Ce n’est pas la meilleure carte de visite pour le Texas. Pourtant, près de cinquante ans après sa sortie, Massacre à la tronçonneuse attire toujours autant de curieux dans l’État américain. La station-essence du film est même devenue l’une des attractions préférées des touristes. Peu importe les modes et les époques, la fureur du classique de Tobe Hooper résiste à l’épreuve du temps.
L’histoire est simple : cinq amis traversent la région à bord d’un van. Ils n'ont plus d'essence et s’aventurent dans les horizons pour en trouver. Ils découvrent alors une ferme tenue par une famille pas comme les autres. Le frère, Leatherface, est un meurtrier bestial et sans pitié. Plus rassurant encore : il arbore le visage de ses victimes en guise de masque. Pour la petite bande, c’est un aller simple vers l'Enfer.
Dès son ouverture, le film s’amuse de son style faux documentaire et présente ce récit sordide comme un fait divers. Or, malgré les ouï-dire, Massacre à la tronçonneuse n’est pas inspiré d’une histoire vraie. L’anecdote est insolite, mais le projet est né dans un centre commercial, en pleine période de Noël. Le réalisateur, Tobe Hooper, tente de se frayer un chemin dans la cohue et imagine brandir une tronçonneuse pour écarter la foule.
“Évidemment, je ne l’ai pas fait, mais je n’ai pas arrêté d’y penser en rentrant chez moi”, plaisante le cinéaste dans un entretien accordé à Interview Magazine en 2014, trois ans avant sa mort. Avec son coauteur Kim Henkel - 27 ans à l'époque -, Tobe Hooper - 30 ans - infuse dans le scénario toute la rage d'une Amérique amochée par le scandale du Watergate et les conflits au Vietnam - la guerre s'arrête deux ans plus tard.
Massacre à la tronçonneuse se tourne durant l’été 73. Le budget, ridicule, s’élève à 140 000 dollars. Le long métrage en rapporte plus de 30 millions. Sur le plateau, les conditions de travail chaotiques participent au ton unique du film. La température atteint les 46 degrés et l’équipe suffoque sous le soleil écrasant. Poussés à bout, les acteurs supportent les odeurs nauséabondes des animaux empaillés installés dans le décor et portent les mêmes vêtements pendant les 32 jours de tournage. Le glamour hollywoodien est encore loin.
À sa sortie, The Texas Chain Saw Massacre - le titre original du film - est un phénomène, notamment dans les ciné-parcs. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, en 1975, il est finalement interdit en France jusqu’en 1982. Seul l’éditeur René Chateau parvient à le sortir en cassette vidéo en 1979. Lorsque qu'il débarque enfin dans les salles françaises, il rassemble plus de 600 000 spectateurs.
Massacre à la tronçonneuse donne naissance à huit autres projets - suites, remakes, prequels, tout y passe. Sans surprise, aucun ne parvient à capturer l’authenticité et la folie de l’original. Pas même la relecture produite par Michael Bay en 2003 et ce, malgré sa bonne réception.
Avant-gardiste, l'œuvre de Tobe Hooper appartient à un autre Hollywood et à un terrain d’expérimentation révolu. Sa monstruosité, toujours intacte, devrait encore terrifier des générations entières.
Massacre à la tronçonneuse est disponible sur les plateformes SHADOWZ et OCS, ainsi qu'en DVD, Blu-ray et VOD.