Il aura fallu huit ans à C.B. Yi pour que son film, Moneyboys, voit le jour. Le cinéaste autrichien, d’origine chinoise, réalise son premier long métrage sur un sujet tabou : la prostitution masculine. Il suit le parcours de Fei, un jeune homme qui vend son corps pour subvenir aux besoins de sa famille.
Depuis sa présentation à Cannes, dans la catégorie Un Certain Regard, Moneyboys a fait le tour du monde et n’a reçu que des éloges. Sensible et délicat, le drame aborde les thèmes de la culpabilité, d'une quête d'amour et d'une identité sacrifiée pour protéger les siens.
“Pour moi, c’est une histoire universelle sur les relations interpersonnelles qui pourrait se dérouler dans de nombreux endroits du monde, explique le metteur en scène dans le dossier de presse. Fei se sacrifie, mais il est méprisé par la loi et la morale familiale pour s’être prostitué. Son abnégation n’est pas reconnue car il ne respecte pas l’ordre de la société et de sa famille. Il cherche la reconnaissance et l’amour de ceux qui l’excluent.”
Ancien élève de Michael Haneke à Vienne, C.B. Yi situe son récit en Chine, son pays natal. Une évidence pour lui. Si l’homosexualité y est tolérée, la prostitution, elle, est interdite. Pour éviter tout problème avec le gouvernement du pays, le réalisateur a tourné son film à Taïwan.
Jean Louis Vialard
De nombreux plans-séquences ponctuent Moneyboys. Le cinéaste privilégie l'authenticité. Il filme des moments de vie et laisse ses acteurs s’emparer de l’espace. Autre détail notable : le silence. Le drame comprend très peu de dialogues.
“Parler est un outil qui souvent nous distrait du monde et de nous-mêmes, explique C.B. Yi. Pour moi, lorsqu’il y a du silence dans les films, cela génère une ambiance dans laquelle on perçoit les gens dans leur connexion avec les choses et les êtres autour d’eux."
Premier opus d'une trilogie, Moneyboys transmet un puissant message sur le courage et le combat intérieur pour s'aimer soi-même. Néanmoins, le réalisateur précise qu'il ne veut pas dicter aux spectateurs quoi penser : "Il s’agit de stimuler la réflexion et le dialogue, sans en prédéterminer la direction."
Moneyboys, au cinéma le 16 mars 2022.
