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    La Horde sauvage sur Arte : 22 personnes ont été virées du tournage
    Corentin Palanchini
    Il aime les superbes paysages (Ford), les sales gueules et les BO de Morricone (Leone), les héros indomptables (Hawks), les rebelles (Sollima), les solitaires (Eastwood), les délires (Les Mystères de l’ouest), la guerre de Sécession (The Good Lord Bird, Glory) et l'héritage de tout ça (Yellowstone).

    Retour dans le passé, lorsque Sam Peckinpah licenciait 22 personnes sur le tournage de "La Horde sauvage", son chef d'œuvre, sorti en 1969.

    La Horde sauvage, c'est 75 jours de tournage qui en deviendront 81, un budget de 3,4 millions qui en deviendront 5 ou 6 et un Sam Peckinpah au mieux de sa forme mais aussi... sur les nerfs !

    En effet, en ce début de printemps 1968 au Mexique, le réalisateur de Major Dundee se montre odieux sur le plateau avec son équipe technique, vociférant lorsque les choses ne sont pas telles qu'il les visualise, au point que certaines personnes sont parfois intervenues pour faire redescendre l'atmosphère.

    La Horde sauvage
    La Horde sauvage
    Sortie : 17 octobre 1969 | 2h 25min
    De Sam Peckinpah
    Avec William Holden, Ernest Borgnine, Robert Ryan
    Presse
    4,4
    Spectateurs
    4,0
    Disponible sur MAX

    Sur le plateau, si l'entente est au beau fixe entre Peckinpah et son producteur Phil Feldman, ce dernier n'hésite pas à déclarer, à propos de son réalisateur :

    "Sam n'avait aucune compassion pour un type ayant une famille à nourrir mais faisant une bourde à son travail, cela n'était pas son problème et il ne le tolérait pas... Il n'avait aucune compréhension même pour une erreur qui serait finalement correctible. Il s'emportait facilement et si quelqu'un commettait une faute sur le plateau ou ailleurs, il était prêt à lui sauter dessus, et c'est bien dommage."

    Warner Bros./Seven Arts

    Ce trait de caractère est d'ailleurs confirmé par l'intéressé, puisque de son propre aveu à Michael Bliss dans l'ouvrage Doing it Right: The Best Criticism on Sam Peckinpah's The Wild Bunch, Peckinpah affirme :

    Je crois que monsieur Feldman et moi avons viré 22 personnes de La Horde sauvage. Ils n'étaient pas tous membres du studio, bien entendu, certains étaient des indépendants, d'autres des syndiqués de la ville de Mexico. Mais nous avons travaillé très dur, et plus que 8 heures par jour.

    Selon la légende, le comédien William Holden a menacé de quitter le plateau si Peckinpah ne s'adressait pas mieux à ses collaborateurs. Par mimétisme, ce même Holden s'inspire inconsciemment de la façon dont Sam Peckinpah dirige son équipe pour interpréter Pike Bishop, son personnage. D'après Lou Lombardo, monteur du film, Holden "menait sa bande comme Sam menait son équipe !" (cité dans The Wild Bunch: The American Classic That Changed Westerns Forever par Bill Mesce, Jr.).

    Ernest Borgnine (Dutch) garde pour sa part un très bon souvenir du tournage, même s'il a lui aussi menacé -presque physiquement- le réalisateur afin qu'on lui autorise à évacuer la poussière lui obstruant la gorge et l'empêchant de respirer.

    Warner Bros./Seven Arts

    Quelles qu'aient été les conditions de tournage de ce western, Peckinpah a mis en scène son meilleur film, celui qui restera si l'on ne devait en garder qu'un. Ce film symbolise beaucoup de choses pour l'histoire du cinéma. Il marque symboliquement la fin de l'ère des studios à Hollywood car Peckinpah avait le "director's cut" sur le montage, même si ce droit a été mis à mal par la Warner.

    En effet, Feldman ne s'oppose pas à l'époque à ce que le studio coupe dix minutes de La Horde sauvage alors qu'il est déjà dans les salles, simplement pour réduire sa durée.

    La Horde sauvage met aussi le dernier clou dans le cercueil des westerns de l'ère classique hollywoodienne en représentant des hors-la-loi non comme des Robin des bois mais comme des tueurs sans vergogne, travail que Peckinpah avait amorcé avec le superbe Coups de feu dans la sierra.

    Warner Bros./Seven Arts

    Enfin, il repousse les limites de la violence à l'écran, prenant la suite de ce qu'avait effectué Arthur Penn avec Bonnie and Clyde deux ans plus tôt. Ajoutant une débauche d'hémoglobine à laquelle le public américain n'était pas préparé, le film fera d'ailleurs scandale à sa sortie à cause de cela. Les Italiens s'en donnaient déjà à coeur-joie à cette époque mais le public n'avait jamais vu cela dans un film américain.

    Le génie s'accompagne parfois donc d'une part de folie. Laissons le mot de la fin à l'acteur LQ Jones (T.C. dans le film), qui a travaillé sur 5 longs métrages dirigés par Peckinpah :

    "Sam est devenu fou sur La Horde sauvage, mais je l'ai vu bien pire. Comme sur le plateau de Pat Garrett et Billy The Kid, où il était saoul du matin au soir et m'a braqué ainsi que Harry Dean Stanton avec une arme chargée. Avec La Horde Sauvage, il était amoureux du scénario et vraiment déterminé à faire du bon travail. Il ne devenait fou que si les choses ne se passaient pas comme prévu". (Propos issus du magazine Flashback).

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