre. Pour moi il s’agit de trouver le courage en soi pour continuer d’aller au bout de ses rêves malgré les rejets dont nous faisons tous l’objet à divers moments de notre vie. Il y a toujours de la lumière de l’autre côté du tunnel…

    Justin Chon : Il s’agit d’une vérité universelle, celle de la quête de l’identité et comment vous vous battez dans la vie pour la trouver et la conserver. C’est également une leçon sur les sacrifices que l’on fait pour avancer sur le chemin de la vie. Parfois, on doit laisser derrière nous certaines choses pour pouvoir aller de l’avant. C’est aussi une étude sur la notion de “perte” : la perte d’un être cher, la perte de son pays. Comment au-delà de tout ceci, ce qui reste, c’est la famille. C’est ce qui vous maintient en vie : l’esprit de famille.

    Kogonada : C’est vraiment une série sur l’expérience humaine que nous avons tous, avec ses rires et avec ses pleurs. C’est une série qui vous rend plus vivant que jamais.

    Apple TV+

    Soo Hugh : Avant tout c’est une épopée humaine. Je ne voulais pas juste faire un show sur l’histoire de la Corée. L’Histoire est, certes, un personnage mais pour moi, c’est l’étude de la condition humaine qui m’importe, plus que tout. Je voulais vraiment vous faire “sentir” ce que vivent les personnages de notre série. C’était important que ce soit une série viscérale et tactile. D’ailleurs cette histoire d’immigrants est une histoire d’horreur vu tout ce que traversent nos divers protagonistes.

    J’espère aussi qu’après les succès de Parasite et de Squid Game, que le public découvre un autre visage de la Corée et de son peuple. C’est incroyable comment les streamers, comme Apple, n’ont plus peur de faire des shows de cette dimension, avec des sous-titres. Cela prouve que nous sommes rentrés dans une nouvelle ère où chacun peut s’identifier à l’autre, malgré leurs différences culturelles, religieuses, ou autres.

    Minha Kim: C’est un tableau de l’âme humaine qui se va avec resilience pour avancer dans la vie, en gardant le passé en mémoire mais sans resté coincé dans ce passé. Dans la vie vous pouvez tout faire si vous savez garder votre focalisation et si vous faites preuve de tenacité.

    Lee Minho: Grace à la techonologie nous sommes tous connectés aujourd’hui. Nous pouvons rire et pleurer tous ensemble. Cette serie montre que nous sommes une grande famille humaine et qu’il nous faut protéger les uns et les autres. Unis nous pouvons changer le Monde et le cours de l’Histoire.

    J’espère aussi qu’après les succès de Parasite et de Squid Game, que le public découvre un autre visage de la Corée et de son peuple. C’est incroyable comment les streamers, comme Apple, n’ont plus peur de faire des shows de cette dimension, avec des sous-titres. Cela prouve que nous sommes rentrés dans une nouvelle ère où chacun peut s’identifier à l’autre, malgré leurs différences culturelles, religieuses, ou autres.

    AlloCiné : Quels ont été les divers challenges rencontrés pour mener à bien la production de cette série, à la dimension épique ?

    Anna Sawai : Il a fallu, pour moi, confronter mes propres hésitations vis à vis de la société dans laquelle nous vivons et qui semble toujours juger l’autre sans objectivité. J’ai vécu et travaillé au Japon longtemps et j’ai souffert de sexisme. Ce n’est pas toujours évident de pouvoir tourner la page…

    Jin Ha : J’ai dû parler le Japonais dans cette série et je ne le parlais pas du tout. Cela a donc été un sacré défi d’arriver à faire croire que j'étais bilingue en Japonais.

