Goliath, sorti le 9 mars au cinéma, relate le destin de trois personnages qui n'auraient jamais dû se croiser. France (Emmanuelle Bercot), professeure de sport le jour, ouvrière la nuit, milite activement contre l’usage des pesticides.
Patrick (Gilles Lellouche), obscur et solitaire avocat parisien, est spécialiste en droit environnemental. Mathias (Pierre Niney), lobbyiste brillant et homme pressé, défend les intérêts d’un géant de l’agrochimie.
Suite à l’acte radical d’une anonyme, ces trois destins, qui n’auraient jamais dû se croiser, vont se bousculer, s’entrechoquer et s’embraser.
HISTOIRE VRAIE OU INVENTION TOTALE ?
Dans le film, le pesticide défendu par le lobbyiste Mathias se nomme la Tétrazine. En réalité, le réalisateur Frédéric Tellier s'est basé sur un vrai scandale phytosanitaire, celui du glyphosate.
Il s'agit d'un produit chimique présent dans des herbicides pour éliminer les plantes indésirables. Très efficace, peu onéreux et facile d’utilisation, il est très utilisé par les agriculteurs.
Toutefois, le glysophate reste très controversé, accusé d’être toxique. Pourtant, l’Union Européenne l’a autorisé jusqu’en décembre 2022. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), agence de l’OMS, avait classé le produit comme "cancérogène probable" pour l’Homme.
Comme le souligne Pierre Niney à notre micro, Emmanuel Macron avait donné sa "parole présidentielle" en 2017, assurant que le glysophate serait interdit dans les trois ans. Cette promesse n'a jamais été tenue.
En effet, les agriculteurs n'ont pas d'alternatives plus efficaces et facile d'utilisation que ce produit ; nombre d'entre eux s'élèvent donc contre la possible interdiction. Le gouvernement est donc toujours frileux à ce sujet.
"Notre position est de dire que nous devons sortir du glyphosate à chaque fois que cela est possible. Comme l’a rappelé le président de la République, cette position doit également être portée au niveau européen car nous sommes dans un marché commun et donc les transitions doivent être portées à cette échelle pour éviter toute distorsion de concurrence", a déclaré le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, en mars 2021.
UN LONG TRAVAIL D'ENQUÊTE
La consommation de glyphosate est toujours très importante en France. En 2020, elle sélevait à 8 645 tonnes. Frédéric Tellier a donc tissé son scénario à partir de cette controverse, en inventant tout le reste de son histoire.
"J’étais en train d’écrire L’Affaire SK1 quand j’ai découvert cette question des pesticides en tombant fortuitement sur un petit livre de constat qui ne parlait pas exclusivement des pesticides mais plus largement de l’alerte sur le milieu agricole et sur ce qu’on mange", confie le cinéaste dans le dossier de presse de Goliath.
"Cette lecture a d’abord commencé par bouleverser ma vie de citoyen et de consommateur. Je me disais que ce constat sur l’état de notre agriculture, de notre civilisation, sur notre manière de consommer, notre capacité à ne pas voir le chaos autour de nous, correspondait en fait à notre histoire individuelle autant que collective", explique le metteur en scène.
Il a fallu plus de 5 ans de travail au cinéaste pour faire ses recherches et se mettre à écrire son script, en collaboration avec Simon Moutaïrou.
"Je me suis lancé alors dans une enquête qui a duré plus ou moins 5 ans car le milieu est très opaque. Peu de livres parlent du milieu des lobbies, et très peu de lobbyistes de l’agrochimie, d’hommes politiques soi-disant engagés ou de journalistes spécialisés acceptent de raconter, de témoigner", révèle Frédéric Tellier.
"Je pensais d’ailleurs au départ enchaîner L’Affaire SK1 et Goliath mais Sauver ou périr est allé plus vite, ou plutôt Goliath du fait de cette enquête compliquée a demandé plus de temps", précise-t-il.
Goliath est en salles depuis le 9 mars.
LA BANDE-ANNONCE