De quoi ça parle ?
Ptolemy Grey, un homme de 91 ans, atteint de démence et abandonné par sa famille et ses amis. Bientôt, un remède miracle lui est proposé. En acceptant, il pourra retrouver brièvement ses souvenirs. Il va utiliser ce précieux et fugace retour de lucidité pour résoudre la mort de son neveu...
Les derniers jours de Ptolemy Grey, une série créée par Walter Mosley avec Samuel L. Jackson, Dominique Fishback, Damon Gupton, Walton Goggins… Sur Apple TV+
La mémoire vive
Adaptée de son propre roman par Walter Mosley, Les derniers jours de Ptolemy Grey est un mélange de genres, entre le drame et le thriller avec une pointe de science-fiction. Ptolemy Grey, incarné par Samuel L. Jackson, teste un traitement expérimental pour lutter contre la maladie d’Alzheimer et retrouver aussi bien sa mémoire que ses fonctions cognitives.
Seul problème, le traitement ne fonctionne que temporairement et accélérera ensuite le déclin du patient quand les effets se seront évanouis. Il y a un peu du mythe de Faust dans cette aubaine de courte durée. Une référence directement assumée lorsque Ptolemy appelle son médecin, joué par Walton Goggins, "Satan" en relevant les conditions de ce marché qui requièrent que Ptolemy confie ensuite son corps au Dr Rubin.
Mais l’axe principal de l’intrigue se situe autour de la résolution d’un meurtre, celui du petit neveu de Ptolemy, Reggie (Omar Benson Miller), le dernier membre de sa famille à s’occuper du vieil homme. Le seul objectif de Ptolemy avec ce traitement est de résoudre l’affaire alors que la police est démissionnaire.
Un portrait touchant
Pour l’aider, Ptolemy peut compter sur le soutien de Robyn, interprétée par Dominique Fishback, alors que la jeune fille de 17 ans n’a plus de toit, ni de famille. L’alchimie entre ces deux étrangers devient le cœur battant de la série alors que Robyn est la seule – depuis le décès de Reggie – à traiter Ptolemy comme un être humain et non comme une nuisance.
On navigue alors entre les différents états de Ptolemy à travers un travail précis de la caméra, floutant les contours du cadre et multipliant les gros plans quand il est totalement désorienté. Au contraire, les couleurs prennent vie et le champ s’ouvre lorsque Ptolemy recouvre la mémoire et sa joie de vivre.
C’est un portrait sous forme de puzzle onirique qui est dessiné en filigrane avec les flashbacks qui viennent éclairer le spectateur sur le passé de Ptolemy. Au cours de ses hallucinations, quand il est au plus mal, il revit les moments forts de sa relation avec son épouse Sensia (Cynthia Kaye McWilliams) au milieu des années 1970. A d’autres moments, on découvre son enfance martyrisée dans le Mississippi du temps de la ségrégation et des lynchages.
A l’image d’un Ptolemy souvent perdu, la série plonge le spectateur dans une certaine confusion, à force de ne pas choisir de direction, un récit précis et structuré (l’enquête, le passé de Ptolemy ou le trafic humain généré par ce traitement expérimental). Néanmoins, la série bénéficie d’un atout majeur : Samuel L. Jackson. Complètement investi dans son rôle, il livre peut-être sa prestation la plus touchante de ces dernières années.