    Apple TV+

    Soo Hug : Cette série est tirée du bestseller de Min Jin Lee et ce ne fut pas simple d’en tirer une série à la trame complexe mais suffisament accessible et compréhensible de tous. Ce n’est pas, également, toujours évident de mettre “en images” des pensées littéraires, aussi intellectuelles, voir spirituelles. Un scénario n’a pas la même allure qu’un roman. Il faut donc savoir choisir les mots qui permettent de mettre en mouvements les émotions décrites. C’est un vrai casse-tête.

    D’autant que je ne voulais pas que ce soit juste un show historique mais plutôt une histoire de divers parcours humains et de leurs destinations finales. Ce fut une expérience intense pour moi et cela m’a pris presque quatre ans pour y arriver. D’autant que je me suis totalement identifiée à cette histoire qui ressemble à celle de mes parents et de mes grand-parents. Le montage de la série a été aussi un moment clé avec ses propres défis.

    Comme vous le verrez la série passe d’une époque historique à une autre, à l’intèrieur de chaque épisode. Ce ne fut donc pas évident de trouver la bonne combinaison, le bon équilibre entre les diverses séquences à monter. Jusqu’à la fin j’étais hantée par le doute, par la peur de ne pas arriver à monter avec habileté cette série. Heureusement, ce fut un travail d’équipe où chacun a donné du sien pour surmonter tous ces défis.

    Yuh-Jung : Cela n’a pas été trop difficile de jouer “Sunja” car comme elle, j’ai deux fils que j’ai élevés seule. Le script était précis et le livre m’a aidé à la comprendre encore mieux. C’est une femme d’une force incroyable et d’une grande détermination.

    Justin Chon : Après avoir lu le livre et le script, j’ai tout de suite été convaincu de l’importance de ce projet. Mais ce ne fut pas toujours simple de le mettre en place. Ce qui est certain c’est que le temps que nous avions pour filmer cette série épique a été un défi. Au vu de cette production, nous aurions dû avoir encore plus de temps pour la filmer, mais nous y sommes arrivés au bout du compte.

    Apple TV+

    Kogonada : C’était un projet ambitieux et nous avons pris beaucoup de risques pour le mener à bien. La logistique et le casting ne furent pas facile à couvrir. Je suis d’accord avec Justin, quelque soit le budget et quelque soit le temps de tournage, vous voulez toujours filmer plus, explorer plus en profondeur tel ou tel personnage. La course au temps est vraiment ce qui vous stresse le plus pendant le tournage.

    Therasa Kang : Ce ne fut pas simple de faire une série avec trois langues différentes, entre le Coréen, le Japonais et l’Anglais. Mais il le fallait pour respecter l’esprit du livre. Pour vendre au mieux notre série nous avons dû avoir une stratégie bien précise. Cela consistait à trouver des employés clés dans chaque rendez-vous qui étaient Asiatiques, ou de couleurs, ou qui étaient des parents.

    Il fallait toucher la sensibilité de l’ADN des décideurs. Ce ne fut pas simple mais je pense que nous y sommes parvenus. D’ailleurs, Apple TV+ a immédiatement sauté sur l’occasion de financer la série et nous avons été tellement ravi de travailler avec eux. J’allais oublié de mentionner les heures que nous avons passé pour faire des recherches historiques ultra poussées afin d’être le plus fidèle à la réalité de ce que vivent à l’écran nos personnages. Au final, nous avons eu plus de vingt historiens qui ont participé au tournage pour être sûr que tout était totalement authentique.

    Michael Ellenberg : Nous avions tous les deux, Therasa et moi, une connection personnelle avec ce livre. Pour ma part je suis le fils d’un immigrant ayant grandi en Allemagne Nazie. J’ai grandi aux USA mais avec un père qui avait passé du temps en Corée pendant la guerre en 1950-1953. Nous savions aussi que ce ne serait pas un projet facile, d’autant que nous avons commencé à travailler dessus en 2018, bien avant le succès du film coréen Parasite. Mais heureusement que nous avons cru en nous pour arriver à nos fins. Voilà le résultat. Pachinko est un voyage initiatique qui vous prend aux tripes.

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