Il est toujours bon de jouer les archéologues pour exhumer de temps à autre de belles pépites un peu perdues au fin fond des catalogues des plateformes de streaming. En l'occurence ici chez Amazon Prime, avec Au revoir à jamais, sorti en 1996 et signé par Renny Harlin. Le réalisateur était d'ailleurs en sursis après l'échec cuisant de son Île aux pirates, sorti quelques mois auparavant.
L'histoire ? C'est celle de Samantha Caine. Cette sage mère de famille, amnésique depuis huit ans, n’a jamais réussi à percer le secret de son passé… Jusqu’à ce que celui-ci refasse violemment surface dans sa vie. Désormais, il lui faudra compter sur Mitch Henessey, détective privé, pour retrouver la mémoire, échapper aux tueurs qui la poursuivent, déjouer un gigantesque complot et achever une mission interrompue huit années plus tôt… Lorsqu’elle s’appelait Charlie Baltimore…
Revoici la bande-annonce...
Disons-le sans ambages : on adore Au revoir à jamais. Figurant un peu comme le chant du cygne de ces films d'actions des années 90, dans le sillage d'un Dernier samaritain et d'Une journée en Enfer (sans atteindre quand même la perfection de ce dernier signé par John McTiernan), le film de Renny Harlin fut un gros flop au box office en France, attirant moins de 220.000 spectateurs. Au box office mondial, il récolta 90 millions $, dont à peine 33 millions $ au pays de l'oncle Sam. Autant dire pas franchement un triomphe...
Si l'on évoque plus haut Le Dernier samaritain, ce n'est pas tout à fait un hasard. Le scénario d'Au revoir à jamais fut écrit par Shane Black, qui avait également signé ceux de L'arme fatale et sa suite, ainsi que celui de Last Action Hero. Ecrivant son film en ayant en tête un personnage principal masculin, il a eu la lumineuse idée de rétropédaler à mi-chemin, en estimant que son récit ne pouvait finalement fonctionner qu'avec une héroïne.
Sous les traits de Samantha Caine / Charlie Baltimore se trouve une formidable Geena Davis, madame Harlin à la ville depuis 1993, dont la transformation de figure maternelle en machine à tuer évite aussi les stéréotypes, grâce à un personnage bien écrit par Black. Il est d'autant plus triste de constater que le film a signé la fin de la trajectoire bankable de la comédienne.
Elle est largement épaulée par un génial Samuel L. Jackson dans le rôle de Mitch Henessey, dont l'alchimie fonctionne parfaitement avec Davis. Détective aux méthodes louches, au vague sens de l'éthique mais finalement très efficace quand il veut et doué malgré tout d'empathie, l'acteur promène sa dégaine et sa nonchalance dans une tenue de mauvais goût absolu (mocassins à glands, pantalon cigarette patchwork Burberry et casquette) dont lui seul a le secret. Et qui lui va pourtant parfaitement. C'est qu'il n'est pas surnommé le King of Cool pour rien.
Peuplé d'une galerie de solides seconds rôles, dont Brian Cox, David Morse ou Craig Bierko, Au revoir à jamais offre un spectacle jubilatoire dans ses scènes d'action, parfois violentes d'ailleurs, toujours lisibles en tout cas, à mille lieux de ces scènes au montage surdécoupé à la tronçonneuse dont le cinéma nous abreuve depuis plusieurs années.
L'occasion de retrouver le savoir-faire de Renny Harlin en la matière, qui avait mis en scène, pour mémoire, 58 minutes pour vivre et Cliffhanger. Au revoir à jamais figure d'ailleurs comme son film préféré, comme il l'expliqua en 2011. Et, peut-être l'ignorez-vous, c'est également le préféré de Samuel L. Jackson, qui place d'ailleurs son personnage juste au-dessus de sa géniale composition en Jules Winnfield dans Pulp Fiction.
Si vous n'avez jamais vu cette pépite, une bonne séance de rattrapage s'impose !